La réunion des ministres des Finances de Buenos Aires a tourné lundi au bras de fer sur l'acier entre les États-Unis, la Chine et l'Union européenne (UE), chacun campant sur ses positions, sur fond de risques de guerre commerciale, rapporte l’AFP.
Le rendez-vous de Buenos Aires (19 et 20 mars), premier de la présidence argentine du G20, intervient quatre jours seulement avant l'entrée en vigueur, vendredi, des droits de douane américains de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, à l'exception du Canada et du Mexique. Du coup, la Chine et les États-Unis ont «montré leurs muscles» lors de la première journée du G20 Finances, notamment lors de la rédaction du communiqué final qui devait être diffusé hier à l'heure où nous mettions sous presse, ont indiqué des sources proches des négociations.
Quant aux Européens, ils ont demandé aux États-Unis de les exempter des taxes douanières, rappelant qu'ils sont des alliés de Washington et qu'ils ne sont pas la source du problème, contrairement à la Chine. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, l'a rappelé au secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, lors d'un entretien en marge du G20, où il a reconnu l'existence de surcapacités dans l'acier, pointant du doigt le géant asiatique, dont la production abondante est décriée depuis des années par ses partenaires au G20.
Mais il a lancé aussi un avertissement à Washington. «Personne ne comprendrait que l'UE, au bout du compte, ne soit pas exemptée globalement de cette augmentation des tarifs sur l'acier et l'aluminium décidée par les États-Unis», a affirmé le ministre à l'AFP. Les déclarations de Le Maire sont intervenues alors que le ministre allemand de l'Économie, Peter Altmaier, a estimé à Washington que les États-Unis et l'UE pourraient trouver un compromis dès cette semaine dans ce conflit les opposant sur les taxes américaines. Autre sujet de tension entre les États-Unis et l'Europe : la taxation des géants du numérique, ou Gafa. Cet acronyme désigne les quatre mastodontes américains du secteur (Google, Amazon, Facebook, Apple), dont les pratiques d'optimisation fiscale sont régulièrement pointées du doigt. Avant la réunion de Buenos Aires, les membres du G20 ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la manière de les imposer, ni à long terme ni à court terme, ouvrant la voie à des mesures unilatérales en attendant que la communauté internationale s'entende sur un accord global. L'élaboration du communiqué reflète ces difficultés. Les pays du G20 devraient y exprimer «la volonté de travailler ensemble pour trouver une solution d'ici 2020», ont indiqué les sources à l'AFP. La question est de savoir s'ils vont mentionner «leurs points de vue divergents» dans le texte, ont-elles ajouté.
La Commission européenne devrait présenter ses propres mesures dès aujourd’hui à Bruxelles, dans la foulée du G20 Finances de Buenos Aires.