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Pourquoi l'épargne peine à décoller

Le débat sur la mobilisation de l'épargne gagne en intérêt et en consistance. Il est enrichi par de nouvelles idées développées par des experts aussi bien marocains qu'étrangers qui ont participé à une rencontre organisée hier à Rabat par la CDG et le groupe Poste Maroc à l'occasion de la Journée mondiale de l'épargne. Autant de pistes pour remédier à la faiblesse de la mobilisation de l'épargne au profit de l'économie nationale. Détails.

Pourquoi l'épargne peine à décoller

Rencontre féconde hier à Rabat autour de la mobilisation de l'épargne. De nouvelles idées pour son développement au Maroc ont en effet émergé lors de la conférence organisée par la Caisse de dépôts et de gestion (CDG) et Poste Maroc à l'occasion de la Journée mondiale de l'épargne, sous le thème «Épargner une nécessité pour construire l'avenir».
L’épargne est, à n'en point douter, vitale pour l’investissement et la croissance et l’inclusion sociale, cependant elle reste peu développée : autour de 27 à 28% du PIB. Certes, l’épargne des ménages, qui se situe autour de 14%, selon le HCP, est similaire à celle de pays développés, tels la France (14,6%), la Belgique (13,9%) et meilleure à celle de pays tels que la Tunisie (10,5%) ou l’Afrique du Sud (1,3%). Toutefois, nuance Abdellatif Jouahri, le gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), le revenu des ménages est marqué chez nous par la faiblesse des cotisations, en comparaison internationale, et surtout par le poids relativement important des transferts des MRE qui en représente en moyenne près de 15%. Selon le HCP, seuls 3,8% des ménages déclarent une partie de leurs revenus. Ce niveau serait encore plus faible si on se limite à l’épargne financière, indique le gouverneur de la Banque centrale, notant que le défi est donc double : promouvoir l’épargne d’une part, et la canaliser vers les circuits formels de l’autre. Mais comment expliquer ces constats ? Pour le patron de BAM, au niveau d’un ménage, constituer une épargne suppose qu’il dispose d’un revenu et donc d’un emploi. Or, fait-il remarquer, le taux d’activité est faible (47%). De plus, ajoute-t-il, 10% de la population active n’arrive pas à trouver un emploi et parmi celles qui y parviennent, plus de trois personnes sur cinq ne sont pas rémunérées. De ce fait, conclut-il, uniquement 35% de la population en âge adulte qui a un emploi rémunéré est donc potentiellement capable d’épargner. Cette proportion serait encore plus faible si l’on prend en considération la nature de l’emploi, avec une prépondérance de l’emploi agricole (4 emplois sur 10) et l’informel (36%), note Jouahri.  
À cela s’ajoutent l’analphabétisme et d’autres facteurs qui font que l’épargne n’est que faiblement canalisée vers le système financier. Elle est investie à 90% dans les actifs non financiers, notamment l’immobilier, relève Jouahri, qui précise qu’il y a toujours un grand besoin d’informations sur certaines caractéristiques économiques des ménages pour une analyse plus fine.
Le gouverneur de la Banque centrale tient aussi à expliquer que le niveau d'épargne ne dépend pas seulement de la dynamique de l'activité économique, mais également de «politiques adéquates et bien ciblées». Et là, de nombreuses réformes ont été mises en œuvre depuis le début des années 1990, concède-t-il en les énumérant. Toutefois, il fait état de la prépondérance du secteur bancaire et de la faiblesse de la désintermédiation qui peut constituer un canal important de mobilisation de l'épargne. Il rappelle également que le marché boursier souffre d'un manque de profondeur. 
Quoi qu'il en soit, le système financier marocain est développé et le problème se pose plutôt au niveau de la demande qui est limitée pour les services financiers, selon Jouahri.
Pour remédier à cette situation, il suggère une approche multidimensionnelle qui reposerait à la fois sur l'amélioration du système de l'éducation globalement et plus précisément l'éducation financière, en rappelant ce qui a été déjà entrepris à ce sujet. Il s'agit également du renforcement de la confiance du public dans les services financiers. Ces aspects ont été soulignés par Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la CDG, et Amin Benjelloun Touimi, directeur général du groupe Poste Maroc. 
Abdellatif Jouahri a aussi appelé à développer des options alternatives pour l'amélioration de l'inclusion financière, en faisant appel à des modèles qui rendent ces offres moins coûteuses, mieux adaptées et donc accessibles aux populations exclues. Il s'agit notamment du digital, précise-t-il, en évoquant le paiement mobile, la micro-finance, la micro-assurance, en insistant sur une fiscalité incitative. À noter que cette rencontre a connu la participation d'experts aussi bien marocains qu'étrangers et d'anciens responsables. 
Elle a été marquée par l'annonce du lancement, hier mercredi, d'un nouveau produit d'épargne par Al Barid Bank. Il s'agit de Tawfir Sakane qui est destiné aux personnes sans revenus fixes et qui veulent acquérir ou construire un logement.

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