Les perspectives du marché mondial du chocolat sont favorables. Selon la Banque africaine de développement (BAD), la demande mondiale de chocolat continuera d’augmenter. Étant le plus grand producteur de cacao au monde, l’Afrique devrait naturellement profiter de cette immense manne. Or si le continent produit environ 75% du cacao mondial, il ne représente que 5% de la valeur marchande annuelle du marché du chocolat, estimée à 100 milliards de dollars. Selon la Banque Mondiale, les deux tiers de la production mondiale de cacao proviennent de Côte d’Ivoire et du Ghana. «L’Afrique ne peut s’arroger une plus grande part du marché mondial du chocolat parce qu’elle n’exporte que du cacao brut. L’Afrique est coincée au bas de la chaîne de valeur du cacao, dominée au lieu de dominer, bien qu’elle soit le premier producteur», regrette dans un communiqué Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement. Selon l’institution, en 2014, Richard Quest, célèbre journaliste de CNN, alors en visite en Côte d’Ivoire, a enquêté sur l’industrie du chocolat pour révéler ce «paradoxe surprenant» : la plupart des producteurs de cacao à qui il a parlé n’avaient jamais goûté au chocolat. «Du chocolat, les agriculteurs africains ne connaissent que le goût de la sueur ; ailleurs dans le monde, on en apprécie la saveur. Alors même que le prix du cacao ne cesse de baisser, les bénéfices des fabricants mondiaux de chocolat ne cessent de battre des records. Il est temps de transformer le cacao africain en Afrique et de mettre fin à la situation où l’Afrique se trouve au bas des chaînes de valeur mondiales», souligne Adesina. La BAD lance ainsi un appel à l’action en faveur de l’agro-industrialisation de l’Afrique, perçue comme la clé de la transformation de la chaîne de valeur du cacao. L’industrialisation est l’une des cinq priorités stratégiques de la Banque «High 5». C’est à ce titre que cette année, les Assemblées annuelles de la Banque ont pour thème «Accélérer l’industrialisation de l’Afrique». En attendant, la BAD incite les producteurs de cacao africains à s’investir dans la production du chocolat afin de concurrencer des pays comme la Belgique, la Suisse, les États-Unis et la France.