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La justice de l'UE donne un argument aux anti-Brexit, semaine décisive pour May

La justice européenne a estimé lundi que Londres pouvait tout simplement renoncer au Brexit, au moment où Theresa May entamait une semaine de la dernière chance pour tenter de sauver l'accord de sortie conclu avec Bruxelles et son avenir au 10 Downing Street.

La justice de l'UE donne un argument aux anti-Brexit, semaine décisive pour May

À la veille du vote des députés britanniques sur ce «traité de retrait» de l'Union européenne, la Cour de justice de l'UE (CJUE) – saisie par les élus écossais – a estimé lundi que le Royaume-Uni pouvait décider seul de renoncer à quitter le bloc européen, sans demander l'avis des autres pays. «Nous ne voulons pas rester dans l'UE», a immédiatement réagi Michael Gove, influent ministre pro-Brexit de l'Environnement, sur la BBC Radio 4. «Cela ne change rien au résultat du référendum (de juin 2016 en faveur du Brexit) ou à l'intention clairement affichée par ce gouvernement de partir».

Cet arrêt, qui apporte de l'eau au moulin des Britanniques opposés au Brexit, tombe mal pour Theresa May, qui risque fort de voir l'accord âprement négocié avec Bruxelles durant 17 mois être recalé au Parlement mardi soir. Le texte déçoit aussi bien les europhiles, espérant encore pouvoir faire marche arrière, que les plus ardents «Brexiters», qui redoutent une forme d'amarrage permanent à l'UE, en raison de l'alignement sur les règles européennes qui serait mis en place en Irlande du Nord si Bruxelles et Londres ne parviennent pas à s'entendre sur leur future relation.
Après trois premiers jours de débats devant la Chambre des communes la semaine dernière, le gouvernement conservateur doit déployer d'ultimes efforts aujourd'hui et demain pour tenter de convaincre les députés du bien-fondé du compromis, mais les chances d'y parvenir semblent bien minces. Au point que les spéculations allaient bon train lundi dans la presse sur la possibilité de reporter le vote, comme plusieurs ministres auraient exhorté Mme May à le faire. Mais Michael Gove comme le ministre du Brexit, Stephen Barclay, ont balayé cette hypothèse.

Un rejet du texte pourrait exposer Theresa May à une motion de censure, et in fine à de nouvelles élections législatives. Dimanche encore, des responsables de tous bords ont appelé l'exécutif à revoir sa copie et à relancer les négociations avec Bruxelles, où se rendra la dirigeante britannique en fin de semaine pour un sommet européen. À moins d'un changement, «nous sommes déterminés à voter contre», a d'ores et déjà prévenu Nigel Dodds, député du petit parti nord-irlandais DUP, dont le soutien est indispensable aux conservateurs pour atteindre la majorité absolue. Mais une réouverture des négociations n'est pas sans risque et pourrait raviver les revendications d'autres pays européens, a mis en garde M. Gove. «Il y a un risque que nous ne puissions pas obtenir tout ce que nous souhaitons». Boris Johnson, rival de Theresa May et ex-ministre des Affaires étrangères, a proposé de mettre en balance une partie de la facture de divorce dont devra s'acquitter le Royaume-Uni en quittant l'UE, évaluée entre 40 et 45 milliards d'euros, comme levier dans de nouvelles négociations. Une éventualité exclue par Mme May qui a mis en garde contre les conséquences que pourrait avoir un rejet du traité. «Cela signifierait», a-t-elle déclaré dans le Mail on Sunday, «une grave incertitude pour le pays, avec un risque très réel de ne pas avoir de Brexit, ou de quitter l'Union européenne sans accord».
Ce maintien dans le club européen pourrait découler d'un nouveau référendum sur l'UE, une hypothèse exclue à ce stade par le gouvernement, mais qui gagne du terrain au Royaume-Uni, et qu'un rejet de l'accord pourrait pousser un peu plus. S'adressant plus particulièrement aux parlementaires conservateurs prêts à enterrer le traité, la Première ministre a également agité la menace de nouvelles législatives, et d'une éventuelle victoire de Jeremy Corbyn, le chef du Labour, principal parti d'opposition. Les travaillistes sont «prêts» à former un gouvernement, a assuré dimanche un responsable travailliste, le député Jon Trickett, sur Sky News. «Cela pourrait se produire dès mercredi matin, afin de commencer à relancer les négociations» avec Bruxelles, a-t-il dit. 

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