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«L’expérience marocaine en matière de gestion de la migration est une expérience phare en Afrique»

En visite de travail au Maroc, le président fondateur du Centre indépendant de recherches et d’initiatives pour le dialogue (CIRID), Déo Hakizimana, a été reçu mercredi à l’Académie du Royaume. Liés par des partenariats, les responsables des deux institutions ont examiné la possibilité d’élaborer une feuille de route pour un plan d’action commun. La réunion, tenue au siège de l’Académie du Royaume, a constitué également l’occasion d’évaluer la première édition du Prix Macky Sall pour le dialogue en Afrique, dans la perspective d'une présidence marocaine de l’édition 2018. En marge de cette rencontre, l’ancien candidat aux présidentielles au Burundi a accordé au journal «Le Matin» un entretien exclusif.

«L’expérience marocaine en matière de gestion de la migration est une expérience phare en Afrique»
Déo Hakizimana, président fondateur du Centre indépendant de recherches et d’initiatives pour le dialogue.

Le Matin : Vous êtes au Maroc dans le cadre d’une visite de travail à l'Académie du Royaume du Maroc. Sur quoi porte votre rencontre avec les responsables de l’institution ?
Déo Hakizimana :
L’objectif principal de cette visite est d'assurer le suivi des discussions que nous avons eu ensemble lors de ma première visite en octobre dernier. Il était question notamment d’examiner un certain nombre d’activités que nous pouvons réaliser ensemble afin d’accompagner les différents projets que nous avons mis en place depuis 2016 avec le Prix Macky Sall pour le dialogue en Afrique. Ce Prix est d’ailleurs soutenu par le Président sénégalais, et S.M. le Roi Mohammed VI est membre du Comité d’honneur de ce Prix. La visite du mois d’octobre était donc d'abord une visite de courtoisie pour dire merci pour tous les efforts fournis par le Maroc et également pour pouvoir profiter de la capacité de projection d’une institution telle que l’Académie du Royaume du Maroc.

Le Maroc pourrait présider l’édition 2018 du Prix Macky Sall pour le dialogue en Afrique, institué par le CIRID. Qu’est-ce qui a motivé votre choix pour le Royaume ?
Il faut savoir que notre règlement intérieur stipule que la cérémonie de remise du Prix doit être présidée par un dirigeant de l’un des pays membres du Comité d’honneur. Aujourd’hui, nous pensons que le moment est venu pour que le Maroc puisse jouer ce rôle.

Vous êtes connu pour vos positions en faveur des stratégies de valorisation des compétences de la diaspora. Que pensez-vous de l’expérience marocaine en la matière ?
L’expérience marocaine est une expérience phare en Afrique, surtout en ce moment. Comme vous le savez, avec l’Allemagne, le Maroc va présider une grande rencontre en fin d’année sur la migration. La rencontre en question a pour objectif de mettre en place des stratégies pour gérer une crise mondiale de l’immigration. Aux portes de l’Europe, le Maroc est un partenaire «unique» dans cette stratégie mondiale. D’ailleurs, au sein du CIRID, nous nous sommes penchés sur cette question depuis des années et nous pensons que le dialogue sur ces questions devrait avoir lieu en terre africaine et nous sommes heureux que ça soit au Maroc.

Le Maroc a fait le choix de reprendre sa place au sein de l'Union africaine (UA). Quel regard portez-vous sur ce retour ?
C’est une chance pour l’Afrique d’une part. d’autre part, je dirais que l’Afrique a fini par comprendre qu’elle ne pouvait pas avancer sans la participation de l’un de ses membres les plus importants. D’ailleurs, le Maroc est fondateur de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), à laquelle a succédé l’UA. Le Maroc a une capacité de projection reconnue, et ce grâce à sa stabilité politique et sa gouvernance. Il sait innover, ce qui lui permet d’avancer très vite, comme c’est le cas pour son rôle dans la gestion des crises. Dans ce sens, je voudrais rappeler qu’à travers notre réseau, nous avons pu comprendre que les Africains voudront jouer un rôle pivot dans la gestion des crises, notamment sur le continent. Je voudrais vous dire aussi que l’octroi du Prix Macky Sall 2017 à un chef coutumier burkinabé était notre façon à nous d’encourager et de stimuler les vocations en matière de dialogue au niveau du continent.

Le Royaume a également déclenché le processus d’adhésion à la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). On aimerait connaître votre avis sur la question et sur ce que le Maroc pourrait apporter à cette institution ? Quels sont également les obstacles à aplanir ?
J’encourage l’initiative marocaine visant à adhérer à cette organisation et j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’en parler à plusieurs reprises lors de mes conférences. Évidemment, il y a des contraintes à gérer, mais j’ai confiance en la capacité de négociation des diplomates marocains. Je fais confiance également aux autres pays africains qui ont compris que le Maroc a une plus-value à apporter dans le cadre du futur marché commun africain.

En parlant de marché commun, la semaine passée a été marquée par la signature à Kigali de l'accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZELCA). Pensez-vous que ce projet va enfin lancer l'intégration économique de l’Afrique ?
Ce n’est jamais aisé. Il s’agit là d’un projet de société continental qui ne fera pas marche arrière à mon avis. Malgré les difficultés qu’il pourra rencontrer, le projet devra avancer. D’ailleurs, même au moment de la discussion du projet à Kigali, il y a eu plusieurs soucis à régler, notamment sur le plan diplomatique. Il faut faire confiance aux générations africaines actuelles et futures, qui vont pouvoir mener ce projet à terme.

 Entretien réalisé par Ayoub Lahrache

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