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L’avenir et l’indépendance des think tanks africains en débat à Rabat

L’OCP Policy Center et l’Université de Pennsylvanie ont organisé, trois jours durant, la deuxième édition du Sommet des think tanks africains. Cet événement, qui a rassemblé les représentants de nombreux centres de réflexion africains, a été marqué par des débats de haute de facture portant notamment sur les défis que ces derniers sont appelés à relever.

L’avenir et l’indépendance des think tanks  africains en débat à Rabat
L'avenir de beaucoup de think tanks africains est incertain.

«Approfondir l'expertise et renforcer la durabilité». C’est autour de ce thème que se tiennent, depuis mercredi dernier, les travaux de la deuxième édition du «Sommet des think tanks africains» qui devrait prendre fin aujourd’hui avec une table ronde de clôture autour de la thématique «Comment rendre les think tanks de l'Afrique plus aptes à l'avenir avec des stratégies de réforme, d’innovation et d'adaptation». Cet événement, qui a réuni de nombreux directeurs et fondateurs de centres de réflexion en Afrique et ailleurs, a offert un espace d’échange organisé par l’OCP Policy Center et l’Université de Pennsylvanie, qui mène des recherches sur le rôle des instituts de réflexion et dresse le classement mondial des think tanks, en partenariat avec l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) et bien d’autres structures qui accordent de l’intérêt à la réflexion prospective.

Lors de la séance d’ouverture du «Sommet des think tanks africains», Karim El Aynaoui, directeur général de l’OCP Policy Center, a insisté sur le rôle joué par les think tanks africains dans les relations du continent avec le reste du monde. Dans le même sens, l’ambassadeur Mohamed Methqal, directeur de l'AMCI, a souligné l’importance de l’action pour le développement durable de l’Afrique et notamment le développement de ses centres de recherche et de réflexion. Il a mis l'accent, à cette occasion, sur la vision de S.M. le Roi pour la coopération Sud-Sud. Il a rappelé que les actions de l’AMCI bénéficient à hauteur de 80% au continent africain. L’ambassadeur a énuméré les différents projets entrepris dans ce sens (une trentaine de projets, la formation de 20.000 étudiants africains, des projets dans 12 pays…). Il a aussi saisi cette occasion pour mettre en avant toutes les potentialités que présente le continent africain en général, en s’attardant sur les défis auxquels elle doit faire face, des défis relatifs à l’évolution démographique, technologique et aussi au changement climatique.
L’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, qui a marqué par sa présence et son intervention la séance inaugurale de ce Commet, s’est attardé sur le sujet de l’intégration régionale de l’Afrique. Dans ce sens, il a beaucoup insisté sur la place des think tanks africains, tout en rappelant les menaces qui pèsent sur ces centres et l’enjeu de leur indépendance. Il a évoqué, à cet égard, des données datant de 2014 prédisant la faillite, dans 5 à 7 ans, de 30% des think tanks africains. Aussi, selon les mêmes données qu’il a citées, 60% restent également vulnérables, avec tout ce que cela suppose comme effet sur la fuite des cerveaux animant ces centres. L’ancien président nigérian a également alerté quant au problème du financement de ces entités. Pour lui, le financement interne est distribué de manière déséquilibrée, ce qui pousse ces centres à recourir au financement externe. «Il est temps que l’Afrique réalise que les think tanks sont indispensables pour le développement du continent… Les centres de réflexion doivent chercher des contrats à long terme, notamment auprès des opérateurs privés, tout en restant fidèles à leurs objectifs», a-t-il martelé.

M. Obasanjo a ainsi donné le la. Les débats qui ont eu lieu au cours de ces trois jours ont essayé de répondre à des questions qui préoccupent tant les centres de réflexion que les décideurs du continent africain. Des questions comme «Quel rôle jouent les think tanks dans leurs propres sociétés ? Comment participent-ils à une meilleure compréhension des enjeux qui traversent l’Afrique et à la construction d’un dialogue public inclusif, capable de nourrir efficacement les politiques publiques ? Quelles orientations peuvent prendre ces think tanks pour améliorer leur impact et assurer leur développement ?»
Il est à signaler que ces débats ont connu la participation des représentants de l’Institut du Botswana pour le développement de l’analyse politique (BIPDA), le Centre africain pour la résolution constructive des conflits (ACCORD, Afrique du Sud), le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales (CODESRIA, Sénégal), l’Institut sud-africain des relations internationales et l’Institut pour les études sécuritaires (Afrique du Sud), le Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES), le Groupe de recherche et d’analyse appliquées pour le développement (GRAAD, Burkina Faso), ainsi que la Brookings Institution, ou le Woodrow Wilson International Center for Scholars. Il faut aussi évoquer la contribution des think tanks marocains qui ont été nombreux à prendre part à ce Sommet. L’on peut citer, entre autres, l’Institut Royal des études stratégiques (IRES), l’Institut Amadeus et le Centre des études et de recherches en sciences sociales (CERSS). 

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