Le Matin : Après huit éditions du «Marrakech du rire», comment voyez-vous l’évolution du festival ?
Karim Debbouze : Le festival évolue d’année en année. Nous avons fait un record d’audience historique l’année dernière avec M6 avec 4 millions de téléspectateurs, devant TF1. c’est juste incroyable, le «Marrakech du rire» est devenu un incontournable des festivals d’humour dans le monde, il est le premier festival d’humour francophone ! On compte entre 70.000 et 90.000 festivaliers chaque année. C’est devenu un passage obligé pour les humoristes en herbe. Nous voulons être un pont entre les cultures, c’est ce qui nous a valu d’être parrainés depuis l’année dernière par l’Organisation internationale de la francophonie et sa secrétaire générale Michaëlle Jean. On est très content de l’évolution et on espère que ça continuera !
Comment faites-vous pour proposer une valeur ajoutée à chaque édition ?
J’ai la chance d’être entouré de bonnes équipes qui sont une force de proposition, nous sommes constamment en réflexion sur ce qui pourrait être novateur, nous faisons très attention à ce que les éditions soient différentes chaque année et on y arrive plutôt bien. Et croyez-moi, ce n’est pas évident ! Le «Gala Afrika» lancé l’année dernière fait partie de cette valeur ajoutée.
Sur quels critères choisissez-vous les humoristes ?
Nous avons une programmatrice et une équipe d’auteurs qui sont très à cheval sur la sélection des artistes,
Jamel fait partie de cette cellule de réflexion et il est très intransigeant sur la sélection artistique ! Le critère est très simple, il faut être drôle !
Le festival encourage la formation de jeunes talents. Est-ce qu’on peut dire qu’on a une bonne relève ?
Je trouve formidable le travail qu’effectue Oscar Sisto autour de la «Master Class du Rire» depuis 6 ans. Il montre à ces jeunes que c’est possible de faire de l’humour, de la comédie, du théâtre un métier à l'instar de Saad Mabrouk Lechild qui est passé de participant à assistant-metteur en scène. Nous poussons aussi les jeunes artistes féminines à s’exprimer, 4 jeunes artistes féminines de 2017 étaient présentes en 2018. L’humour n’est pas réservé aux hommes ! Les scènes de l’humour française et marocaine n’ont jamais été aussi bouillonnantes, nous vous l’avions montré au Jamel Comédy Club. Akim Omiri et Amou Tati qui se sont produits à l’Institut français en sont la preuve.
Quel est le spectacle le plus demandé par le public marocain ?
Le Gala de Jamel et ses amis affiche chaque année complet, le succès d’Eko est tel que chaque année on se demande si nous ne devrions pas ouvrir une deuxième séance ! Djal et Éric Antoine affichent de très jolis remplissages au Théâtre royal et c’est bien mérité.
Est-ce qu’il y a des noms que vous aimeriez inviter au MDR ?
Tous ceux qu’on a sollicités ont répondu présents, les plus grandes stars de l’humour marocaines et françaises sont passées au «Marrakech du rire» ! Florence Foresti, Gad Elmaleh, Hassan El Fad, Eko, Kad Merad, Omar Sy … Zinedine Zidane ! Il y a quelques absents, comme Muriel Robin, Jean Dujardin ou encore Dany Boon, qu’on aimerait voir un jour à Marrakech, pourquoi pas pour les 10 ans !
Que représente le Festival pour la ville de Marrakech sur le plan social ?
Nous employons près de 700 personnes tous secteurs d’activité confondus sur plus de quinze jours. Nombreux sont les Casaouis et les Français qui viennent à Marrakech pour le Festival. Plus de 200 journalistes se pressent au Festival… c’est autant de retombées pour la ville de Marrakech ! Sans oublier les 70 millions de personnes qui regardent le spectacle à travers ses multidiffusions dans le monde.
Le «Marrakech du rire» s’est retrouvé plusieurs fois en treding topic sur les réseaux sociaux mondiaux ! Et puis il y a cet autre côté du «Marrakech du rire» que l’on connaît moins, celui du vivre ensemble et du caritatif. Nous soutenons l’initiative «Libre Ensemble» de l’Organisation internationale de la francophonie contre les obscurantismes. Ensuite, nous invitons beaucoup d’associations à venir voir des spectacles ou des projections de cinéma. Plus de 700 enfants défavorisés ont assisté à la projection des «Indestructibles 2» cette année. Nous soutenons la fondation Noujoum avec la vente de bracelets, certains artistes se rendent dans les hôpitaux pour rendre visite aux enfants, comme Éric Antoine cette année. Le «Marrakech du rire» a un engagement citoyen fort.
Est-ce que c’est facile d’attirer le public pour le «Marrakech du rire» ?
Les galas sont des rendez-vous incontournables, leur diffusion télévisuelle a mis un coup de projecteur sur eux ce qui alimente leur notoriété et leur remplissage. Mais le «Marrakech du rire» ce n’est pas que les galas, le «Marrakech du rire» c’est un Festival avec des salles de 400, 1.000 et 4.000 places, ce sont toutes des jauges importantes. Je pense que nous pouvons gagner encore en visibilité sur les jeunes talents de l’Institut français et sur le Théâtre royal.