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L'économiste Uri Dadush apporte un éclairage sur les effets de la crise des pays émergents sur la région MENA et sur le Maroc

OCP Policy Center réagit à l’actualité internationale en s’intéressant à la crise des marchés émergents. Pour commenter cette actualité, le think tank marocain a invité l’expert spécialisé en économie et commerce internationaux, en gouvernance et en migration Uri Dadush pour débattre des effets des crises des pays émergents sur les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) et particulièrement sur le Maroc.

Le think tank marocain, OCP Policy Center a organisé, mercredi à Rabat, une rencontre-débat autour de la thématique «Les marchés émergents sont-ils en crise ?» La rencontre était animée par l’économiste spécialiste des crises économiques Uri Dadush. En effet, depuis 1976, cet économiste international se penche sur les crises économiques mondiales, comme la crise asiatique de 1997 et la crise financière mondiale de 2008. Aujourd'hui, il s’intéresse de plus près au cas des marchés émergents, notamment la Turquie, le Venezuela et l'Argentine.

L’OCP Policy Center a retenu cette thématique considérant qu’il faut analyser l’économie des pays émergents dans le contexte d’une économie mondiale qui continue sur la voie d’une expansion régulière. «Malgré la montée des tensions commerciales et géopolitiques et la perspective d'une hausse des taux directeurs, les marchés boursiers des pays avancés ont presque atteint leur sommet. Cependant, les crises économiques profondes en Argentine, en Turquie et au Venezuela, l’incertitude au Brésil et en Chine et d’autres événements moins importants ont provoqué une certaine nervosité chez les investisseurs et déclenché une série de dévaluations monétaires dans les marchés émergents», soulignent les organisateurs de cette rencontre.
L’économiste invité pour apporter son éclairage a eu à répondre à trois principales questions. S'agit-il d'une répétition de la crise asiatique de la fin des années 1990 ou s'agit-il seulement d'un incident passager ? Compte tenu de l’importance croissante des marchés émergents, pourraient-ils faire dérailler l’expansion économique mondiale ? Comment le Maroc et la région MENA seront-ils affectés ?
En apportant son éclairage, Uri Dadush a affirmé que les pays émergents continuent d’avoir une croissance solide. C’est le cas notamment des pays exportateurs de pétrole. Cependant, il s’est montré alarmant en évoquant le marché financier. Pour lui, un grand risque pour la croissance mondiale subsiste et serait lié à l'augmentation des taux d'intérêt. Il a résumé les principales raisons d'une potentielle crise de confiance des marchés financiers en quatre points. Il s’agit d’une récession globale, une mauvaise gestion macro-économique, des conflits politiques et la présence de risque de contagion d'une crise économique. Cependant, il soutient que l'expansion de la croissance mondiale va continuer, tirée principalement par les exportations et l'investissement. Concernant la région MENA, il soutient qu’elle est composée de deux groupes : les exportateurs et les importateurs de pétrole. «Bien étendu, les exportateurs de pétrole ont beaucoup d’argent. Les autres pays ne sont pas riches, sont endettés et ont des balances courantes négatives (Liban -27%, la Tunisie -10%, la Jordanie -10%, l'Égypte -7%, le Maroc -4%, et même l'Algérie, pourtant pays exportateur de pétrole, -10%). L’augmentation du prix de pétrole va avoir un effet sur ces pays et sur leur balance courante, sur les besoins de financement… Le risque provient de l’économie réelle plus que de l’économie financière», a-t-il déclaré. S’agissant de la Turquie, l’économiste international la présente comme un marché significatif pour les pays de l’Afrique du Nord. La crise qu’elle vit ainsi que la dévaluation de sa monnaie vont donc avoir un effet sur ces pays. «Un effet qui va être important secteur par secteur, d’autant plus que les Turcs sont de véritables concurrents dans le BTP, le textile, le tourisme…», souligne-t-il. Interrogé sur le cas marocain et le recours à la flexibilité du change, Uri Dadush a estimé que c’était une bonne décision. «Moi, comme beaucoup d’autres économistes, je suis favorable, à moyen terme, à une flexibilisation du taux de change au Maroc. Parce que la dévaluation du taux de change permet un ajustement qui est très important dans les moments difficiles. Si on a un taux de change fixe, cela peut entraîner des problèmes de gestion et de libéralisation des taux. Dans un moment de crise, au lieu d’avoir un système fixe qui s’écroule d’un coup, on a plus de possibilités d’ajustement graduel», explique l’analyste invité par l’OCP Policy Center. Or, pour lui, il subsiste un risque. «Quand les entreprises et les banques sont endettées en monnaie étrangère, il y a un risque, surtout quand elles sont endettées à court terme».                         

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