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«L’adhésion du Maroc à la Cédéao et la question migratoire seront au cœur de la 11e édition des MeDays»

Les travaux de la 11e édition du Forum MeDays, organisé par l’Institut Amadeus, démarrent mercredi prochain à Tanger. Au menu de cette édition figurent des problématiques d’actualité telles que l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), la migration ou la question phare relative au modèle de développement. Le président fondateur de l’Institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri, dévoile pour «Le Matin» les moments forts de cet événement qui sera marqué, comme à l’accoutumée, par la participation d’éminents invités.

«L’adhésion du Maroc à la Cédéao et la question migratoire seront au cœur de la 11e édition des MeDays»
Brahim Fassi Fihri. Ph. Saouri

Le Matin : Les MeDays, organisés annuellement pour l’Institut Amadeus, en sont à leur onzième édition. Peut-on dire que ce rendez-vous est arrivé à maturité ?
Brahim Fassi Fihri
: Je pense qu’aujourd’hui, après dix éditions et à quelques jours de la 11e édition, on peut admettre en toute logique que le Forum MeDays est définitivement installé dans l’agenda africain et international des grandes conférences. C’est désormais un rendez-vous incontournable qui rassemble, d’année en année, des décideurs politiques et économiques de très haut niveau. Chaque année, nous sommes fiers de recevoir autant de personnalités qui viennent du monde entier. L’année dernière, plus de 70 pays étaient représentés. Inchallah, la semaine prochaine, pour la 11e édition, on sera dans ce même ordre de grandeur.

Qu’est-ce qui vous permet de dire que c’est un événement qui a sa place dans l’agenda africain et mondial ?
De nombreux observateurs, notamment sur le continent africain, quand je me déplace en Afrique subsaharienne, disent que ce forum est le Davos du Sud ou la Davos africain. C’est un motif de fierté et c’est extrêmement encourageant d’entendre cela. Cela démontre que lorsque nous avons créé les MeDays en 2008 avec cet objectif de promouvoir une plateforme d’échange Sud-Sud, le pari était gagnant. Aujourd'hui, l’objectif a été atteint.

«À l’ère de la disruption : bâtir de nouveaux paradigmes». C’est la thématique générale choisie pour cette 11e édition. Pourriez-vous nous la décrypter ?
L’actualité est là pour le démontrer. Nous sommes dans un contexte complètement disruptif. Nous sommes au lendemain de l’élection d’un Président d’extrême droite au Brésil, il y a eu auparavant l’élection du Président Trump, du Président Macron… Notons aussi l’émergence de courants et d’idéologies d’extrême gauche ou d’extrême droite. De même, en Europe, nous sommes dans un mouvement totalement disruptif. Or la disruption a un caractère négatif, comme elle peut en avoir un autre positif. 

Quelles seront les principales questions qui seront débattues lors de ce rendez-vous ?
Nous allons pouvoir, à travers les débats de quatre jours des MeDays, examiner des thématiques et aborder, comme à l’accoutumée, des sujets prioritaires sur le plan international et régional. Cette année, nous avons voulu accorder une place importante à l’adhésion du Maroc à la Cédéao. Comme vous le savez, l’Institut Amadeus, depuis le début de l’année, a initié une série d’événements liés à cette demande d’adhésion à la Communauté des États de l'Afrique de l’Ouest. Je crois qu’il est essentiel de continuer à débattre et d’échanger autour de cette thématique, puisque nous sommes inscrits dans cette dynamique d’adhésion. Il est important de pouvoir échanger avec nos partenaires ouest-africains à propos des conditions optimales de convergence à la fois du Maroc vers la Cédéao, mais aussi de cette organisation vers le Maroc.

Mis à part cette importante thématique, est-ce qu’il y aura d’autres moments phares lors de cette édition ?
J’ai parlé de la Cédéao, mais cette année nous allons accorder également une place centrale à la thématique de la migration. Comme vous le savez, le Maroc va organiser au cours du mois de décembre le Sommet mondial de la migration qui verra la signature du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Ce sera aussi l’occasion, dans un contexte politique lourd, de discuter de cette thématique. Nous avons aussi vu, au cours de ces dernières semaines, que des incidents malheureux se sont multipliés. Ce sera l’occasion de débattre avec nos partenaires européens, mais également avec nos partenaires africains de l’ensemble des questions posées par cette problématique migratoire, et ce pour essayer de sortir du carcan et du prisme purement sécuritaire. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, l’a répété à plusieurs reprises, le Maroc n’a pas vocation à être le gendarme de l’Europe. Le Maroc, à travers la vision de S.M. le Roi, a une politique migratoire souveraine et il tient à cette politique migratoire. Il est donc utile de pouvoir échanger avec nos partenaires européens et africains autour de l’ensemble des questions qui touchent à cette problématique. Parce que la résolution de ce problème ne peut pas se faire uniquement à partir du prisme sécuritaire. Elle doit être multidimensionnelle, comme le préconise la vision de S.M. le Roi.

Est-ce que cela va permettre par exemple aux pays africains de préparer une vision commune à la veille du Sommet mondial sur la migration qui va avoir lieu à Marrakech en décembre prochain ?
Le Maroc est un acteur principal sur la question des flux migratoires, puisqu’il est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination. Et c’est l’un des seuls pays à avoir cette triple caractéristique. Je crois qu’il est essentiel de pouvoir débattre dans un contexte difficile, mais qui est également d’urgence, pour faire en sorte que l’Afrique ait une position commune. S.M. le Roi a été nommé par l’Union africaine en tant que champion de la migration. Donc, le Maroc, au-delà de ce rôle qu’il joue actuellement à travers cette triple caractéristique, est un acteur central de la question. Il est essentiel d’avoir une vision commune sur le plan continental, mais aussi de démontrer à nos partenaires européens qu’ils doivent aussi avoir les moyens de leurs ambitions et sortir du prisme purement sécuritaire.

Quelles seront les têtes d’affiche de cette onzième édition ?
Nous avons eu la chance au cours de ces dernières années de recevoir d’innombrables personnalités de premier plan. Cette année également, nous allons recevoir des personnalités importantes, tant sur le plan continental que régional et international. Nous allons accueillir le Président de la République du Burkina-Faso. Ce pays est confronté à une crise sécuritaire liée à l’ensemble des mouvements jihadistes et leur descente du Mali vers le Burkina-Faso. Les questions du terrorisme et la coopération en matière de lutte antiterroriste sont également centrales dans nos débats. Nous allons aussi recevoir plus d’une trentaine de hauts responsables, des ministres membres de la communauté de la Cédéao ainsi que d’autres pays. Car le Forum MeDays est ouvert sur l’ensemble du continent. Nous allons avoir des représentants ministériels de pays comme le Rwanda, la Tanzanie, la Somalie et bien d’autres pays africains. Il y aura aussi de hauts responsables et des personnalités européens qui vont nourrir le débat du forum et échanger autour des thématiques prioritaires. 

Au cours des précédentes éditions, on a constaté qu’il y a une prédominance des thématiques d’ampleur internationale. À part la problématique de la migration, est-ce qu’il y a au menu de cette 11e édition des questions d’ordre national qui seront abordées ?
Oui. Cette année, nous avons voulu ajouter une session importante au programme, suite notamment à l’annonce par S.M. le Roi de la création d’une commission ad hoc qui se penchera sur le nouveau modèle de développement. Un point programmé pour nous questionner et nous interroger autour de ce nouveau modèle de développement de notre pays. Cela va avoir lieu en présence d’un certain nombre d’experts, mais également de responsables politiques nationaux. Car le but d’Amadeus est également de traiter des problématiques purement maroco-marocaines. Je pense qu’il est essentiel de pouvoir profiter de ce contexte qu’offrent les MeDays pour aborder des questions nationales et nous le ferons à travers cette thématique.

Le forum des MeDays se tient depuis plus de dix ans. Quel en est le bilan aujourd’hui ?
Nous pouvons revendiquer l’existence d’une plateforme crédible pérenne et bien installée dans l’agenda africain des grandes conférences. Une conférence qui est utile à la fois pour le Maroc, pour le continent et pour la coopération Sud-Sud. C’est une conférence qui a fait émerger bon nombre de propositions et qui a été à l’origine d’un certain nombre de rapprochements, notamment du Maroc avec plusieurs pays de l’Afrique de l’Est ou de l’Afrique anglo-saxonne. MeDays est une courroie de transmission et une plateforme qui permet d’aborder, dans un contexte non officiel, un certain nombre de thématiques qui sont dans l’agenda international. On peut donc être fier de ce rôle joué par les MeDays, puisque c’est devenu un rendez-vous incontournable. Arriver à organiser 11 éditions n’est pas une tâche simple. On peut être fier du travail accompli. Nous avons pu contribuer par le passé à un certain nombre de thématiques et problématiques et nous pouvons encore le faire. La première phase des 10 ans est passée et je suis extrêmement optimiste pour l’avenir. On peut dire que MeDays restera un rendez-vous incontournable et attendu. 

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