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Grand-messe des acteurs de l'écosystème numérique

Casablanca a accueilli les 1er et 2 mars «FUTUR.E.S In Africa», un événement ayant pour objectif de rapprocher les écosystèmes français et africains et à soutenir l’innovation digitale. Organisée par Cap Digital et Maroc Numeric Cluster, cette édition a vu la participation de professionnels, de startups, mais également des jeunes, avec au menu des démos, des ateliers ainsi qu’une série de conférences sur les enjeux de trois secteurs en pleine transition numérique : l’éducation, la santé et les territoires.

Grand-messe des acteurs de l'écosystème numérique
«FUTUR.E.S In Africa» fait suite à la signature d’une convention de partenariat en 2016 entre la région de Casablanca-Settat et la région Île-de-France visant à développer l’innovation digitale.

Événement inédit visant à stimuler les échanges entre les écosystèmes numériques africains et français, «FUTUR.E.S In Africa» est le fruit d’une convention de partenariat en 2016 entre la région de Casablanca-Settat et la région Île-de-France visant à développer l’innovation digitale qui sera utilisée comme levier de transformation des territoires pour le bénéfice des citoyens, des entreprises et des visiteurs de la région. Dans ce contexte, un partenariat entre Maroc Numeric Cluster et Cap Digital a été mis en place en vue d’organiser cet événement à Casablanca.
Soulignant l’importance de la coopération entre les deux régions, le président de la région de Casablanca-Settat, Mustapha Bakkoury, a affirmé que «la transformation digitale revêt un intérêt capital dans notre quête de développement durable. Elle incarne l’émergence de nouvelles générations de mode de gouvernance pour fournir de meilleurs services aux citoyens». Et d’ajouter que «le passage au numérique n’est pas une fin en soi, mais un levier stratégique majeur et un catalyseur de développement inclusif ouvert sur les synergies du territoire».
Même son de cloche auprès de son homologue d'Île-de-France, Valérie Pécresse, qui a noté que «FUTUR.E.S In Africa, tout comme le réseau d’incubateurs “Sprint”, dont nous célébrons le premier anniversaire, ont pour ambition de connecter les écosystèmes d’innovation français, marocains et africains». Elle a rappelé, dans ce sens, que les besoins essentiels que le digital vient enfin satisfaire comme l’éducation, l’alimentation, la santé, la sécurité, le commerce… sont autant d’opportunités de collaboration entre nos écosystèmes d’innovation. 
Pour sa part, présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Miriem Bensalah-Chaqroun, a indiqué que «grâce à la souplesse que leur offre le numérique, les startups peuvent s’insérer plus facilement dans la chaîne de valeur de leurs donneurs d’ordres et s’adapter à une demande variable, évolutive et diversifiée. Elles peuvent également être le chaînon manquant entre le chômage et l’emploi, grâce à l’entrepreneuriat».
Démos, ateliers et conférences sur les secteurs clés de l’éducation, de la santé et des territoires, ont rythmé ces deux journées marquées par la participation d’intervenants internationaux, venus décrypter les tendances et enjeux de la transformation numérique au Maroc et en Afrique. «FUTUR.E.S In Africa» a également accueilli 32 startups exposantes (14 marocaines, 9 africaines et 9 françaises) qui ont présenté leurs projets novateurs dans ces trois secteurs. Une cérémonie de remise des prix a été organisée à cette occasion pour récompenser les projets les plus innovants :
• Le prix Projet Maroc de FUTUR E.S In Africa a été attribué à La Fondation MAScIR pour son projet «Lab On Card».
• Le prix Projet France de FUTUR E.S In Africa a été décerné à «Pay Yes» pour la solution de paiement mobile innovante
• Le prix Projet Afrique de FUTUR E.S In Africa a été attribué à «Kea Medicals» du Bénin et sa fondatrice Arielle Ahouansou.
• Le prix Inclusion panafricaine de Mazars Group a récompensé «Africa Key Partners».
• Le prix Coup de cœur de FUTUR E.S In Africa a été remis au fondateur de «Infinite Loop», Kodo Sam, du Togo avec son robot VT-BOT.
• Le prix «Sprint» des startups Green a été attribué aux 8 lauréats venus de Madagascar, Sénégal, Maroc, Tunisie, Liban, Côte d’Ivoire, Algérie et la France. Ils intégreront le réseau Sprint en 2018, qui compte aujourd’hui plus de 80 startups. n               


Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain pour la gouvernance et le management

«Si les entreprises marocaines mettent de petits budgets dans la recherche et l’innovation, c’est qu’on ne leur a pas encore proposé des pré-projets ambitieux»

Malgré tous les efforts déployés, la digitalisation du Maroc n’avance pas au rythme souhaité, notamment dans le secteur public. «Il faut programmer la transition digitale autour d’une réelle immersion dans l’ère du Big Data, de la Blockchain et de l’innovation digitale au sens large», indique Youssef Guerraoui Filali qui a co-animé récemment une conférence sur «La compétitivité digitale : comment mettre en place une filière innovante et performante» à l’ISGA Rabat. Dans cet entretien, le président du Centre marocain pour la gouvernance et le management décline quelques pistes susceptibles de favoriser un réel passage vers l’ère du digital, avec un rôle de choix pour le secteur de l'enseignement.

Éco-Emploi : La politique en matière de développement d'une économie numérique vous semble-t-elle lisible ?
Youssef Guerraoui Filali
: Malgré l’échec du Plan Maroc Numeric 2013, le Royaume a continué à afficher pleinement sa volonté pour l’émergence d’une véritable économie numérique. La défaillance se situait au niveau de l’approche, puisque ledit plan ne reflétait que la vitrine numérique de l’État avec des indicateurs mitigés, et à travers une simple consolidation des services informatiques existants, en passant par une carte de vœux des projets «Information Technologies». Par conséquent, la Stratégie digitale Maroc 2020 se veut un catalyseur du processus de digitalisation du Royaume, par le biais d’axes stratégiques ambitieux, fondés sur la coordination entre les différents intervenants de la chaîne digitale. De ce fait, le Maroc a connu une avancée technologique remarquable dans la dématérialisation des flux financiers et des services de l’administration, procurant l’accès à des centaines de télé-services diversifiés. Suivant cette tendance, le secteur bancaire marocain a connu aussi une embellie, à travers le développement des banques en ligne et des services monétaires dématérialisés.

Que faudrait-il pour la structurer autour des programmes et d'un échéancier bien définis ?
En effet, malgré les efforts déployés, la Stratégie digitale Maroc 2020 accuse du retard. Plusieurs rapports soulignent le retard du Maroc à se mettre en mouvement numérique. Nous disposons d’un potentiel très important (compétences RH, infrastructures, zones offshore…), mais le changement de paradigme n’est toujours pas d’actualité. Il faut programmer la transition digitale autour d’une réelle immersion dans l’ère du Big Data, de la Blockchain, et l’innovation digitale au sens large. Bien évidemment, l’établissement d’un calendrier sous forme d’un plan digital triennal est indispensable pour rattraper le retard de la transformation numérique du Royaume, sachant qu’il ne reste que 3 ans avant de pouvoir procéder à l’évaluation des actions entreprises. À titre d’exemple, si on compare l’objectif de mise en ligne de 50% des démarches administratives avec ce qui a été réalisé, seulement 10% de l’ensemble des démarches administratives récurrentes ont été dématérialisés. Donc, on est loin de réduire la fraction numérique de moitié, et il va falloir accélérer le processus digital pour s’inscrire davantage dans les ambitions stratégiques du Royaume. La transformation digitale nécessite une réaction plus rapide que les utilisateurs, en anticipant les besoins et dans une optique d’industrialisation des prestations, si l’on souhaite s’inscrire véritablement sur des niveaux de qualité de services élevés.

Quel serait le rôle du système éducatif et de l'enseignement supérieur dans la structuration d'un futur cluster numérique ?
Le développement d’un écosystème digital est la condition sine qua non pour que le Maroc puisse mettre une place une filière numérique performante et innovante. En effet, le cluster est un pôle de compétitivité par excellence associant des donneurs d’ordres (État, institutionnels, entreprises de référence…) à des chercheurs et universitaires. L’objectif est de mettre sur les rails des startups à idées innovatrices, 
et qui participeront aussi au processus de déploiement des services digitaux, aussi bien dans le secteur public que privé.   
Le rapprochement entre le monde universitaire et les établissements d’enseignement supérieur à branches informatiques ou digitales est très porteur pour une réelle entrée dans l’ère du digital. 
À titre d’exemple, l’encadrement des étudiants en projets de fin d’études peut aboutir à l’émergence de solutions «Software» vedettes, exploitables pour toute entité juridique, qu’elle soit institutionnelle ou de droit privé.
Au-delà de la technicité informatique, la structuration de ces projets autour d’acteurs et de procédures dématérialisées nécessite une touche managériale qui doit être menée par l’encadrant professionnel de l’étudiant. Il ne faut pas oublier aussi le rôle important des ateliers de travail et des conférences-débats, ce genre de manifestation permet de confronter des étudiants-chercheurs à des praticiens, dans une logique «Win-Win» et «B to B». La récente manifestation qu’on a tenue dans ce sens, au siège de l’ISGA Rabat, en est un simple exemple.

Comment convaincre les entreprises d'investir plus et de développer des programmes en commun avec l'enseignement supérieur ?
Sincèrement, l’effort du secteur privé dans le processus de digitalisation se consolide de plus en plus. Selon l’étude «Digital Trends Morocco», les entreprises marocaines sont massivement présentes sur les réseaux sociaux et professionnels, et 60% d’entre elles possèdent des sites et des portails mobiles. De ce fait, elles investissent de plus en plus dans le progrès technologique, et recrutent de manière progressive des ressources dédiées aux services digitaux (Webmarketeurs, Webmasters, Vendeurs Digitaux V2.0, etc.). Par rapport au système d’enseignement supérieur, il me semble que l’effort doit être déployé par les universités et les écoles supérieures œuvrant en la matière. 
Si les entreprises marocaines mettent de petits budgets dans la recherche et l’innovation, c’est qu’on ne leur a pas encore proposé des pré-projets ambitieux. Plusieurs pistes sont profitables pour l’entreprise, que ça soit du Social Selling, de l’In-Bound, du Social Listening ou de l’E-Reputation. Il n’y a pas d’entreprise qui ne cherche pas à maximiser ses ventes ou améliorer la notoriété de sa marque. Cela peut se faire à travers des forums, des concours ou des appels à projets. Bien évidemment, l’entreprise marocaine est amenée aussi à s’y intéresser, en faisant de la bonne prospection et afin de capter les idées les plus innovatrices. Rien n’empêche que l’initiative vienne de la part de l’entreprise marocaine ! 

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