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L’OCDE sonne l’alarme sur la stagnation des salaires

La croissance économique se redresse et le chômage baisse dans la zone OCDE. Ce beau tableau est, toutefois, entaché par une stagnation sans précédent des salaires, ce qui porte des risques de rupture de la confiance du public à l’égard de la reprise économique et du creusement des inégalités sur le marché du travail, note l'OCDE dans un rapport rendu public hier.

L’OCDE sonne l’alarme sur la stagnation des salaires
La croissance des salaires reste beaucoup plus morose qu’avant la crise financière, selon l’OCDE.

La croissance économique prospère de nouveau dans le pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais cette reprise ne profite pas à tous. Ce redressement de la croissance s’est, certes, accompagné d’une réduction du chômage qui s’est établi à un niveau «exceptionnellement bas» dans certains pays de l'OCDE, pourtant il n’a pas produit des effets sur les salaires qui restent bas. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de l'OCDE présenté hier à Paris et qui prévient que si les pays ne parviennent pas à rompre avec cette tendance, «la confiance du public à l’égard de la reprise économique sera compromise et les inégalités se creuseront sur le marché du travail».

Ainsi, l’édition 2018 du rapport «Perspectives de l’emploi» réalisé par l’Organisation relève que le taux d’emploi des 15-74 ans s’élevait à 61,7% fin 2017 dans la zone OCDE. Une situation qui est même meilleure qu’avant 2008, puisque pour la première fois, on compte davantage d’actifs occupés qu’avant la crise. Le taux d’emploi devrait atteindre 62,1% d’ici à la fin de l’année 2018 et 62,5% au quatrième trimestre 2019, selon les estimations. Une amélioration d’autant plus marquante que certaines des améliorations les plus notables concernent les catégories défavorisées, comme les travailleurs âgés, les mères de jeunes enfants, les jeunes ou les immigrés, selon les auteurs du rapport qui note que dans la plupart des pays, le taux de chômage se situe en deçà, ou presque, du taux constaté avant la crise.

Autre amélioration notable, les offres d’emploi ont atteint un niveau record au Japon, dans la zone euro, aux États-Unis et en Australie. De ce fait, selon les prévisions, le taux de chômage observé à l’échelle de l'OCDE devrait rester orienté à la baisse, pour s’établir à 5,3% fin 2018 puis à 5,1% fin 2019, indique l’OCDE. Toutefois, nuance-t-elle, les performances restent inégales en terme de qualité et de sécurité des emplois, notamment au regard de l’augmentation du taux de pauvreté parmi la population en âge de travailler, atteignant 10,6% en 2015, contre 9,6% une décennie plus tôt. Ainsi, relève le rapport, la croissance des salaires reste beaucoup plus morose qu’avant la crise financière. En effet, explique-t-il, fin 2017, la croissance des salaires nominaux dans la zone OCDE était inférieure de moitié à ce qu’elle était 10 ans auparavant : au deuxième trimestre 2007, lorsque le taux de chômage moyen des pays de l’OCDE était à peu près identique à celui d’aujourd’hui, la croissance moyenne des salaires nominaux était quant à elle de 5,8% contre 3,2% au quatrième trimestre 2017.

Ce constat est d’autant «plus inquiétant», selon l’Organisation, que cette stagnation des salaires touche beaucoup plus les travailleurs faiblement rémunérés que ceux qui se situent au sommet de l’échelle des salaires : ces dernières années, les revenus du travail réels des 1% les mieux rémunérés ont augmenté beaucoup plus rapidement que ceux des travailleurs à temps plein médians, accentuant une tendance déjà bien installée. Pour y remédier, le Secrétaire général de l'OCDE, Ángel Gurría préconise «des mesures ciblées et une coopération plus étroite avec les partenaires sociaux (…) pour aider les travailleurs à s’adapter à la mutation rapide du monde du travail et à en tirer profit, et pour faire en sorte que la croissance profite à tous». 

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