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L'Oriental, un potentiel en or qui a du mal à se libérer

La région de l’Oriental recèle un potentiel de croissance indéniable. Avec une agriculture performante et des infrastructures agro-industrielles modernes, elle pourrait faire de belles surprises économiques. Sauf que ce potentiel a du mal à éclore. La région souffre encore de la cherté du foncier, du manque de marchés garantis à l’extérieur et de l’absence d’incitations fiscales. Elle a l'ambition de devenir un pôle d’investissement avec l'émergence d'un tissu de PME soutenu par une initiative privée forte et dynamique créant de la richesse et de l’emploi.

L'Oriental, un potentiel en or  qui a du mal à se libérer

L’Oriental tourne en deçà de son potentiel. En dépit d’infrastructures de dernier cri, l’agropole de Berkane et le parc industriel de Selouane par exemple, la région a toujours du mal à séduire les investisseurs. Pour preuve : «Aujourd’hui, la commercialisation des plateformes industrielles de l’Oriental n’atteint toujours pas ses objectifs, malgré toutes les actions et incitations prévues pour une meilleure attractivité», déplore Noureddine Bachiri, président de la CGEM-Oriental. Selon lui, le rythme de commercialisation ainsi que la qualité des projets réalisés n’ont pas eu un réel impact sur l’absorption du chômage et la création d’une grande valeur ajoutée dans la région. «L’espoir qui a accompagné le lancement des plateformes industrielles s’éclipse et les unités industrielles de gros calibre ne se sont pas encore installées dans la région. Que ce soit au parc industriel de Selouane, à l’agropole de Berkane ou encore à la technopole d’Oujda, les attentes sont énormes pour générer plus d’emplois et de richesses», développe le responsable. La région nourrissait de grandes ambitions avec la mise en service en 2013 de l’agropole de Berkane, la région étant un réservoir agricole de grande envergure. «En principe, cette plateforme devait avoir un fort impact en termes de croissance et assurer de réelles opportunités pour la création d’entreprises. Seulement voilà, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. En effet, très peu d’objectifs assignés à cette agropole, que ce soit en termes de création d’emplois directs ou en termes de projets réalisés. À peine quelques unités qui sont opérationnelles et qui n’ont généré qu’une dizaine d’emplois, alors que les prévisions antérieures, lors de l’inauguration, prévoyaient la création d’au moins 5.000 postes directs», regrette Bachiri. À l’en croire, aucune industrie de transformation ne s’est décidée à investir sur place alors que la production agricole dans le périmètre irrigué de la Moulouya est l’une des plus prospères.  Mais pourquoi ça ne décolle toujours pas ? Bachiri avance plusieurs raisons : la conjoncture économique, l’éternelle question de la cherté du foncier, le manque de marchés garantis à l’extérieur, l’absence d’incitations fiscales et l’absence de visibilité chez certains entrepreneurs. Que faire alors ? «Nous suggérons des mesures incitatives qui doivent être prises pour redynamiser l’agropole telles qu’un accompagnement de l’État à travers le Fonds de développement agricole (FDA), la mise en place de projets clés en main pour les investisseurs étrangers ou encore la création de projets destinés aux jeunes diplômés à travers des startups innovantes et opérant en recherche et développement», réagit Bachiri. 

L’Oriental est une région agricole par excellence. Le chiffre d’affaires du secteur devrait engranger une bonne croissance d’ici 2020 pour atteindre 6,054 milliards de dirhams. Les journées de travail créées, elles, passeront à 21.646 à l’horizon 2020. Ce qui représentera un véritable levier pour la création d’emplois dans la région. 
Bon à savoir aussi : l’Oriental contribue à hauteur de 14% à la production nationale d'agrumes, 10% d’olives, 9% de betterave à sucre et 8% de viandes rouges. Pour les viandes toutes catégories confondues, les éleveurs de la région, estimés à 120.000, assurent une production de 41.000 tonnes de viandes rouges et 27.000 de viandes blanches par an. Dans la filière agrumes, l’Oriental a dépassé les prévisions de mi-parcours en plantant 19.400 hectares pour une production prévisionnelle de 265.000 tonnes. De même, la filière oléicole s’est renforcée par la plantation de 116.000 hectares avec une production prévisionnelle de 150.000 tonnes. Notons que les productions agricoles régionales, toutes filières confondues, totalisent plus de 2,181 millions de tonnes en 2016. D’ailleurs, les exportations de la région sont principalement agricoles avec une prédominance des agrumes. Ces derniers ont, en effet, représenté, lors de bonnes campagnes, plus de 25% du total des exportations nationales. «Donc, on peut dire que les exportations agricoles de la région restent compétitives malgré les aléas des marchés internationaux et les conditions climatiques souvent difficiles», résume Bachiri.

Sauf que ce joli arbre de performances ne doit pas cacher la forêt de contraintes que connaît le secteur en amont. Exemple : les grandes disparités entre le nord et le sud de la région. En effet, explique Bachiri, le climat, la valeur agricole des terres et les moyens de production utilisés, le mode de gestion et managérial participent conjointement à la persistance de ce déséquilibre agricole. «Au nord de la région, nous avons des cultures variées profitant d'un climat plus favorable et d'une infrastructure hydroagricole plus moderne. Il y a également des contraintes d’ordre technique et environnemental qui varient d’une filière à l’autre et d’une unité territoriale agricole à l'autre dont le faible recours à l’utilisation des intrants, particulièrement les semences sélectionnées pour les céréales en plus d’une insuffisance et une irrégularité des précipitations dans le temps et dans l’espace», détaille le président de la CGEM-Oriental. La liste des contraintes est encore longue. L’agriculture a des difficultés d’accès aux marchés internationaux malgré la mise en conformité des installations avec les normes sanitaires européennes. «Avec certaines normes supplémentaires imposées par les réseaux de distribution, les produits agricoles de la région trouvent toujours du mal à être valorisés à l’international, et ce, en dépit de leur bonne qualité compétitive», défend Bachiri. Résultat : la part exportable représente moins du quart de la production contre deux tiers, il y a une décennie. De plus, l’export est concentré sur la Russie à hauteur de 65%. 
 

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