L’Appellation d’origine protégée (AOP) a un impact économique positif sur les agriculteurs. C’est ce que démontre le dernier rapport, publié conjointement par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Intitulé «Strengthening sustainable food systems through geographical indications», révèle une évolution constante des revenus des agriculteurs de Safran de Taliouine dont la production est vendue à travers une coopérative labellisée AOP. «Les prix payés aux agriculteurs par les coopératives ont augmenté de 500% entre 2000 et 2014, passant d'environ 3.300 DH le kilo en 2000 à environ 17.000 DH/kg», indique le rapport.
Les agriculteurs préférant travailler seuls ont vu également leurs revenus augmenter, mais de façon moins significative. «Les prix payés aux agriculteurs hors coopératives ont augmenté de 40% entre 2000 et 2014, passant d'environ 11.500 DH par kg en 2000 à environ 16.000 en 2014», soulignent les auteurs.
Pour obtenir et maintenir l’AOP, les entreprises opérant dans le Safran doivent débourser 8.000 DH par an. Les coopératives, elles, profitent de subventions de l’État.
Pour maintenir cette appellation, des contrôles qualité aléatoires sont effectués tout au long de l’année. En plus de ces subventions, l’État a signé, rappelle le document, un contrat-programme avec la Fédération interprofessionnelle marocaine du Safran (FIMASAFRAN), d’un montant de 100 millions de DH pour la promotion de la chaine de valeur et le financement de la Maison du Safran. Il s’agit d’une safraneraie de 37 hectares qui, en plus de commercialiser le Safran de ses membres, forme ses derniers aux différentes étapes de la chaine de valeur.
Parmi les autres impacts de l’AOP, selon le rapport, une augmentation significative du nombre de coopératives et de producteurs impliqués : entre 2010 et 2014, le nombre de coopératives AOP a été multiplié par sept. Le Royaume compte aujourd’hui, selon le document, 50 coopératives dédiées dont 35 détiennent le label AOP et 3 Groupements d’intérêt économique (GIE).
Autre avantage de l’AOP, une organisation structurelle de la chaîne de valeur avec une réduction des quantités vendues par les producteurs en dehors des coopératives et augmentation de celles commercialisées à travers les coopératives et entreprises privées. «Ce qui a eu des effets positifs tels qu’une augmentation importante des prix payés aux producteurs à travers les coopératives et une diversification des marchés», indique le rapport.
Toujours selon le même document, le Maroc compte 2.300 producteurs de Safran. À elle seule, la commune de Taliouine en concentre 1.400 qui opèrent sur 850 hectares.
Le Maroc est le quatrième producteur mondial de safran, avec un volume annuel d’un peu plus de 4 tonnes. Près de 95% de la production nationale provient des communes de Taliouine et Taznakht et 73% sont destinés à l’export. «L'exportation est un débouché majeur pour cette épice, bien que les quantités exportées varient considérablement d'une année à l'autre (1 tonne en 2012, 3,2 en 2013 et 0,5 en 2014)», indiquent les auteurs. Les principaux clients du Maroc sont l'Espagne (61% de la valeur totale des exportations entre 1998 et 2009) et la Suisse (35%). Le reste de la production est écoulé sur le marché local : restaurants, épiceries, touristes, foires et salons.