La croissance économique prospère de nouveau dans le pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais cette reprise ne profite pas à tous. Ce redressement de la croissance s’est, certes, accompagné d’une réduction du chômage qui s’est établi à un niveau «exceptionnellement bas» dans certains pays de l'OCDE, pourtant il n’a pas produit des effets sur les salaires qui restent bas. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de l'OCDE présenté hier à Paris et qui prévient que si les pays ne parviennent pas à rompre avec cette tendance, «la confiance du public à l’égard de la reprise économique sera compromise et les inégalités se creuseront sur le marché du travail».
Autre amélioration notable, les offres d’emploi ont atteint un niveau record au Japon, dans la zone euro, aux États-Unis et en Australie. De ce fait, selon les prévisions, le taux de chômage observé à l’échelle de l'OCDE devrait rester orienté à la baisse, pour s’établir à 5,3% fin 2018 puis à 5,1% fin 2019, indique l’OCDE. Toutefois, nuance-t-elle, les performances restent inégales en terme de qualité et de sécurité des emplois, notamment au regard de l’augmentation du taux de pauvreté parmi la population en âge de travailler, atteignant 10,6% en 2015, contre 9,6% une décennie plus tôt. Ainsi, relève le rapport, la croissance des salaires reste beaucoup plus morose qu’avant la crise financière. En effet, explique-t-il, fin 2017, la croissance des salaires nominaux dans la zone OCDE était inférieure de moitié à ce qu’elle était 10 ans auparavant : au deuxième trimestre 2007, lorsque le taux de chômage moyen des pays de l’OCDE était à peu près identique à celui d’aujourd’hui, la croissance moyenne des salaires nominaux était quant à elle de 5,8% contre 3,2% au quatrième trimestre 2017.
Ce constat est d’autant «plus inquiétant», selon l’Organisation, que cette stagnation des salaires touche beaucoup plus les travailleurs faiblement rémunérés que ceux qui se situent au sommet de l’échelle des salaires : ces dernières années, les revenus du travail réels des 1% les mieux rémunérés ont augmenté beaucoup plus rapidement que ceux des travailleurs à temps plein médians, accentuant une tendance déjà bien installée. Pour y remédier, le Secrétaire général de l'OCDE, Ángel Gurría préconise «des mesures ciblées et une coopération plus étroite avec les partenaires sociaux (…) pour aider les travailleurs à s’adapter à la mutation rapide du monde du travail et à en tirer profit, et pour faire en sorte que la croissance profite à tous».