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Le gouvernement appelé à remédier aux dysfonctionnements du Ramed

Généralisé en 2012, le programme «Ramed» a pu contribuer, à hauteur de 50%, à l’accroissement de la couverture médicale obligatoire au Maroc. Toutefois, ce système présente des dysfonctionnements à plusieurs niveaux. Dans son discours adressé à la nation à l’occasion du 19e anniversaire de la Fête du Trône, le Souverain a exhorté le gouvernement à œuvrer pour combler les lacunes constatées dans les plus brefs délais. L’Exécutif peut s’inspirer de l’étude réalisée il y a quelques mois et qui avait analysé les dysfonctionnements de ce système tout en suggérant des pistes pour améliorer sa performance et garantir sa pérennité.

Le gouvernement appelé à remédier  aux dysfonctionnements du Ramed

Le programme de couverture médicale «Ramed» a certes permis d’élargir la base des bénéficiaires de la couverture médicale de base, mais souffre toujours de nombre de dysfonctionnements qui limitent son efficacité. 
Dans son Discours du Trône, prononcé le 29 juillet dernier, S.M. le Roi Mohammed VI l’a bien rappelé puisqu’Il a exhorté le gouvernement à «redresser les anomalies qui entachent l’exécution du Programme de couverture médicale, Ramed, et, parallèlement, refondre en profondeur le système national de santé, qui se caractérise par des inégalités criantes et une faible gestion». 
Le Souverain a érigé la réforme de ce régime d’assurance médicale en urgence qu’il convient de gérer dans les plus brefs délais par l’Exécutif. 
Généralisé en 2012, le Ramed avait déjà fait l’objet d’un rapport de la Cour des comptes ainsi que de multiples questions orales et écrites soumises au gouvernement par les parlementaires des deux Chambres. 

Plus récemment, c’est l’Observatoire national du développement humain (ONDH) qui lui a consacré toute une étude. L’Observatoire a apporté ainsi sa contribution aux débats autour de ce régime avec la présentation, à la mi-juillet, d’un rapport passant en revue le bilan des cinq années de généralisation. 
Une généralisation présentée d’ailleurs comme une mise à l’épreuve du système public de soins, selon le rapport de l’Observatoire, puisqu’elle a eu comme effet d’augmenter la demande de soins adressée à l’hôpital public. L’ONDH indique à cet égard que «l’offre de soins étant quasiment fixe, le déséquilibre entre la demande et l’offre est alors essentiellement résorbé par des phénomènes de pénuries, dont la gestion revient à l’hôpital». En d’autres termes, la généralisation du Ramed a mis l’hôpital en situation de fournir plus de prestations de soins, alors que ses ressources ne connaissaient pas d’augmentation significative.

Le déséquilibre entre l’offre et la demande de soins s’est traduit par une baisse de l’efficience des services rendus par l’hôpital, selon les conclusions du rapport. De la sorte, le Ramed n’a fait qu’exacerber des dysfonctionnements déjà existants avant sa généralisation. «Pourtant, les conclusions de l’évaluation de la phase pilote du Ramed effectuée par le ministère de la Santé avaient bien mis en exergue les besoins de mise à niveau de l’infrastructure hospitalière pour réussir la généralisation du dispositif», soulignent les auteurs du rapport.
La mise sous pression de l’hôpital public a eu des effets négatifs, mais pourtant prévisibles sur l’organisation des soins et sur leur qualité, selon le rapport qui affirme que cette dégradation a eu un impact direct sur l'ensemble des patients, qu’ils soient ramédistes ou non-ramédistes. Augmentation des délais d’attente causée par l’afflux massif des bénéficiaires du Ramed vers les structures publiques de soins, accroissement de la charge de travail du personnel hospitalier et utilisation intensive du matériel médical qui s'est traduite par une usure plus rapide et des pannes récurrentes de celui-ci, telles sont les principales conséquences de cette généralisation précise l’ONDH.

Malgré tous ces dysfonctionnements, le programme de couverture médicale a pu contribuer, à hauteur de 50%, à l’accroissement de la couverture médicale obligatoire au Maroc. Cette couverture a été portée, en 2017, à 53% de la population marocaine, contre seulement 33,7% 
en 2010. «Cette progression soutenue s’est accompagnée d’une réduction de presque 50% des inégalités d’accès aux soins entre les ramédistes et les assurés de l'Assurance maladie obligatoire de base (AMO)», ont précisé les experts de l’ONDH au moment de la présentation du rapport le 19 juillet dernier. 
«Cet effet sur les inégalités d’accès aux soins, très marqué en 2012, s’est progressivement atténué entre 2013 et 2015, avec une baisse des taux de consultation des ramédistes pauvres de 75 à 64,8% et de 70,2 à 60% pour les ramédistes vulnérables» ont-ils ajouté. 

Les pistes d’amélioration suggérées par l’ONDH

Plusieurs pistes sont envisageables pour améliorer la performance du Ramed et garantir sa pérennité. Les mesures proposées par l’ONDH visent la soutenabilité financière du régime, sa bonne gouvernance, la mise à niveau de l’offre de soins et l’amélioration des méthodes de ciblage des bénéficiaires. L’ONDH suggère ainsi de «stabiliser et sécuriser les ressources financières dédiées au Ramed», car la mobilisation des ressources de financement du Régime reste insuffisante et aléatoire. De plus, les crédits qui lui sont alloués ne sont pas individualisés, ce qui rend leur traçabilité et le contrôle de leur destination difficiles. Pour y remédier, il est impératif, selon l’observatoire que le législateur définisse des mécanismes pérennes de financement, qui alimenteront désormais une rubrique budgétaire propre au Ramed.

L’ONDH recommande également de «mettre en place dans les meilleurs délais un organe de gestion répondant aux principes d’un régime de couverture médicale» et de confier les ressources financières dédiées au Ramed à un organisme de gestion, de préférence déjà existant. Il suggère en outre de «mieux organiser l’offre de soins» selon une approche participative et intégrée, tenant compte des spécificités propres à chaque région. L’Observatoire préconise par ailleurs «d’améliorer les critères d’éligibilité au Ramed afin d’en garantir un accès équitable», les critères en vigueur actuellement étant dépassés, puisque conçus sur la base de données anciennes. De même, le ciblage des bénéficiaires du Ramed doit être dynamique et ses critères doivent faire l’objet d’une révision régulière. Enfin, l’ONDH recommande de «mettre en place un système d’information et de gestion sanitaire intégré performant», car il permettra l’enregistrement et la maitrise de la consommation médicale prescrite aux ramédistes aussi bien en milieu hospitalier qu’à celui des services de soins primaires et des structures d’appui.

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