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«Il faut continuer à renforcer l’arsenal juridique et législatif et engager des actions pour éliminer les facteurs à l’origine de cette situation»

«Il faut continuer à renforcer l’arsenal juridique et législatif et engager  des actions pour éliminer les facteurs à l’origine de cette situation»

Éco-Emploi : L'OIT vient de publier un rapport dans lequel elle dénonce les inégalités entre hommes et femmes sur le marché de l'emploi, notamment en Afrique du Nord. Quelle lecture faites-vous de ce constat ?
Myriam Ezzakhrajy :
C’est un constat qui viennent confirmer des données publiées par d’autres instances et organisations nationales comme le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), le Haut Commissariat au Plan (HCP), le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Dans de nombreuses études, le HCP a souligné la faible participation des femmes dans la vie économique et les disparités entre les hommes et les femmes dans l’accès à l’emploi. En 2013, par exemple, le taux d’emploi féminin dans notre pays était de moins de 23% (contre 66,4% pour le masculin) ce qui représente moins du quart des femmes en âge de travailler. Le taux de femmes entrepreneures continue de tourner autour de 10%. Tous ces chiffres montrent que les inégalités entre les hommes et les femmes persistent, et ce, en dépit des réformes importantes engagées pour lutter contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes. Maintenant, ces chiffres sont à prendre très au sérieux, car si en dépit des efforts fournis, la situation ne s’améliore pas, cela laisse entendre qu’il faudrait probablement réévaluer les actions menées en faveur de l’égalité.

Comment évaluez-vous la situation au Maroc, sachant que l'arsenal juridique consacre la parité ?
Le Maroc a introduit sur de nombreux textes, comme le Code de la famille, le Code du travail, le Code pénal et le Code de la nationalité, des réformes qui visent à accorder aux femmes plus de droits. 
On va prendre un exemple dans le Code du travail puisque nous parlons ici de droits économiques ; l’article 9 interdit «toute distinction, exclusion ou préférence qui a pour effet de détruire ou d'altérer l'égalité de chances ou de traitement, à l’exception de celles qui sont fondées sur les qualifications exigées pour un emploi déterminé». Donc la volonté politique est bien là. N’oublions pas que ces principes d’égalité et de parité ont été clairement énoncés dans la Constitution de 2011.
La question est de savoir pourquoi les inégalités ont la vie aussi dure et tous les chiffres le confirment. Cela donne à penser que les lois seules ne sont pas suffisantes.

Quelles sont les mesures à prendre pour changer la situation ?
Il faut continuer à renforcer l’arsenal juridique et législatif bien entendu, mais il faut aussi engager des actions pour éliminer les facteurs qui se trouvent à l’origine de cette situation. 
Le CESE a publié un rapport suite à une autosaisine en 2016 dans lequel il recense ces facteurs : les effets du retard historique de la scolarisation des filles, le caractère «genré» des postes de travail, la crainte des harcèlements, la division familiale du travail et la dévolution systématique et quasi exclusive de la gestion et de la réalisation des tâches domestiques 
aux femmes, à laquelle s’ajoute l’absence de structures et d’aides à la garde des enfants. 
Il faut maintenant répondre à chacun de ces obstacles par des mesures plus contraignantes et cela pourrait être par exemple des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas le principe d’égalité tel que décrit par la loi. 
Est-il nécessaire de rappeler qu’il faut plus de femmes dans les postes de décisions aussi bien dans le public que dans le privé, car, et cela a été prouvé, la mixité est source de performance et de créativité. Nous en avons besoin pour stimuler la croissance et créer de la valeur.

Quelles sont les actions menées 
par l'AFEM dans ce sens ? 

Ce sont des actions de plaidoyer, d’information et de sensibilisation. L’Association des femmes-chefs d’entreprises du Maroc porte la parole des femmes entrepreneures au sein des différentes instances de décision pour dynamiser l’entrepreneuriat féminin et jouer ainsi notre rôle de catalyseur. À travers notre réseau d’incubateurs, Maroc Premières, nous encourageons les jeunes porteuses de projets à faire les premiers pas dans l’entrepreneuriat en leur offrant un dispositif de démarrage et d’accompagnement qui va de l’hébergement dans un de nos espaces, à l’accompagnement par des mentors et des experts sans oublier la mise en relation avec nos différents partenaires. L’AFEM déploie également un programme de formation en faveur de ses membres ainsi que des opportunités de networking aussi bien au niveau national qu’à l’international comme c’est le cas lors du SEWI (South Economic Women Initiative) notre événement annuel dont la troisième édition aura lieu à Marrakech les 2 et 3 mars prochain en présence de plusieurs femmes entrepreneures d’Afrique et d’Europe. Nous débattrons du leadership féminin à l’ère du digital. L’association agit également en amont avec des campagnes de sensibilisation et d’information dans les écoles de commerce et d’ingénieurs, dans les universités et les centres de formation pour encourager les jeunes femmes en formation à innover et à créer de la richesse. C’est pour cela que lorsque nous recevons des jeunes porteuses de projets et sélectionnons celles qui vont intégrer nos incubateurs, nous 
les appelons les Premières. 


Propos recueillis par S.Ba.

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