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L’éducation et la santé, des inégalités sociales persistantes

Une nouvelle confirmation. Le modèle de développement adopté jusque ici par le Maroc est peu inclusif. La preuve, les initiatives et programmes publics mis en place afin d’améliorer les conditions de vie de la population n’ont pas permis de stopper le creusement des inégalités sociales. Selon une étude de la DEPF, en plus des inégalités de revenus, l’accès inégal aux services de base demeure une source de préoccupation majeure notamment dans l’éducation et la santé.

L’éducation et la santé, des inégalités sociales persistantes

Les inégalités sociales s'exacerbent au Maroc. Les initiatives et programmes publics adoptés pour améliorer les conditions de vie de la population n’ont pas permis de stopper le creusement des inégalités sociales, reflétant ainsi le caractère peu inclusif du modèle de développement jusque-là déployé. Le constat est de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) consigné dans une étude intitulée : «La question des inégalités sociales : clés de compréhension, enjeux et réponses de politiques publiques». 

Selon les analystes de la DEPF, en plus des inégalités de revenus, l’accès inégal aux services de base demeure une source de préoccupation majeure, notamment dans l’éducation et la santé. Ces dernières constituent des domaines névralgiques qui conditionnent l’égalité des chances au sein de la société. 

Sur une échelle régionale, l’étude d'une quarantaine de pages indique que les inégalités sont plus prononcées dans les grandes métropoles du pays notamment à Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat. En outre, dans sept régions du pays, l’indice de GINI (qui mesure la dispersion d'une distribution dans une population donnée) a évolué entre 0,344 et 0,391, soit en deçà de la moyenne nationale (0,395). 

L’examen de l’évolution des inégalités sur la période 2001-2014 laisse apparaitre une dynamique de rattrapage, quoiqu’à un rythme différencié, au niveau des régions de Casablanca-Settat, Souss-Massa, Marrakech-Safi et Béni-Mellal-Khénifra. En revanche, les autres régions ont accusé des hausses différenciées du niveau des inégalités. 

Par source de revenus, la répartition des revenus salariaux (64,3% des ménages) est la moins inégalitaire en comparaison aux autres sources de revenus avec un indice de Gini de 0,484 contre 0,590 pour le revenu indépendant, 0,720 pour le revenu agricole, 0,715 pour les transferts et 0,611 pour les rentes. Le revenu agricole, lui, génère une inégalité particulièrement élevée que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain. Le revenu rural, qui concerne 90% des ménages ruraux, se caractérise par une inégalité élevée de l’ordre de 0,706. En milieu urbain, l’inégalité afférente à ce type de revenu est encore plus élevée, avec un indice de Gini aux alentours de 0,867. Pour le revenu indépendant, l’étude relève un écart «important» selon le milieu de résidence, avec un indice de Gini de l’ordre de 0,611 en milieu urbain contre seulement 0,453 en milieu rural. 

Pour ce qui est du rapport inter-décile (qui mesure la part de la masse totale des ressources détenues par les 10% les plus riches par rapport aux 10% les plus pauvres), il a poursuivi sa tendance baissière, amorcée en 2011 après une période de hausse entre 2001 et 2007, pour s’établir à 11,2 en 2014 au niveau national, soit presque le même niveau de 1998 (11,1).

Éducation : Les dépenses publiques profitent aux plus aisés

L’éducation est une source d'«importantes d’inégalités». L’indice de Gini pour ce secteur, quoiqu’en baisse tendancielle depuis la décennie 1980, s’établit à 0,55 en 2014. Les inégalités éducatives sont également perceptibles à travers les dépenses publiques allouées à l’éducation par classe de niveau de vie. En particulier, les dépenses publiques destinées au cycle de l’enseignement secondaire et supérieur profitent davantage aux couches sociales aisées puisque 29% des personnes scolarisées dans ce cycle appartiennent aux 20% des ménages les plus aisés contre 10% pour les 20% les moins aisés. Par ailleurs, les inégalités d’opportunités ou de chance demeurent encore «importantes» au sein du système éducatif, au vu de l’impact significatif de l’origine sociale de l’élève et de ses conditions socioéconomiques et culturelles dans la réussite scolaire. 

Pour l’accès à la santé, des disparités «importantes» persistent aussi. Pour illustrer cet état de fait, l’étude rappelle quelques indicateurs clés issus de l’Enquête nationale sur la population et la santé familiale (2011) : le taux de mortalité infantile s’établit à 33,9 pour 1.000 naissances vivantes pour les enfants issus des ménages pauvres alors qu’il n’est que de 18,7 pour les ménages aisés. En 2007, près d'un quart (23,7%) des ménages ont au moins parmi leurs membres une personne couverte par un système d’assurance maladie, dont 12,4% sont totalement couverts et 11,3% ne le sont que partiellement. Ces pourcentages s’élèvent respectivement à 18,1 et 15,8% en milieu urbain et à 3,1 et 3,6% en milieu rural.

Par classes de dépenses, la part des dépenses directes des ménages dans les dépenses totales de santé passe de 89,71% pour les ménages du quintile le plus défavorisé à 56,29% pour les ménages du quintile le plus favorisé selon l’Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages (2014). Explication : plus les ménages sont aisés, plus la probabilité de bénéficier d’une couverture médico-sociale est élevée. En effet, une analyse de la couverture médico-sociale par quintile de revenu révèle que moins de 5% des 20% des ménages les plus pauvres ont une couverture médico-sociale contre plus de 50% pour les 20% des ménages les plus aisés. En dépit de la mise en place du dispositif RAMED, les inégalités d’accès aux soins restent criants, vu que ce dispositif est entravé par une offre sanitaire faible aussi bien au niveau national que régional. Cette offre se trouve contrainte, également, par l’effectif réduit du personnel médical et l’insuffisance de l’infrastructure dédiée à la santé. 

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