L'Afrique peine à valoriser les nombreuses ressources naturelles. Telle est la conclusion de la cinquième édition du Rapport sur la gouvernance africaine publié par la Commission économique pour l'Afrique (CEA) de l'ONU, édité le 14 mai à Addis Abeba en Éthiopie. D'après Abdalla Hamdok, économiste en chef et secrétaire exécutif adjoint de la CEA, bien que l'exploitation des ressources naturelles constitue une activité centrale du continent, il est encore très difficile de réaliser une croissance durable et inclusive et de créer de la valeur ajoutée. «C'est la bonne gouvernance qui permettra aux pays riches en ressources de transformer leur économie». Et pourtant, l'Afrique détient des taux appréciables des réserves mondiales des ressources naturelles. Ainsi, le continent noir, qui abrite des pays souffrant encore de pauvreté, détient 97% des ressources mondiales du cuivre, 50% de cobalt, 57% d'or, 60% de diamants et 14% des stocks mondiaux de pétrole.
En ce qui concerne l’Afrique, elle compte pour un tiers des conflits répertoriés dans le monde et la majorité d’entre eux ont un rapport direct avec les productions minières ou pétrolières (Nigeria, Libéria, Sierra Leone, Angola et République démocratique du Congo). «Malédiction du pétrole», «Diamants du sang», ces expressions médiatisées par les ONG, expriment avec force ce lien de causalité, qu’il convient toutefois de relativiser, «Les ressources naturelles du continent sont à l’origine d’une grande partie des conflits, tensions et manifestations d’instabilité que vit le continent», conclut l'étude. Selon le rapport de la CEA, pour parvenir à une bonne gouvernance des ressources naturelles en Afrique, «les institutions doivent avoir à la fois la responsabilité et la capacité de gérer les ressources efficacement. Elles doivent aussi avoir la capacité de formuler, mettre en œuvre et appliquer des politiques et réglementations saines», recommande l'Organisation onusienne dans un communiqué. Certains responsables de la CEA ont pointé du doigt d'autres facteurs. Adam Elhiraika, directeur de la division politique macroéconomique de la CEA, a affirmé que les droits de propriété sur les ressources naturelles représentaient l'obstacle majeur à une bonne gouvernance des ressources en Afrique. Le rapport recommande en particulier de renforcer les cadres institutionnels et réglementaires afin d'améliorer la transparence et la responsabilisation en matière de gouvernance économique.
Le rapport de la CEA s'appuie sur des études de cas réalisées dans huit pays à la géographie différente (Botswana, Cameroun, Côte d'Ivoire, Égypte, Madagascar, Nigeria, Tanzanie et Ouganda).