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La formation continue, un pari win-win

Dans un environnement économique concurrentiel, l'entreprise accorde de plus en plus de place dans sa stratégie management à la fidélisation et la valorisation de son capital humain qui se trouve au coeur de ses politiques de développement. Cette valorisation passe, notamment, par la formation continue, devenue aujourd’hui une nécessité que ce soit pour les grands groupes ou les PME/PMI. Encore faut-il réussir cette formation pour obtenir le retour en investissement souhaité.

La formation continue, un pari win-win

Le statut, la valorisation et les perspectives d’évolution sont des éléments clés pour la motivation d’un salarié. Et un collaborateur motivé est forcément, un collaborateur plus productif et engagé envers son entreprise. Aussi, la majorité des entreprises qui représentent le tissu économique national connaissent des changements importants dus, notamment, à un environnement de plus en plus concurrentiel et dominé par les nouvelles technologies. D’où une grande nécessité à accompagner ses collaborateurs pour une meilleure intégration avec les changements que vivent leurs entreprises. Pour cela, rien de mieux que de proposer des formations continues 
aux salariés.

Assurer la montée en compétences des collaborateurs
«Il est clair que la formation continue aujourd’hui n’est plus un luxe, mais une nécessité si l’on considère l’évolution rapide que connaissent les métiers, notamment avec la digitalisation, mais aussi avec l’imminente disparition de certaines fonctions. L’entreprise est tenue d’accompagner ses collaborateurs dans cette mutation en organisant des sessions de formation visant à assurer la montée en compétences de leurs équipes et leur évolution professionnelle, sachant que les compétences obsolètes constituent un risque pour la performance globale de l’entreprise. J’ai moi-même pu prendre pleine conscience de l’importance de la formation continue puisque j’en ai bénéficié tout au long de mon parcours professionnel et je peux affirmer que sans cela je n’aurais pu acquérir les compétences qui sont miennes aujourd’hui et qui m’ont permis d’évoluer. Des compétences qui, in fine, profitent également à l’entreprise qui a investi dans la formation continue et qui reçoit aujourd’hui un retour sur investissement», souligne Loubna, cadre dans une entreprise active dans le domaine industriel.
«Ce n’est plus une vaine promesse. Organiser la montée en compétences de ses collaborateurs est devenu un élément incontournable de la stratégie des entreprises. Une impérieuse nécessité, pour qui veut envisager l’avenir sereinement. Les employés veulent développer de nouvelles compétences, améliorer leur efficacité et évoluer. Pour eux, la formation continue est essentielle à leur valorisation sur le marché du travail, mais également au sein de l’entreprise. Plus important encore, soutenir et dispenser des formations continues est un signe fort de l’engagement de l’entreprise envers ses employés, et en particulier de l’attention qu’elle porte à leur l’épanouissement. Les employés prennent conscience de leur valeur dans une entreprise qui encourage leur évolution. Enfin, les opportunités de formations continues peuvent être utilisées comme facteur d’attractivité auprès des candidats, puisqu’elles constituent un avantage de taille pour les employés. Pourtant, et contrairement à d’autres avantages, la formation continue n’est pas couteuse !
Un autre point qui est à considérer, elle est un vrai ascenseur social pour les salariés dans la formation de longue durée qui a été malheureusement supprimée dans l’avenant N° 01 de juin de 2014 du manuel des procédures des GIAC», renchérit Khalil El Guermai, président de la Fédération des Groupements interprofessionnels d'aide au conseil (FedGIAC).
En effet, la formation continue est un pari win-win pour l’entreprise et le salarié. Et les managers en sont de plus en plus conscience. «Pour le salarié, je pense que la formation continue est un message de la part de l'entreprise pour lui dire : “on te fait confiance”, “on croit en toi” et “on t'accompagne par une formation pour faire évoluer tes compétences”. La formation est également un boosteur pour le collaborateur. Il y a un effet psychologique très important au niveau de la formation en continue. Au-delà du transfert de la connaissance, c'est aussi un moyen de motiver le salarié et de le fidéliser», indique Fadoua Bouaouda, responsable formation dans un grand groupe de la place. Et d’ajouter : «Concernant l’entreprise, la formation continue est une garantie de montée en compétences des collaborateurs. Il y a de nouvelles technologies qui entrent en jeu et de nouveaux défis et donc il faut absolument mettre à niveau certains profils de salariés. La formation, c'est aussi l'assurance de continuité d'un savoir-faire et un retour en investissements en termes de compétences».

Réussir sa formation
Si toutes les parties sont d’accord sur l’importance de mettre en place une stratégie managériale qui inclut la formation continue et que de plus en plus d’entreprises «sautent le pas», il reste à réussir effectivement son plan de formation. «Une formation réussie, c’est d'abord, un recueil de besoins réussi. Il faut qu'on ait le recul nécessaire pour bien comprendre ce qu'il nous faut comme formation à proposer aux salariés. 
Il faut aussi que la direction concernée soit demandeuse de formations et que le collaborateur soit motivé et conscient de l'importance de cette formation. Donc le recueil des besoins est très important», précise Fadoua Bouaouda.
L’analyse des besoins est un élément clé sur lequel insiste également Meryem Benslimane, consultante en développement des compétences et en ressources humaines : «La phase phare dans l’établissement du plan de formation est l’analyse des besoins. Concrètement, certains besoins sont issus des dysfonctionnements constatés dans l’entreprise et peuvent être soit techniques, soit comportementaux. D’autres sont issus du processus d’amélioration du travail. 
Enfin, un troisième type des besoins est à rappeler, à savoir ceux issus des demandes de salariés. 
Ces besoins partent du principe que la formation est un moyen pour motiver les salariés en leur apportant une nouvelle expérience, mais aussi un partage d’expérience en cas de formation inter-entreprises». 
La consultante note aussi l’importance d’analyser les gaps entre les compétences requises et les compétences acquises pour réaliser la performance voulue. «En suivant ce processus, il n’y aura plus d’actions urgentes de formation basées sur les catalogues reçus, et qui sont d’ailleurs dans pas mal de cas déconnectés des objectifs de l’entreprise. Autre élément à prendre en compte quand on aborde une démarche visant la détermination des besoins de formation : il ne doit surtout pas y avoir de favoritisme. En effet, le favoritisme engendre la démotivation et la frustration en entreprise et entraine par la suite une diminution de la performance et de la productivité», avertit-elle.

Externaliser ou ne pas externaliser ?
C’est justement pour éviter de tomber dans le favoritisme que certaines entreprises préfèrent faire appel à des cabinets externes pour assurer la formation de leurs collaborateurs, au lieu de l’organiser en interne. 
«Si on a la possibilité d'avoir la compétence en interne capable de former les salariés, c'est la meilleure chose pour une entreprise. Pourquoi ? Parce que le formateur a une bonne connaissance du métier, de l'entreprise et de sa culture… Par contre, ce qui est intéressant en choisissant une personne externe, c'est justement pour bénéficier de cet œil externe et profiter de son expertise. Cela permet aux collaborateurs aussi de découvrir de nouvelles façons de voir les choses», explique Fadoua Bouaouda.


Le GIAC, levier de la formation continue

Les Groupements interprofessionnels d’aide au conseil (GIAC) ont vu le jour au Maroc en 1996. Il s’agit d’associations à but non lucratif qui ont pour mission de sensibiliser les entreprises à l’importance de la formation continue. Mais ce n’est pas tout ! Le GIAC accompagne également les entreprises à mettre en place une ingénierie de formation. Il les oriente à proposer des thèmes de formations qu'il validera par la suite. Et chose plus importante, le GIAC participe au financement nécessaire dans la mise en place d’études de diagnostic stratégiques et des études d’ingénierie de formation à hauteur de 70 à 80%.
Si la mise en place des plans de formation en cours d’emploi avait la réputation de nécessiter une longue procédure administrative, le GIAC a réussi le pari de fluidifier cette procédure et de faciliter au maximum la tâche aux entreprises. «La validation d’un plan de formation ne dure plus aussi longtemps qu’avant. Grâce à l’orientation, l’accompagnement et le suivi du GIAC, il est aujourd’hui plus facile de prévoir un plan de formation selon les besoins des entreprises. 
Cet allégement de la procédure a permis de nous encourager davantage à franchir le pas et de profiter de nos droits, et ce de nos collaborateurs, à des formations continues à hauteur de nos ambitions», précise Fadoua Bouaouda, responsable formation.

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Entretien avec Khalil El Guermai, président de la Fédération des groupements interprofessionnels d'aide au conseil (FedGIAC)

«En se référant aux statistiques de l’Ofppt, il n’y a que 1.000 entreprises qui recourent aux financements des CSF»

Éco-Emploi : Est-ce que les entreprises marocaines sont conscientes de l'importance de la formation continue en entreprise ?
Khalil El Guermai :
Former ses collaborateurs est un enjeu stratégique, notamment pour les entreprises qui progressent ou font face à une croissance importante. Ce capital humain est le fruit d’investissements immatériels qui permettent d’accompagner les changements, de les encourager et d’adapter les compétences aux enjeux qui contraignent les entreprises ou leur ouvrent de nouveaux horizons. Les directions des ressources humaines l’ont bien compris, et n’hésitent pas à aller plus loin que les obligations légales en ce domaine. 
Toutefois, nous savons bien que le tissu des entreprises est composé de plus 90% des PME, cette population ne dispose généralement pas d’un service RH, il est donc nécessaire de lui simplifier le système pour avoir son adhésion.


Quel est le taux des entreprises qui organisent ce genre d’activités ?
Nous n’avons pas des statistiques précises, mais en se référant à celles de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (Ofppt), il n’y a que 1.000 entreprises à peu près qui recourent aux financements des Contrats spéciaux de formation (CSF), un chiffre bien inférieur au nombre d'entreprises actives sur le marché marocain, sans compter que bon nombre de sociétés préfèrent 
l’autofinancement.   

Comment le GIAC intervient-il dans ce genre d'initiatives et quel est son rôle exact ?
Comme, vous le savez, le GIAC est un mécanisme de financement instauré depuis 1996 et créé avec l’appui du département de la Formation professionnelle et les fédérations, et ce, dans le cadre du troisième projet de la banque mondiale pour le développement du secteur privé. Il est à préciser que tous les plans de formation déposés pour le financement par le système des CSF sont validés par le GIAC. Ce dernier a pour mission de sensibiliser les entreprises et les associations, branches professionnelles, sur le développement des compétences par le biais de la formation continue. Il est considéré comme le moteur et la dynamo, en complémentarité avec les CSF pour le développement des compétences salariales. Nous finançons les études de diagnostic stratégiques et d’ingénierie de formation à hauteur de 70 à 80%. Le GIAC finance aussi les études sectorielles qui vont servir davantage les PME dans le cadre des formations groupées inter-entreprises. Ce dispositif est en gestation.

À votre avis, est-il préférable d'externaliser la formation ou de l'organiser en interne ?
Nous pensons que les deux cas de figure sont valables, sachant que le dispositif des CSF tolère le recours à la mobilisation des compétences internes à hauteur de 30% du plan de formation. Nous pensons que ceci est valable pour les grandes entreprises, par contre les PME devront opter pour l’externalisation de la formation.

Sensibilisez-vous les entreprises à l’importance des formations continues ? Comment ?
Plusieurs actions sont entreprises à ce niveau : les séminaires, les salons, les road shows, les outils de communication, presse et média… 
Nous rappelons que dans le cadre des activités de la FedGIAC, qui regroupe en son sein les 8 GIAC sectoriels, cette dernière a organisé deux éditions sous forme de caravane en 2015 et 2017, et dont les retombées ont été positives. Aujourd’hui, la FedGIAC est membre de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et entend porter la voix de toutes les associations et fédérations sectorielles qui constituent ces huit GIAC, en matière de modernisation de l’entreprise marocaine, notamment via la formation et l’analyse stratégique. 

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