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Saïd Hasbane mate définitivement l'opposition !

Saïd Hasbane a remporté l’une de ses plus grandes victoires face à ses détracteurs, vendredi dernier, à l’occasion de l’assemblée générale ordinaire du club, lorsqu’il a réussi à faire adopter les rapports moral et financier, et à reporter l’assemblée générale extraordinaire. Les adhérents, dont la majeure partie était coupable d’un silence complice, ont appelé à l’intervention de toutes sortes de parties : la FRMF, le parquet, les autorités et même le public, avouant tacitement leur incapacité (ou refus) à déloger le président. La crise devrait désormais déteindre sur le volet sportif, d'autant plus que la relation entre le staff, les joueurs et le président est des plus tendues.

Saïd Hasbane mate définitivement l'opposition !
Ph. Seddik

Au lieu de déloger un président décrié par la quasi-totalité des composantes du club, les adhérents du Raja de Casablanca ont donné un nouveau souffle au mandat de Saïd Hasbane et l’auraient même conforté dans son poste en adoptant les rapports moral et financier. Vendredi dernier, dans la salle d’un club de sport à Aïn Diab, les assises du RCA n’ont fait que consacrer le chaos dans lequel se morfond cette «locomotive du football national». Ayant débarqué avec deux heures de retard, Saïd Hasbane s’est présenté avec un bureau dirigeant constitué… d’un responsable communication et d’un vice-secrétaire général ! Le président le plus conspué de l’histoire du club a ensuite usé de tous les moyens pour faire adopter le rapport moral, puis financier, malgré 3 réserves formulées par l’auditeur.
Pour savourer ce succès bien comme il se doit, le président du RCA s’est permis le luxe de «lever l’audience» à la suite d’une querelle avec l’ancien président Mohamed Boudrika, qui a ouvertement traité Hasbane de menteur. Résultat : l’AG extraordinaire vole en éclat et les adhérents commencent à crier au scandale et à la mise en scène. Ces mêmes adhérents qui, quelques instants auparavant, se sont abstenus de discuter les deux rapports lorsque l’occasion leur était donnée. Pas un seul affilié n’a osé contredire les chiffres affichés par le rapport financier, bien que plusieurs d’entre eux se disaient révoltés par la «dette gonflée» avant l’entame des travaux de l’AG. Le représentant de la Fédération Royale marocaine de football est venu ensuite officialiser le report de l’assemblée extraordinaire, en «l’absence de candidatures à la présidence, puisque celles déposées n’ont pas respecté le délai de 20 jours. Une AG extraordinaire devrait être annoncée dans les quelques jours qui viennent», a-t-il assuré pour conclure les travaux de l’AG.

Une «créance injustifiée de 11 milliards» passée inaperçue !

Le rapport financier du Raja, publié dimanche 7 janvier sur le site officiel du club, fait état de 25 milliards de centimes de dettes. Après les chiffres de 16 milliards et 21 milliards de centimes de dettes, le rapport financier présenté vendredi avance le chiffre de 252.977.254 DH plus exactement, à la date du 30 juin 2017. Les montants devant être versés aux joueurs (soldes de contrats de joueurs) y sont estimés à 109.955.500 DH, les fournisseurs 16.340.678 DH, les frais du personnel 9.060.780 DH, les organismes sociaux (notamment la CNSS) 2.047.516 DH, les «autres créditeurs» 12.071.125 DH, les provisions pour litiges et risque fiscal 84.937.448 DH et un «solde découverts de banque» de 8.564.206 DH. Lors de sa lecture des chiffres du club, l’auditeur a relevé trois réserves, dont la plus frappante était une «créance de 11 milliards injustifiée» pour laquelle personne n’a demandé d'explications lorsque les deux rapports devaient être discutés.
Comme lors de l’entame de la saison, l’ancien président des Verts, Mohamed Boudrika, a encore remis en cause les chiffres présentés par Saïd Hasbane, assurant que l’actuel président avait comptabilisé des échéances à venir et des sommes concernant les impôts que «tous les clubs de la Botola ne payent toujours pas». Plus encore, Boudrika assure que l’auditeur de ces comptes, qui a fait la lecture du rapport lors de l’AG, a été «amené par Hasbane et non par l’assemblée générale, ce qui est illégal». Quelques jours avant l’AG, l’ancien joueur et coach du Raja M’hamed Fakhir s’exprimait sur le plateau d’une télé marocaine et anticipait le scénario de vendredi : «Le Raja est malade !… Je ne crois pas qu’il y aura du changement vendredi… à la dernière minute, le président va sortir une “fatwa”, un peu comme ces magiciens qui font jaillir un lapin de leur chapeau !» En plein dans le mille ! 


Hasbane pose un lapin à Garrido et aux joueurs
Au lendemain de l’assemblée générale, le président devait rencontrer les joueurs et le coach espagnol Juan Garrido pour discuter des impayés (salaires, primes de rendement, primes de signature…). Fidèle à son habitude, Saïd Hasbane aurait encore «fugué», selon plusieurs sources, laissant l’entraîneur et les joueurs en pleine incertitude. Certains éléments de l’équipe auraient même menacé d’imiter Issam Erraki et quitter le club, au cas où la situation venait à perdurer.


Hasbane a-t-il définitivement muselé l’opposition ?

En ayant tenu son assemblée générale ordinaire dimanche, le président Saïd Hasbane pourrait annoncer une nouvelle date pour l’AG extraordinaire avec une liste d’adhérents écourtée. En effet, et après avoir radié 14 adhérents, Hasbane pourrait encore réduire la liste de ses opposants en refusant leurs adhésions pour l’exercice 2017-2018. Si l’on prend en considération qu’ils n’étaient qu’une vingtaine à s’être opposés au rapport financier, cette nouvelle vague de radiation pourrait complètement effacer l’opposition. 


Déclaration

Ali Hamdy, candidat à la présidence du Raja

«Cette assemblée est une marque de déshonneur dans l’histoire du Raja»

«Le président a tout fait pour fuir ces assises avant la tenue de l’assemblée générale extraordinaire. Il a finalement réussi à trouver un alibi et à suspendre l’élection d’un nouveau président. Nous avons essayé de faire ce qui est en notre possible en tant qu’adhérents, la balle est maintenant dans le camp du public qui doit aussi faire pression. Même le représentant de la fédération s’est retiré après le départ de Hasbane. Si ce dernier veut poursuivre sa mission en tant que président, il doit d’abord avoir le courage de le dire. L’on sait qu’il a un problème avec les joueurs, puisqu’il a remis des chèques à certains éléments pour leur garantir leur paiement. Toutefois, ce procédé est illégal, c’est un délit et je crois que le parquet devrait intervenir et se saisir de cette affaire. Le rapport financier, vous l’avez vu, a été adopté dans des conditions plus que douteuses, et ce malgré les nombreuses interventions des adhérents réticents… Je suis toujours candidat à la présidence du club et je tiens à contribuer au changement dans le Raja, mais à ce rythme, le président ne devrait annoncer une assemblée générale qu’en 2028 !»


De la grandeur à la décadence

L’assemblée générale du Raja de Casablanca, tenue vendredi 12 janvier, résume parfaitement l'état de décadence dans lequel sombre les Verts. Ce club, qui possède peut-être les supporters les plus attachants du Royaume, traverse aujourd’hui une crise qui peut lui être fatale. Entre une dette abyssale qui s'élève 25 milliards de centimes, selon le rapport financier, et un président qui s’accroche à son poste, mais est incapable de résoudre les problèmes financiers du club, et des joueurs réclamant leurs salaires et primes de signature, c’est toute une institution qui menace de s’effondrer à tout moment sous les yeux des pouvoirs publics qui se contentent du rôle de spectateur.

Depuis la finale perdue de la Coupe du monde des clubs en 2013, le Raja va de mal en pis en raison d’une situation économique catastrophique. Le club dirigé à l’époque par Mohamed Boudrika est vite passé d’un excédent budgétaire en raison des revenus de la Coupe du monde des clubs et de la vente des joueurs-cadres à une situation de déficit abyssale. D’après le successeur de Boudrika, Saïd Hasbane, l’ardoise que son prédécesseur avait laissée s’élevait à 21 milliards de centimes. Des chiffres que Boudrika avait bien évidemment contestés. Le hic c’est que Hasbane n’a pu rien faire pour sortir le club de la crise. Il a même aggravé sa situation. Du coup, le club traîne une dette de 25 milliards de centimes, d’après le rapport moral présenté aux adhérents vendredi dernier lors de l’AGO du club. Non seulement Hasbane a été incapable de réduire la dette, mais celle-ci s’est aggravée sous son règne. Le commissaire aux comptes a annoncé lors de l’adoption par les adhérents du rapport financier qu’il existait une créance injustifiée de 11 milliards de centimes. Et pourtant, aucun adhérent n'est intervenu pour demander des explications. Les adhérents des Verts, ou une grande partie d'entre eux, ne sont que de simples figurants incapables de changer la situation. Ils passent leur journée à s'exprimer sur les réseaux sociaux, mais sont incapables d'agir. En plus de la dette, les joueurs réclament leurs salaires et primes de signature. Ils ont observé plusieurs grèves. Face à ce spectacle désolant que nous présente le Raja, on observe le mutisme des pouvoirs publics qui se contentent actuellement de suivre de loin les événements, alors que le Raja risque tout bêtement de disparaître si la FRMF venait à appliquer strictement les directives du fair-play financier qu’elle est en train de mettre en place. 

Abderrahman Ichi

 

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