Taux de chômage des jeunes élevé, inadéquation formation-emploi, manque d’orientation et de qualifications… Ce sont là quelques similitudes entre le Maroc et la Belgique, notamment dans la Région wallonne, pour ce qui est des problématiques liées à l’emploi. Avec un taux de chômage des jeunes qui s’élève à 20,1%, la Belgique n’est pas loin de la moyenne de l’Union européenne qui s’est établie à 18,7% en 2016. Au Maroc, ce taux en est à 26,5% et se rapproche de celui enregistré en Wallonie (27,9%), sauf que le chômage dans cette région s’est inscrit dans une tendance baissière depuis le deuxième semestre de l’année 2013. L’autre différence réside dans l’approche solution pour l’insertion des jeunes dans la vie active : alors que le Maroc dispose de deux instances distinctes en charge l’une de la formation professionnelle et l’autre de la promotion de l’emploi (Ofppt et Anapec), la Wallonie, elle, s’appuie sur un seul organisme qui regroupe les deux compétences, à savoir l’Office wallon de la formation professionnelle et de l’emploi, dit le Forem.
Dans l’autre sens, l’Office suit de près les évolutions du monde du travail et les attentes des entreprises pour pouvoir y adapter l’offre des compétences. «L’essentiel de nos préoccupations est également la promotion des métiers techniques auprès des jeunes pour répondre au besoin fort des entreprises en ce type de profils», signale Serge Fraikin. En outre, le Forem offre aux entreprises des services de conseil et d’accompagnement et garantit leurs accès aux aides et dispositifs publics.
Serge Fraikin a, par ailleurs, pointé du doigt certaines défaillances du système éducatif totalement déconnecté de la réalité du monde du travail. «Ce qui explique en bonne partie le chômage de ces jeunes, c’est que l’enseignement et l’entreprise vivent des réalités totalement différentes. Il y a un tel gap que ces jeunes ont une véritable difficulté à accéder à l’emploi», déplore-t-il. Soulignons toutefois qu’il existe certaines filières qui préparent mieux à l’emploi, notamment les études de types techniques, les études professionnelles et l’apprentissage.Serge Fraikin a soulevé un autre problème qui, à côté du manque de formations purement compétences-métiers, plombe les chances des jeunes pour décrocher un job. «Nous avons énormément de soucis avec la question des soft skills. Les jeunes manquent souvent de ce que l’on appelle “Sbam” : sourire, bonjour, au revoir, merci».Heureusement que l’une des particularités du Forem est la prise en charge des jeunes aussitôt sortis de l’école. «Nous avons constaté une chose assez commune chez tous ces jeunes : le besoin d’une prise en charge rapide dès qu’ils se retrouvent sur le marché de l’emploi. Nous essayons d’avoir une réactivité maximale en les convoquant chez nous dans les 4 semaines qui suivent leur sortie», explique le responsable. Dès le premier entretien avec le demandeur d’emploi, des objectifs à court terme seront fixés avec l’aide d’un conseiller-référent, avec une obligation de résultat en 4 mois.L’emploi des jeunes n’est pas la seule préoccupation du Forem, les seniors ne sont pas non plus en reste. Cette frange de la population bénéficie également de plusieurs mesures favorisant son employabilité notamment à travers des incitations financières pour l’entreprise qui acceptera d’embaucher «les plus de 55». L’employeur pourra ainsi bénéficier de la réduction des cotisations patronales jusqu’à l’âge de la pension. Pour le Forem, l’enjeu est de pouvoir entretenir et développer les compétences des travailleurs âgés en synergie avec les évolutions techniques et technologiques.«Quoique l’on puisse en dire, un demandeur d’emploi est un produit sur un marché. Et c’est celui qui est bien positionné sur ce marché qui entrera en contact avec l’emploi le plus rapidement», conclut Serge Fraikin.