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«L'Humanité se met en danger en surexploitant la planète», estiment 550 chercheurs

C'est dans la «ville de l'éternel printemps», Medellín en Colombie, que le constat a été fait : confronté à une extinction majeure d'espèces, le déclin de la faune et de la flore dans toutes les régions du monde se poursuit. En Afrique, ce sont plus de la moitié des espèces d'oiseaux et de mammifères qui seront perdues d'ici 210, a conclu la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques. Au Maroc, des menaces sérieuses pèsent sur la biodiversité, dues à la surexploitation des ressources naturelles, à la fragmentation et aux pertes d’habitats ainsi qu’à la pollution, estime l'Institut royal des études stratégiques.

«L'Humanité se met en danger en surexploitant la planète», estiment 550 chercheurs
Robert Watson (2e à partir de la droite), président de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques lors de l'ouverture de la 6e session de l'évaluation de la biodiversité à Medellín et qui a pris fin hier. Ph. DR

«Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas.» Cette prophétie d’un Amérindien que personne ne saurait situer dans le temps a été confirmée par plus de 550 chercheurs qui ont travaillé bénévolement sur l'évaluation de la biodiversité de la planète et dont les conclusions ont été dévoilées à Medellín en Colombie en fin de semaine dernière. Même s'il n'est pas nouveau, le diagnostic de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques est alarmant : «nous sommes en train de saboter notre propre bien-être à venir !», a déclaré son président, Robert Watson. Selon le rapport de la Plateforme, si rien n'est fait pour enrayer la tendance, la ressource en poissons de la région Asie-Pacifique sera ainsi épuisée d'ici 30 ans et jusqu'à 90% de ses coraux gravement détériorés d'ici 2050.
En Afrique, ce sont plus de la moitié des espèces d'oiseaux et de mammifères qui seront perdues d'ici 2100. «La biodiversité, l'indispensable variété des formes de vie sur la Terre, continue à décliner dans chaque région du monde, réduisant significativement la capacité de la Nature à contribuer au bien-être de la population. Cette tendance alarmante menace des économies, des moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la qualité de vie des populations partout» dans le monde, soulignent ces rapports longs de 600 à 900 pages. «Avec les effets croissants du changement climatique (...), cette perte pourrait atteindre 40% d'ici 2050» dans les Amériques où elle s'élève déjà à 31%». Dans son Rapport stratégique 2017 sur le panorama du Maroc dans le monde et les enjeux planétaires de la biosphère, l'Institut royal des études stratégiques dit qu'il faut s'attendre, face aux impacts du dérèglement climatique, «à des atteintes à la biodiversité : le recul des espaces forestiers et l'augmentation des températures dans les différentes régions du pays conduiraient au déplacement des étapes bioclimatiques vers le Nord.

Par conséquent, à l’horizon 2050, quelque 22% de la flore et plusieurs espèces d’oiseaux et de mammifères pourraient disparaître. L’élévation du niveau des mers et l’accroissement de la salinité modifieraient la faune et la flore, accentueraient l’érosion des plages marocaines et menaceraient les habitats et les infrastructures longeant la côte. Les espaces oasiens seraient confrontés aux risques de sécheresse, d’invasion acridienne et d’incendie. Les activités touristiques seraient impactées par les extrêmes climatiques», alerte l'Institut. Toujours au Maroc, une étude réalisée par le secrétariat au Développement durable et la Banque mondiale avait estimé à près de 32,5 milliards de dirhams, soit 3,52% du produit intérieur brut (PIB) les pertes économiques dues à la dégradation de l'environnement sur la période 2000-2014. La pollution de l’eau arrive en tête des pertes économiques et constitue (1,26% du PIB) le premier vecteur de dégradation de l’environnement, suivie par la pollution de l’air (1,05% du PIB). Le même document indique que les dégâts causés par les émissions de gaz à effet de serre à l’environnement global sont estimés, pour la même période, à 1,62% du PIB. Lors du Forum de la mer en mai 2016, Saâd Belghazi, consultant auprès de la Banque mondiale (BM), avait estimé à 589 millions de DH le manque à gagner annuel en raison de la dégradation du littoral le long duquel vivent près de 15 millions de Marocains. Selon les projections de la BM, le littoral avec ses 3.500 kilomètres générerait 63,5% du revenu national en 2030, soit une progression annuelle de 8%. La dégradation des sols entraîne également des coûts considérables (0,54% du PIB), notamment en raison de l’érosion des terres cultivées et du défrichement et la désertification des terres de parcours. Cette évaluation de 2014 a été précédée par celle de l'année également réalisée par la BM et intitulée «Évaluation du coût de la dégradation de l’environnement au Maroc». Cette étude a estimé, pour la première fois, le coût de la dégradation environnementale qui a été évalué, pour l’année 2000, à 3,7% du PIB. Une note d'espoir quand même : la planète compte environ 8,7 millions d'espèces de plantes et d'animaux, selon des estimations, dont 86% des espèces terrestres et 91% des espèces marines restant à découvrir. 

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