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L’innovation, c'est aussi une question de ressources

L’innovation frugale, l’open innovation… plusieurs concepts ont émergé ces dernières années et viennent nous rappeler que l’innovation reste le secret de la performance et de la pérennité de l’entreprise face à un environnement de plus en plus concurrentiel. Loin d’être limité au département Recherche & Développement, ce champ concerne tous les collaborateurs de l’entreprise. C’est avant tout un état d’esprit qui doit être porté et encouragé par la direction. Le point avec Pr Aimad El Hajri, enseignant-chercheur en sciences de gestion à l'Université Cadi Ayyad, formateur consultant en intelligence économique et management de l’innovation et professeur invité à l’Université Senghor et à l’Université Ouaga II.

L’innovation, c'est aussi une question de ressources
Les entreprises doivent créer des cellules de veille et/ou des départements d’intelligence économique en faveur de l’innovation.

Éco-Conseil : Comment l’innovation s’impose-t-elle comme un levier de création de valeur pour l’entreprise ? Pourquoi est-il important pour les entreprises d’innover et d’investir dans les technologies modernes ?
Aimad El Hajri
: Il faut avouer que notre société actuelle dite du savoir ou encore l’économie du savoir a beaucoup transformé la logique concurrentielle des entreprises qui ne cherchent plus à développer la capacité productive pour bénéficier des économies d’échelle, mais plutôt à créer des éléments de distinction et différenciation à travers l’innovation. À mon sens, l’innovation aujourd’hui n’est pas seulement un choix stratégique pour les entreprises, mais une obligation contextuelle. C’est le contexte qui oblige une telle ou telle entreprise à innover dans les produits, les procédés, les services ou les business modèles. Les entreprises doivent être innovantes, du fait qu'elles sont en perpétuel mouvement comme le marché. La capacité d’innovation concerne toute l’entreprise, car tout doit évoluer et s’améliorer. C’est pourquoi la connaissance de tout ce qui se fait ailleurs est essentielle. C’est donc avant tout un état d’esprit qui est porté et encouragé par la direction.

Quels conseils pouvez-vous donner aux entreprises qui cherchent à tirer le meilleur parti de leurs investissements dans l’innovation ?
Le premier élément qui me parait très important est celui des pratiques de la veille stratégique et de l’intelligence économique, il est impossible de parler d’innovation sans avoir un œil sur l’environnement. Les entreprises doivent donc créer des cellules de veille et/ou des départements d’intelligence économique en faveur de l’innovation.  Le deuxième point est lié au développement de la créativité, toute innovation qu'elle soit de produit, de procédé ou organisationnelle est le résultat d’une ou plusieurs idées, les entreprises doivent donc aussi créer des cellules de créativités et former les équipes à cette fin. Le troisième point, qui relève essentiellement d’une volonté interne de l’entreprise, est celui des ressources, les entreprises qui souhaitent garantir la réussite de leurs innovations en termes de produits, procédés, services, ou modèles d’affaires doivent posséder et développer les ressources (Financières, matérielles, immatérielles et humaines). Plus l’entreprise dispose de ressources en qualité et en quantité suffisante plus elle sera capable d'être performante en termes d’output d’innovation. J’invite donc les entreprises à porter une attention particulière aux innovations organisationnelles qui deviennent de plus en plus un réel facteur clé de succès, je cite des exemples des entreprises comme Uber, Amazon, Orange et Atos Wordline. 

Quels sont les freins qui empêchent les entreprises d’innover efficacement ?
C’est surtout l’espionnage industriel et les fuites des informations sensibles pour les entreprises, et vous pouvez le constater aujourd’hui chez les grandes entreprises comme Apple et Samsung ainsi que les autres opérateurs du secteur, de même pour le secteur de l’automobile et le secteur bancaire. Je rajoute également le fait de s’attendre à des résultats immédiats, extraordinaires et dans un délai très court, chose qui est contre la logique de l’innovation qui nécessite du temps, de la réflexion, de la créativité et de l’intelligence.
Je termine par la dimension des ressources humaines non qualifiées, plus les entreprises opèrent avec des personnes non qualifiées, plus elles auront tendance à perdre l’esprit novateur.   

On entend de plus en plus parler d’open innovation. De quoi s’agit-il au juste ?
L’innovation ouverte, l’open innovation ou encore l’openness est un concept qui a pris sa place à l’ère de la société du savoir avec Chesbrough et d’autres auteurs. Elle consiste à utiliser les connaissances internes et externes de l’organisation pour accélérer l’innovation en exploitant le mieux l’intelligence collective de son écosystème. Cette innovation se manifeste selon deux types : l’Outside-In qui consiste à absorber les connaissances externes (technologies, solutions…) et l’Inside-Out qui repose sur l’offre des connaissances interne à l’extérieur.
L’innovation ouverte fait appel à un jargon important, à savoir Collaboration – Compétition – Intelligence collective – Capacité d’absorption – Apprentissage organisationnel...

L’innovation «frugale» est également un concept qui a émergé ces dernières années. En quoi consiste-t-il ?
L’innovation frugale est, certes, un concept émergent, mais qui rejoint l'objectif principal de base de l’innovation en général. Cette innovation consiste en la recherche de l’efficience, c'est-à-dire faire mieux avec moins, c’est une pratique qui se propage dans les pays et les organisations qui ont très peu de ressources et beaucoup de besoins, l’objectif est de créer des solutions simples, innovantes et faciles à mettre en œuvre. La majorité de ces innovations sont des innovations incrémentales. 

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