Les inégalités sociales s'exacerbent au Maroc. Les initiatives et programmes publics adoptés pour améliorer les conditions de vie de la population n’ont pas permis de stopper le creusement des inégalités sociales, reflétant ainsi le caractère peu inclusif du modèle de développement jusque-là déployé. Le constat est de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) consigné dans une étude intitulée : «La question des inégalités sociales : clés de compréhension, enjeux et réponses de politiques publiques».
Éducation : Les dépenses publiques profitent aux plus aisés
L’éducation est une source d'«importantes d’inégalités». L’indice de Gini pour ce secteur, quoiqu’en baisse tendancielle depuis la décennie 1980, s’établit à 0,55 en 2014. Les inégalités éducatives sont également perceptibles à travers les dépenses publiques allouées à l’éducation par classe de niveau de vie. En particulier, les dépenses publiques destinées au cycle de l’enseignement secondaire et supérieur profitent davantage aux couches sociales aisées puisque 29% des personnes scolarisées dans ce cycle appartiennent aux 20% des ménages les plus aisés contre 10% pour les 20% les moins aisés. Par ailleurs, les inégalités d’opportunités ou de chance demeurent encore «importantes» au sein du système éducatif, au vu de l’impact significatif de l’origine sociale de l’élève et de ses conditions socioéconomiques et culturelles dans la réussite scolaire. Pour l’accès à la santé, des disparités «importantes» persistent aussi. Pour illustrer cet état de fait, l’étude rappelle quelques indicateurs clés issus de l’Enquête nationale sur la population et la santé familiale (2011) : le taux de mortalité infantile s’établit à 33,9 pour 1.000 naissances vivantes pour les enfants issus des ménages pauvres alors qu’il n’est que de 18,7 pour les ménages aisés. En 2007, près d'un quart (23,7%) des ménages ont au moins parmi leurs membres une personne couverte par un système d’assurance maladie, dont 12,4% sont totalement couverts et 11,3% ne le sont que partiellement. Ces pourcentages s’élèvent respectivement à 18,1 et 15,8% en milieu urbain et à 3,1 et 3,6% en milieu rural.Par classes de dépenses, la part des dépenses directes des ménages dans les dépenses totales de santé passe de 89,71% pour les ménages du quintile le plus défavorisé à 56,29% pour les ménages du quintile le plus favorisé selon l’Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages (2014). Explication : plus les ménages sont aisés, plus la probabilité de bénéficier d’une couverture médico-sociale est élevée. En effet, une analyse de la couverture médico-sociale par quintile de revenu révèle que moins de 5% des 20% des ménages les plus pauvres ont une couverture médico-sociale contre plus de 50% pour les 20% des ménages les plus aisés. En dépit de la mise en place du dispositif RAMED, les inégalités d’accès aux soins restent criants, vu que ce dispositif est entravé par une offre sanitaire faible aussi bien au niveau national que régional. Cette offre se trouve contrainte, également, par l’effectif réduit du personnel médical et l’insuffisance de l’infrastructure dédiée à la santé.