Exposition de la collection Fatema Mernissi

Intitulée «Les femmes tisseuses au fil du temps», l'exposition de la collection privée de tapis de la sociologue Fatema Mernissi est organisée «en partenariat avec le ministère de la Culture et de la communication, la wilaya de la région Marrakech-Safi et avec l’accord de la famille Mernissi», selon le REFAM. Au cours de la conférence-débat organisée à cette occasion, plusieurs intervenants ont pu apporter des témoignages sur l’œuvre de Fatema Mernissi et sa relation avec le tapis ainsi que son apport aux artisanes dans les régions lointaines du Maroc.
La sociologue marocaine appréciait notamment le tapis de Taznakht. D’ailleurs, plusieurs artisanes tisseuses de la région sont venues spécialement pour participer à cet hommage. Safia Aminoutras, artisane et fille d’Ouhidous Touda, propriétaire d’un tapis qui a plus de 50 ans, exposé parmi d’autres au siège de Dar Maalma, a fait un exposé sur la situation économique des femmes artisanes. Safia, connue par le surnom d’«Amina», a témoigné du grand soutien de Fatema, qui a poussé les artisanes à mieux s’organiser et créer des coopératives de femmes pour ne plus rester isolées dans leurs demeures. Ces actions ont été concrétisées notamment par la création du centre de la promotion du tapis de Taznakht, inauguré par S.M. le Roi Mohammed VI le 25 décembre 2007.
Pour sa part, le psychanalyste et écrivain Farid Merini a évoqué le sens de l’analyse dans les écrits de Fatema Mernissi, et montré le lien entre artisanat, créativité et soutien à ces femmes créatives. La famille de feue Fatema Mernissi, était représentée par Saad Lahlou, neveu de la défunte. Il a parlé de la tante, la militante, la femme engagée qui mettait tout le monde à contribution. La défunte sillonnait le Maroc profond à la quête de talents à dévoiler.
Fatema Mernissi a transmis le plaisir d’apprendre, de comprendre et de partager. Elle était perfectionniste, sensible aux voix des femmes, des jeunes, des personnes marginalisées et habitant des zones reculées. Elle a longtemps plaidé pour la justice et contre les préjugés. Décédée en 2015 à l’âge de 75 ans, Fatema Mernissi dénonçait le patriarcat dans la culture musulmane. Elle a, entre autres, fondé «Les caravanes civiques» et le collectif «Femmes, familles, enfants». Elle a reçu plusieurs Prix, dont celui du Prince des Asturies (Nobel espagnol) en littérature en 2003, reçu des mains du Roi Felipe VI (alors Prince Héritier d’Espagne).