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L’engagement associatif, pour cultiver les soft skills

C’est désormais une certitude, le monde de travail ne se base plus que sur l’expertise métier, les entreprises ont également, et même surtout, besoins de compétences comportementales et/ou socio-émotionnelles appelées aussi «soft skills». La quête est donc lancée pour développer ces atouts qui ne sont pas forcément acquis sur les bancs de l’école. L’engagement associatif est justement un vecteur important pour travailler ces compétences humaines.

L’engagement associatif, pour cultiver les soft skills

Les compétences comportementales sont LE critère phare d'un bon CV. Et pour les développer, rien de mieux qu'une expérience dans l’associatif. L'engagement social a en effet cette vertu d’aider les personnes à acquérir des compétences du savoir-être et améliorer les relations avec les autres. Une aubaine donc pour les jeunes, surtout lorsqu'on sait qu'avoir ce genre d'expérience sur son CV peut faire évoluer une carrière.
Le travail associatif a mille et une vertus. En plus de permettre d’apporter aide et soutien aux autres, ce type d’activités a la particularité de développer chez les bénévoles des compétences comportementales diverses, très recherchées par les recruteurs.
Travail d'équipe, prise d'initiative, prise de parole en public, empathie, ouverture d'esprit, autonomie… la liste est longue. «Au-delà des compétences techniques, le bénévolat permet de développer des qualités comme la prise de parole en public, la confiance en soi, l’adaptabilité aux différentes situations ainsi que les capacités d’innovation permettant de réussir un projet professionnel», souligne Chaimaa Elghani, fondatrice de l’espace «GO4Work».

Chaimaa n'est pas la seule à vanter les qualités du travail associatif. «L’engagement associatif a une valeur ajoutée énorme sur le plan développement personnel, socio-affectif, cognitif et professionnel. Les grandes universités proposent à leurs étudiants d'organiser des voyages à l'international, de s'engager auprès des associations caritatives, de mettre en place des événements à caractère culturel, social et entrepreneurial. Tout cela, permet à l'étudiant d'acquérir des compétences comportementales qui vont lui permettre d'être “Employable”, car l'entreprise a besoin de profils qui sont conscients d'eux même, ouverts d'esprit, dynamiques, etc.», souligne Mohamed Amine Zariat, entrepreneur social dans l'éducation par le sport «Ashoka Fellow».
En effet, les entreprises accordent beaucoup d'importance aux soft skills et c'est pour cette raison que nombre d'entre elles s'intéressent à l'expérience sociale des candidats. «Un recruteur étudie un CV en 30 secondes, il est donc essentiel au candidat d’apporter des éléments clés par rapport au poste recherché et l’engagement associatif peut-être un élément déterminant lors d’un recrutement», précise Belabbas.
Des propos appuyés par Nadia Daher El Belghiti, actrice associative. Elle explique ainsi que «Les recruteurs prennent de plus en plus en considération l’engagement associatif des candidats et y voient un avantage concurrentiel, et ils ont raison. En effet, un jeune qui se lance dans des activités de bénévolat développe plusieurs compétences».
En plus des soft skills, le travail associatif peut aussi s'avérer un important accélérateur de carrière puisqu'il permet de se construire un réseau professionnel. Et Dieu sait combien ce réseau est essentiel pour trouver le travail qu'on cherche ou même développer sa propre activité ! «Pour moi, l’associatif m’a permis aussi d’étendre mon réseau professionnel, de réussir des challenges, d’apprendre à fidéliser mon équipe et surtout de m’adapter aux changements. Bref, c’est tout un travail sur moi-même que le bénévolat m’a permis de mener», affirme Chaimaa Elghani.
Si l'engagement social peut être extrêmement bénéfique pour des jeunes en début de carrière professionnelle, il n'en est pas moins pour les collaborateurs de l'entreprise. Conscientes de cet enjeu, beaucoup de sociétés ont intégré dans leur politique RSE des activités à caractère associatif dans lesquelles les collaborateurs sont invités à s'engager bénévolement. Le but étant essentiellement de développer une synergie entre les équipes et développer chez les collaborateurs des soft skills qui vont de pair avec l'esprit et l'orientation de l'entreprise. «Récemment, les entreprises commencent à proposer des plateformes d'engagement social et associatif à leurs collaborateurs. Dans ce contexte, ça permet aux salariés d'être en alignement avec les valeurs de l'entreprise et cela développe aussi l'esprit d'appartenance ainsi que plusieurs compétences très essentielles», note Mohamed Amine Zariat. 


Déclaration de Chaimaa Elghani, fondatrice de l’espace «GO4Work»

«Le travail associatif est d’une importance cruciale pour les jeunes, qu’ils soient étudiants ou professionnels. De même, l’engagement associatif constitue un tremplin qui leur permet de développer beaucoup de compétences, de relever des défis importants, de rencontrer du monde et surtout de développer le réseau professionnel. D’ailleurs, une activité ou un projet associatif permet également de développer l’esprit d’entreprendre et sortir de l’isolement ou de sa zone de confort. Le bénévolat peut également être une voie pour tisser des contacts utiles permettant de retrouver un emploi pour les jeunes qui sont à la recherche. L’engagement associatif est généralement un moyen de développement de compétences, ou bien ce qu’on appelle aujourd’hui les soft skills et qui sont d’une de plus en plus requises par les recruteurs. Au-delà des compétences techniques, le bénévolat permet de développer les qualités liées, notamment à la prise de parole en public, la confiance en soi, l’adaptabilité aux différentes situations ainsi que les capacités d’innovation permettant de réussir un projet professionnel. Pour moi, l’associatif était une étape très importante dans mon parcours. Cela m’a permis de développer mon autonomie, ma pensée critique, ma capacité à résoudre les problèmes et mon esprit d’équipe. Cela m’a permis aussi d’étendre mon réseau professionnel, de réussir des challenges, d’apprendre à fidéliser mon équipe et surtout de m’adapter aux changements. Bref, c’est tout un travail sur moi-même que le bénévolat m’a permis de mener.» N.B.


Questions à Ismail Belabbes, consultant sénior en ressources humaines

«Un collaborateur avec une expérience dans l’associatif peut se distinguer des autres surtout au tout début de carrière»

Management &Carrière : Les DRH prennent-ils en considération l'engagement associatif des candidats lors du recrutement ?
Ismail Belabbes
: Un recruteur étudie un CV en 30 secondes, il est donc essentiel au candidat d’apporter des éléments clés par rapport au poste recherché et l’engagement associatif peut-être un élément déterminant lors d’un recrutement. 
Au cours des dernières années, les recruteurs ont constaté que le candidat peut développer des compétences techniques aussi bien dans le cadre professionnel que dans le cadre de sa vie sociale. D’ailleurs, les universités et les écoles de commerce ont compris que l’engagement associatif des étudiants était un véritable tremplin pour leur intégration sur le marché du travail. En effet, elle permet à ses apprenants de développer des compétences en gestion d’équipe, de projet, la prise de parole en public, le développement d’un réseau et de dévoiler leurs compétences personnelles. Elle permet ainsi à un étudiant de mieux se connaître (ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas) pour mieux se vendre auprès des entreprises. D’autre part, cet engagement associatif a permis à certains salariés de se reconvertir professionnellement en validant leurs acquis professionnels par l’obtention d’un diplôme. Par exemple en France, l’outil VAE (validation des acquis professionnels) permet d'obtenir un diplôme ou une certification en valorisant ses expériences extra-professionnelles. Un DRH a tout intérêt lorsqu’il a des difficultés à recruter sur un profil de regarder également ses activités extra-professionnelles pour évaluer la possibilité de transférabilité de ses  compétences.

Les collaborateurs ayant une expérience dans l'associatif se distinguent-ils des autres collaborateurs au travail ?
Un collaborateur avec une expérience dans l’associatif peut effectivement se distinguer des autres surtout au tout début de carrière. En effet, on s’aperçoit assez rapidement que les personnes ayant l’habitude de travailler en équipe, la capacité à prendre des initiatives, à communiquer et défendre leurs points de vue sont principalement des personnes qui ont pu développer ces aspects durant leurs activités extra-professionnelles (associative, sportive…).
Au fur et à mesure de la carrière, cette tendance s’atténue, car les autres collaborateurs développent ces mêmes compétences dans leurs expériences professionnelles. Les recruteurs sont sensibles à ce type d’expérience, car les profils développent des compétences personnelles affirmées orientées vers l’intérêt général de la structure ce qui peut être bénéfique pour une structure tant pour son climat social que pour 
sa productivité. Propos recueillis par Nabila Bakkass


La parole aux acteurs associatifs 

Mohamed Amine Zariat, entrepreneur social dans l'éducation par le sport, Ashoka Fellow​

«Le bénévolat et l'engagement associatif permettent de développer des compétences psycho-sociales. Ces dernières permettent de maintenir un état de bien-être et répondre de façon positive aux épreuves de la vie quotidienne, car aujourd'hui, nous sommes en relation avec l'autre en continu et les personnes qui réussissent leur vie tout en gardant l'équilibre ce sont celles qui maintiennent des relations fortes, pérennes et solides avec les autres. Parmi les compétences, je cite : la prise de conscience de soi, le développement d'une pensée critique et créative, la gestion du stress et des émotions, la résolution des conflits, la prise de décision et la méta-communication. Être armé avec ces compétences est quelque chose de très important dans un monde qui évolue très rapidement et qui se spécialise de jour en jour. Mon engagement associatif a démarré en 2008. J'organisais des journées caritatives et sportives dans le cadre des activités para-universitaires. Un jour, j'ai décidé d'organiser un Tournoi international de Basketball universitaire. L'idée de Tibu est venue juste après la réussite de ce tournoi qui a été organisé en 2010 avec la participation de plusieurs coéquipiers passionnés par le Basket. Depuis ce jour, j'ai pris la décision de continuer à m'engager et faire grandir ce concept. Aujourd'hui, il est devenu national, car il crée de l'impact auprès des milliers de jeunes marocains à travers l'éducation par le Basketball. J'ai acquis plusieurs compétences durant mon parcours : l'autonomie, la pensée créative, la prise de décision et l'ouverture d'esprit. Récemment, j'ai eu une distinction internationale auprès de Ashoka World qui apporte un soutien aux jeunes qui s'engagent dans l'entrepreneuriat social innovant dans le but d'augmenter leur impact sur la société. Je dédie ce prix à l'ensemble des membres de la communauté de Tibu et j'invite tous mes étudiants et mes joueurs à “s'engager”, à donner, à partager, à innover et à créer des projets à fort impact social pour un monde meilleur.»     N.B.


Nadia Daher El Belghiti, actrice associative

«De manière générale, le bénévolat constitue une démarche importante dans le développement de la société puisqu’il consiste à consacrer du temps, sans contrepartie financière, au service de la solidarité. Aujourd’hui, l’engagement associatif est aussi considéré comme un véritable levier de carrière puisqu’il permet de s’ouvrir sur les autres. D’ailleurs, les recruteurs prennent de plus en plus en considération l’engagement associatif des candidats et y voient un avantage concurrentiel, et ils ont raison. En effet, un jeune qui se lance dans des activités de bénévolat développe plusieurs compétences. Outre l’ouverture sur les autres et le sens de l’engagement, ces jeunes deviennent plus autonomes, plus dynamiques et surtout capables de travailler en équipe. Ils apprennent aussi à travailler dans l’optimisation des moyens, à prendre les initiatives, à mieux communiquer et convaincre en toute confiance et surtout à écouter activement les autres. Rappelons que toutes ces compétences là constituent des soft skills de plus en plus requises pour réussir dans la vie active. Personnellement, l’engagement associatif m’a permis de renforcer toutes ces compétences que j’ai déjà acquises lors de mes parcours académiques et professionnels. Je tiens toutefois à préciser que pour acquérir toutes ces soft skills, encore faut-il s’engager sérieusement dans le travail associatif. De même, il faut apprendre à concilier entre ses activités au sein de l’association et les exigences de sa personnelle et sa vie active pour pouvoir bien gérer son temps et son stress et ne pas tomber dans l’épuisement».        N.B.


Sara Maalal, directrice exécutive nationale de la JCI Maroc

«À la Jeune Chambre internationale (JCI), on dit que “le fait d’avoir dans son équipe finalement des gens qui s'impliquent dans leur vie tous les jours, pour les autres forcément c'est moteur”. En effet, on apprend énormément dans son parcours de bénévole et d’acteur associatif et pour nous, c'est essentiel de valoriser toutes les compétences acquises dans un parcours bénévole et de réussir à les transposer dans un parcours professionnel. L’esprit d’équipe, l’autonomie, la prise d’initiative, la capacité de manager des projets, l’empathie… on peut acquérir aujourd’hui des soft skills à travers l’engagement social. C'est vrai qu'à la JCI, on se définit comme l'incubateur de leaders citoyens, c'est-à-dire qu'on vient incuber des projets en appliquant la méthode de l'entrepreneuriat appliqué à l'intérêt général et on vient aussi incuber des talents. Et par ce biais-là, nous travaillons sur un CV citoyen qui est une manière un peu marketing finalement de transposer ses compétences bénévoles dans un CV et de savoir en parler en entretien. Toutefois, on se dit qu’on ne va pas le limiter à nos propres bénévoles à la JCI, on souhaite aussi calquer cette bonne pratique auprès du monde associatif et bien sûr auprès des entreprises. Cela signifie qu'aujourd'hui, on dit au recruteur et aux entreprises qui vont embaucher des jeunes, ne vous contentez pas de regarder les études ou les stages que les candidats ont pu faire, mais plutôt vérifiez s'ils sont partis faire du bénévolat. C’est fondamental du fait que si on s'occupe de l'autre, on va peut-être pouvoir avoir des valeurs et les transmettre au sein d'une entreprise. Notre combat est justement de valoriser la personne à 360 ° de ses compétences. C'est une approche assez quand même nouvelle. À travers une charte du recruteur citoyen qu'on essaie de mettre en place, on veut trouver une manière de mettre ce sujet à table. Certes, signer une charte, ça ne change pas le monde, mais c'est une manière d'aller voir les entreprises et de leur dire : “Soyez sensibles à ces démarches et ces parcours qui sont pas forcément valorisés au moment de l'entretien et pourtant qui témoignent de compétences souvent inexploitées dans les grands groupes.»      N.B.

 

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