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«L’Oriental doit passer d’un modèle économique d’appui à un modèle d’accélération»

«L’Oriental doit passer d’un modèle économique d’appui  à un modèle d’accélération»

Le Matin Éco : Comment évoluent les investissements privés dans l’Oriental ? 
Noureddine Bachiri :
Selon les chiffres publiés par les institutions régionales compétentes, quelque 272 projets d’investissement pour un montant global de plus de 8,83 milliards de DH ont été étudiés en 2016. Ce qui a donné lieu à la mise en place et au lancement de 207 projets pour plus de 4,57 milliards de DH. Pour le premier semestre 2017, 142 projets ont été instruits pour un montant global de plus de 5,5 milliards de dirhams. Toutefois, ces chiffres demeurent loin de nos ambitions et du potentiel régional qui reste dans l’attente d’une réelle valorisation et d’un marketing territorial pouvant renforcer son attractivité et sa compétitivité. 
Une telle relance ne peut se concrétiser qu’à travers la mise en place d’écosystèmes à forte valeur ajoutée, pouvant redynamiser l’investissement et créer de l’emploi. Ceci dit, ces chiffres témoignent d’une forte volonté de relancer l’investissement et l’entrepreneuriat dans l’Oriental. Notre challenge à la CGEM-Oriental est de travailler avec l’ensemble des acteurs régionaux pour passer d’une région de grandes infrastructures réalisées par le public grâce à l’Initiative Royale à un pôle d’investissement avec l’éclosion d’un tissu économique de PME soutenu par une initiative privée forte et dynamique créant de la richesse et de l’emploi. Il faut absolument que la région passe d’un modèle économique d’appui à un modèle d’accélération.  

Quels sont les secteurs à fort potentiel d’investissement dans la région ?
Après avoir été une région caractérisée, pendant des années, par l'un des taux d'investissement les plus faibles du pays, l'Oriental a connu depuis l’Initiative Royale en 2003, un rattrapage colossal en infrastructures et des projets structurants pour créer une réelle dynamique d’investissement. Cette dynamique épaulée par des stratégies sectorielles nationales a consolidé la promotion de secteurs historiques de la région, notamment, l’agroalimentaire, les BTP, le tourisme, les mines, le commerce et les services, mais également l’émergence de nouvelles filières porteuses de valeur ajoutée comme les énergies renouvelables, l’offshoring et la logistique, et dernièrement le textile avec la mise en place d’importantes unités opérant dans cette filière et qui produisent pour le marché étranger. L’Oriental offre donc une diversité sectorielle. Mais cela reste dans l’attente d’intégration d’autres filières comme l’automobile, et/ou l’aéronautique pour renforcer l’offre régionale et booster son économie. 

Quelle est la stratégie de la CGEM et de l’État pour booster les investissements dans la région ? 
Notre priorité est d’attirer l’attention des pouvoirs publics pour accélérer le rythme de mise en œuvre des stratégies sectorielles et les décliner au niveau régional. Notre stratégie passe à travers notamment l'élaboration d’un modèle socio-économique régional basé sur la concertation et le partenariat public-privé. L’enclenchement d’un processus d’industrialisation régional doit passer par un développement des filières historiques de la région et une intégration d’autres dites métiers mondiaux du Maroc afin de maximiser le contenu en valeur ajoutée régionale et permettre à la région d’être plus attractive. Ensuite vient le développement de la compensation industrielle comme outil au service de l’industrialisation. Ce qui est recommandé aux pouvoirs publics, c'est de définir une stratégie globale avec le secteur privé, sur la compensation industrielle.

Et le tourisme dans tout cela ? 
Il a fallu de la persévérance et des moyens importants pour faire de l’Oriental une région à vocation touristique avec deux destinations de choix, la station balnéaire de Saïdia et Marchica. En chiffres, l’Oriental représente 11% des arrivées globales sur le Maroc, 3% des nuitées et 5% de la capacité litière. Sa capacité d’hébergement globale est d’à peine 5%. Par nuitées, l’Oriental ne capte que 3% de la clientèle touristique. En dépit de sa proximité avec l’Europe, la diversité et la richesse de sa culture et la qualité de ses sites archéologiques et historiques, la destination reste sanctionnée par le manque de structuration, l’élaboration d’un produit touristique phare et la perte de confiance des tour-opérateurs  notamment vis-à-vis de la destination Saïdia.  Outre la défaillance de la chaîne de valeur touristique et la rareté des compétences dans le domaine, ces entraves doivent être contrecarrées par une ferme volonté de doubler le nombre d’arrivées de touristes étrangers et d’étendre la saisonnalité de la station Saïdia, en pensant à un redimensionnement et un repositionnement de la stratégie promotionnelle de son offre. C’est la première station balnéaire du Plan Azur et elle mérite une longue réflexion pour sortir avec un meilleur packaging incluant toutes les saisons de l’année et en prévoyant des encouragements à l’investissement, à l’amélioration des services et à la diversité des marchés émetteurs, tout en priorisant le marché intérieur et en concevant des offres spéciales pour les MRE. 


Propos recueillis par S.N.

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