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Oui à l'énergie solaire, mais attention aux risques hydriques !

Les systèmes d’irrigation à énergie solaire, dont les prix baissent en continu, représentent cependant un risque. Leur généralisation pourrait constituer une source supplémentaire de pression sur l'eau, notamment en Afrique subsaharienne où seuls 3% des terres arables sont irrigués. Lors du Forum international «Promouvoir l'agriculture : un défi énergétique pour le développement», qui a pris fin hier à Rome, la FAO a livré un aperçu général des avantages et des risques liés à la généralisation de tels systèmes d'irrigation.

Oui à l'énergie solaire, mais attention  aux risques hydriques !
Les systèmes d'irrigation à énergie solaire sont en mesure de réduire de plus de 95% les émissions de gaz à effet de serre comparativement aux réseaux électriques fonctionnant aux combustibles fossiles. Ph. DR

«La rapide expansion des systèmes d'irrigation à énergie solaire offre des solutions viables qui prennent en compte le lien entre eau, énergie et alimentation, donnant ainsi aux petits exploitants agricoles l'opportunité d'améliorer leurs moyens d'existence, leur prospérité économique et leur sécurité alimentaire», a déclaré Maria Helena Semedo, directrice générale adjointe de l'Organisation des Nations unies de l'agriculture et l'alimentation (FAO). Cette dernière a organisé, avec le Fonds international de développement agricole, l'Institut international de gestion de l'eau et le Programme de recherche sur l’eau, la terre et les écosystèmes, un Forum sur la promotion de l'agriculture et le défi énergétique pour le développement. Ce Forum a pris fin hier à Rome, siège de la FAO. Mais la rapide expansion des systèmes d'irrigation à énergie solaire, due essentiellement à la baisse continue de prix, n'est pas sans risque et pourrait contribuer au gaspillage d'eau et aux prélèvements excessifs d'eau souterraine, comme l'a fait remarquer Eduardo Mansur, directeur de la Division des terres et des eaux de la FAO. Quel est donc l'équilibre à trouver ?
Pour trouver une solution à ce dilemme, la FAO a officiellement lancé, le 12 avril à Rome, «une boîte à outils sur les systèmes d'irrigation à énergie solaire». Conçue et mise en ligne en collaboration avec l'agence de coopération allemande (GIZ), cette boîte à outils est conçue pour permettre aux prestataires de fournir des conseils pratiques aux utilisateurs finaux, aux décideurs et aux financiers. Cet outil permet également de mesurer les risques liés à l'efficacité du système, à la viabilité financière et à l'utilisation non durable des ressources en eau qui peuvent ainsi être minimisés. «La boîte à outils comprend des modules informatifs complétés par des outils logiciels conviviaux (fiches de calculs, listes de contrôle, directives)», est-il précisé sur le portail électronique de la FAO. Ces modules facilitent l'évaluation des besoins en eau des cultures, la viabilité financière et de calculer le retour sur investissement et de signaler les aspects critiques de la qualité de l'exécution. La FAO rappelle que les systèmes d'irrigation à énergie solaire sont en mesure de réduire de plus de 95% les émissions de gaz à effet de serre pour chaque unité d'énergie utilisée pour le pompage d'eau, par rapport aux réseaux électriques fonctionnant au diesel ou aux combustibles fossiles. «La FAO exhorte les gouvernements à revoir leurs mécanismes incitatifs en vue de favoriser les “subventions vertes” par opposition aux subventions concernant les combustibles fossiles». Cette recommandation onusienne s'applique également au Maroc : «la subvention du gaz butane (au Maroc, ndlr), prise au profit des ménages aux revenus limités, profite surtout aux agriculteurs. Mais grâce à cette énergie subventionnée, qui limite également la déforestation, le pompage de l’eau a augmenté. Dans sa mise en œuvre, cette subvention a eu des effets négatifs sur l’eau», avait fait savoir, fin octobre 2017 à Rabat, Dubravka Bojic, experte gouvernance auprès de la FAO lors d'un premier diagnostic du Programme «Agriculture et alimentation durable» initié par la FAO en 2015.
Si cette subvention du gaz butane venait à être annulée ou réduite, l’agriculteur irriguerait moins ces parcelles, ce qui risque de réduire les rendements, résultat qui pourrait contrarier les objectifs du Plan Maroc vert. D’où la nécessité de coordination entre les différents opérateurs économiques et sociaux, avaient alors conclu experts marocains et onusiens. À Rome, l'une des principales recommandations de la FAO pour une meilleure utilisation des irrigations solaires est de s'assurer que l'eau ne soit pas prélevée sans qu'un plan de gestion adéquate soit mis en place. «Si un système d'irrigation au goutte-à-goutte adapté peut permettre de faire des économies d'eau, assumer qu'il en sera de même au sein d'une ferme serait faux. Des décisions politiques liées à l'irrigation devront être prises et mises en œuvre sur de vastes zones, sachant que les pluies, les eaux de surface, l'eau souterraine, l'humidité du sol et le procédé d'évaporation découlant des différentes utilisations de la terre font tous partie du même cycle hydrologique», avertit la FAO.

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