Les représentants de 40 think tanks africains se sont retrouvés à Rabat, du 9 au 11 mai, dans le cadre du deuxième Sommet des think tanks africains, organisé par l’OCP Policy Center. Cette rencontre a donné lieu à des échanges entre plus de 100 participants venus de 20 pays. Les discussions ont porté sur l’avenir de près 759 think tanks africains, ainsi que sur l’importance du partage et l’ampleur des défis auxquels ils doivent faire face.
En termes de défis, au départ, a-t-il précisé, le premier challenge auquel a fait face l’Institut était celui d’adopter les méthodes de travail qui devaient prévaloir pour décoder la complexité des thématiques traitées. Puis il fallait que les acteurs et les chercheurs qui travaillent avec l’institut s’approprient cette méthodologie. Autre défi relevé : le recrutement des profils de chercheurs ayant des connaissances transversales et non pas une seule spécialité et qui soient capable de passer du cadre académique à la vision stratégique.
Le directeur général de l’IRES a affirmé que la question du financement n’a pas constitué une véritable contrainte, comme c’est le cas pour d’autres think tanks. «Mais nous avons quand même un budget limité et chaque année nous nous soumettons à un audit externe», précise-t-il. Il a par ailleurs insisté sur le fait que l’Institut jouit pleinement de l’indépendance intellectuelle. «On ne nous a jamais demandé de changer une virgule», a-t-il affirmé. Il a aussi mis en avant le nombre de rapports produits estimés à quelque 150, relatifs aux politiques publiques, l’organisation de plus de 240 séminaires, l’implication dans ses travaux de quel que 226 chercheurs et une soixantaine de doctorants. «La seule frustration», est que ces publications et rapports de l’IRES ne font pas tous l’objet de communication, car une bonne partie reste confidentielle, notamment ceux portant sur la politique étrangère. Une situation qui pénalise l’Institut en ce qui concerne le classement international des think tanks.Pour sa part, le vice-président du Centre d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS), Mohamed Haddad, a mis en avant le travail réalisé par ce centre créé en 1994 et qui est adossé à l’université. Ce centre fait un travail louable qui lui a valu de figurer sur le classement annuel de l’Université de Pennsylvanie des think tanks les plus influents dans le monde. Selon le dernier rapport du «Global Go-To Think Tanks 2016», le Centre a été classé 11e dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).Par ailleurs, au cours de ces débats, les participants se sont posé la question concernant l’autorité qui décide de l’agenda des think tanks. Une interrogation suscitée tout particulièrement par Jalal Abdel-Latif, Senior Fellow de l’OCP Policy Center et membre de la Commission économique pour l’Afrique. Selon lui, il y a des tensions fréquentes entre autorités gouvernementales et espaces de recherche. Une relation qui passe aussi par la perception selon laquelle les think tanks se ramènent à des cabinets d’audit, dont la finalité serait de critiquer et de remettre en cause l’action gouvernementale. Pour sa part, Siré Sy, président du think tank Africa World Wide Group, l’Afrique est en train d’inventer un «modèle hybride de think tank, combinant la plateforme de recherche et le bureau d’études, avec des “think to do” porteurs de solutions et de recommandations».