À quelques semaines de la tenue à Marrakech du Forum mondial pour la migration et le développement et de la Conférence mondiale sur la migration devant permettre l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (prévus en décembre), la question migratoire est au cœur de l’actualité nationale. Le sujet revêt également un caractère hautement stratégique pour le Maroc puisque le Royaume est mandaté pour coordonner l'action de l'Union africaine sur la migration.
Cette étude, qui sera présentée en décembre lors des travaux du Forum mondial pour la migration et le développement, s’inscrit dans le prolongement de l’intérêt porté par l'Institut aux questions globales, a précisé le directeur général de l’IRES, Mohammed Tawfik Mouline. En effet, cette étude s’intéresse aux questions interpellant le continent africain et a permis de cerner les dynamiques migratoires intra-africaines et celles africaines vers les autres régions du monde, notamment l'Europe. Les résultats préliminaires de cette étude, présentés par le chercheur associé à l’IRES El Arbi Mrabet, ancien doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Oujda et ancien gouverneur chargé de la coordination des relations avec la Minurso, a mis en exergue les stratégies et les politiques migratoires mises en œuvre dans les pays africains, au niveau des groupements sous-régionaux et à l'échelle continentale.
L’étude apporte également des réponses de fond à la question de la migration en Afrique et propose d’examiner l'impact sur le Maroc dans la perspective de son adhésion à la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). De telles questions ont été peu abordées par les travaux et analyses des entités s’intéressant à la problématique de la migration. Cette étude trouve donc son importance en raison de l’absence d’études récentes sur la question, mais également du fait que le phénomène migratoire intra-africain est plus important que la migration des Africains vers d’autres destinations. L’étude traite également cette question à travers notamment les scénarios de l’admission ou non du Maroc à la Cédéao, les pistes concernant le rôle que le Maroc pourrait jouer au sein de cette institution, les impacts sur le Royaume et les mesures adéquates pour faire face aux effets de la migration.L’étude fait également le point sur les différentes politiques régionales et sous régionales nationales en la matière et qu’elle qualifie d’inappropriées. Cependant, les programmes récents ou en gestation semblent être plus prometteurs. Il s’agit essentiellement de l’Agenda africain sur la migration présentée par S.M. le Roi en tant que Leader sur la question, dont l’une des plus importantes propositions est la création d’un Observatoire africain de la migration et la création d’un poste d’envoyé spécial de l’Union africaine chargé de la migration pour coordonner les politiques de l’Union dans ce domaine. L’étude cite également, dans ce sens, le rapport Paul Kagame ainsi que le cadre de politique migratoire pour l’Afrique révisé et le Plan d’action 2018-2030.En définitive, «outre la récolte du maximum de données sur la migration intra-africaine et la migration africaine vers le reste du monde, l'étude de l'IRES vise à apporter une meilleure compréhension du phénomène migratoire en Afrique, cerner les dynamiques migratoires intra-africaines et celles vers les autres régions du monde, notamment l'Europe, et mettre en exergue les défis et les enjeux auxquels le continent est confronté. Elle vise également à évaluer les impacts de la migration africaine sur le développement autonome du continent, à proposer des stratégies de réponse innovantes pour renforcer les capacités africaines en matière de gestion du dossier migratoire. Cette étude a également pour objet d'anticiper les risques, sur le plan migratoire, d'une future adhésion du Maroc à la Cédéao et de faire des propositions pour y faire face», explique le directeur général de l’IRES.