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L'incessante montée en gamme du Maroc

Quelque chose malheur est bon ! Le retour du protectionnisme sur la scène internationale a enclenché une reconfiguration des routes du commerce en Méditerranée. La structure des échanges au sein de la région s’est modifiée à partir des années 2000. Des économies du Sud et de l’Est se spécialisent dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée et amorcent leur montée en gamme. C'est le cas du Maroc qui s'illustre en particulier dans l'automobile en intégrant les chaînes de valeur mondiale.

L'incessante montée en gamme du Maroc

Le protectionnisme, qui gagne de plus en plus de terrain sur la scène internationale, remet sur table le débat autour des accords de libre-échange. Selon une analyse de l’assureur-crédit mondial, Coface, intitulée «Les nouvelles routes du commerce méditerranéen», à l’heure où l’Amérique se ferme, d’autres régions du monde décident de s’ouvrir avec à la clé de nouvelles alliances commerciales qui se redessinent. 

«Ce nouvel élan de libéralisation pourrait redonner du souffle à une tentative de coopération enclenchée depuis bientôt une trentaine d’années dans l’une des plus anciennes régions commerciales du monde, la Méditerranée», analysent les experts de Coface. Les pays du bassin méditerranéen se sont déjà lancés en 1995 dans un large projet de création d’un espace économique intégré. Ce projet jugé ambitieux par plus d’un, plus connu sous le nom de processus de Barcelone, devait s’appuyer sur un accord global de libre-échange, construit sur le modèle européen, et visant à faire de la Méditerranée un espace de libre circulation des marchandises. «Processus de Barcelone, Partenariat euro-méditerranéen, Union pour la Méditerranée… les noms changent à mesure que les années passent, mais l’on semble encore loin des objectifs fixés dans les années 1990. Alors que l’Asie a réussi à relever le défi, les pays de la Méditerranée commercent relativement peu entre eux», décrypte Coface. 

Multiplication des accords bilatéraux
La part du commerce intra-méditerranéen dans les échanges des pays de la région a même tendance à diminuer. Pour les économistes de l’assureur-crédit, si le processus de Barcelone visait à créer une zone de libre-échange régionale, il s’est, pour le moment, seulement traduit par une multiplication des accords bilatéraux entre l’UE et chacun des pays dits du Sud. 
Des accords régionaux lient entre eux certains pays d’Afrique du Nord, tandis que la Turquie a développé son propre réseau de coopération. Toutefois, l’on demeure loin du modèle d’une zone de libre-échange. En plus, la libéralisation des échanges dans la région, bien qu’elle soit incomplète, ne produit à ce stade que peu de résultats. Là aussi, les explications sont nombreuses : «Outre la similarité des économies qui la composent, la complexité du cadre institutionnel, la persistance de mesures protectionnistes et les répercussions de la crise de 2009 ainsi que celles des printemps arabes ont limité l’essor des échanges. Mais des raisons d’espérer existent», estime la Coface. La structure des échanges au sein de la région s’est modifiée à partir des années 2000. Des économies du sud et de l’est de la Méditerranée se spécialisent dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée et amorcent leur montée en gamme. Les exportations de biens liés aux technologies de l’information et de la communication ont progressé. 
Coface cite dans ce sens le cas du Maroc et de la Tunisie. Le secteur automobile illustre également l’essor de chaînes de valeur intégrées dans la région. D’ailleurs, le Maroc s’adjuge un bon positionnement dans cette dynamique. 

Selon Coface, la poussée de l’automobile dans l’Est et dans le sud de la Méditerranée s’explique par la croissance des exportations turques et marocaines. «Le développement de l’automobile dans ces deux pays a conduit à une reconfiguration des exportations du secteur au sein de la région», affirme l’assureur-crédit. Le Maroc et la Turquie ont poursuivi depuis 2009 une politique de développement de nouveaux secteurs industriels visant à les inscrire davantage dans les chaînes de valeurs mondiales.
«Le Maroc a mis en place, à travers le Plan Emergence lancé en 2009, un ensemble d’initiatives dont l’objectif était de promouvoir un tissu industriel automobile. Le pays a fait le pari de développer un écosystème industriel avec un taux d’intégration de 65%. 

L’implantation de l’usine Renault à Tanger, dont la production est exportée à 90% a été la première étape de cette diversification», rappelle Coface. Ainsi, les exportations marocaines du secteur vers la Méditerranée ont fortement augmenté entre 2000 et 2016. Elles pèsent pour 13% des exportations marocaines vers la Méditerranée en 2012-2016, contre 1% auparavant. Principalement destinées au marché européen, les exportations automobiles se développent également vers les pays du Sud et de l’Est méditerranéen et sont composées principalement de véhicules de tourisme finis. Et avec l'entrée en scène de PSA Maroc, le Royaume franchira un nouveau palier dans son intégration régionale.
La place de l’Égypte et de la Turquie s’est également renforcée dans les exportations du secteur, passant de 2% sur la première période, à respectivement 7,5 et 8% des exportations. Cette hausse s’est faite au détriment des marchés français et espagnol où le poids de l’automobile a diminué de 10 points de pourcentage dans les exportations marocaines. Les principaux fournisseurs du Maroc en intrants pour le secteur automobile restent l’Espagne, la France, et, dans une moindre mesure, la Turquie. 

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