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L'usage d'expressions en dialecte marocain dans des manuels scolaires expliqué par des raisons pédagogiques

La rentrée scolaire 2017-2018 ne se passera pas dans le calme pour le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saïd Amzazi. Ayant pris toutes les mesures nécessaires pour réussir cette rentrée, le ministre de tutelle va devoir, toutefois, répondre aux questions des parlementaires sur l’introduction de certaines expressions en «darija» dans les manuels scolaires. Une réunion de la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication de la Chambre des représentants est prévue pour bientôt.

L'usage d'expressions en dialecte marocain dans des  manuels scolaires expliqué par des raisons pédagogiques
Ph. Archives

Le ministère de l’Éducation nationale est rattrapé par une nouvelle polémique en ce début d’année scolaire. Cette fois, c’est l’utilisation de certaines expressions, en «darija», qui fait jaser les internautes. En effet, plusieurs photos de manuels scolaires contenant des mots et des expressions en «darija» enflamment la Toile depuis quelques jours.
Le département présidé par Saïd Amzazi n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué rendu public mardi, le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique a affirmé que «l'usage d'expressions en dialecte marocain (darija) dans des manuels scolaires du cycle primaire s'explique par des considérations purement pédagogiques».
Dans sa mise au point, le ministre a donc fait savoir que l’utilisation «des noms de gâteaux, de repas ou d'habits marocains» obéit à des raisons purement pédagogiques. Concernant «la publication par certains médias d'un document en langue française contenant un chant en dialecte écrit en arabe et en latin, le département de l’Éducation nationale dément catégoriquement que ce texte ait été tiré d'un manuel scolaire homologué», toujours selon la même source.

Malgré les explications fournies par son département, le ministre de tutelle va devoir apporter plus de détails devant les parlementaires. En effet, des groupes parlementaires ont demandé une réunion d’urgence de la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication de la Chambre des représentants en présence du ministre de l’Éducation nationale. La réunion aura un point unique à son ordre du jour, celui de l’intégration de mots en «darija» dans certains manuels scolaires de l’enseignement primaire.
Officiellement dans les rangs de l’opposition, le groupe parlementaire à la première Chambre du Parti de l’Istiqlal était le premier à ouvrir le feu sur les nouvelles mesures prises par le ministre de l’Éducation nationale. Exigeant une réunion de la Commission parlementaire, le groupe a affirmé dans une lettre signée par son président, Noureddine Mediane, que «cette tentative d’infiltrer dans les manuels scolaires des expressions en “darija” entre dans le cadre de la polémique créée autour de la gestion linguistique dans le pays».  Le Parti de la justice et du développement (PJD), à la tête du gouvernement, a emboité le pas au parti de la balance. En plus de sa demande d’une réunion de la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication de la Chambre des représentants, le groupe parlementaire présidé par Idriss Azami Al Idrissi a adressé deux questions orales au Chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani et au ministre de l’Éducation nationale. Se revendiquant comme un grand défenseur de la langue arabe, le parti du Chef du gouvernement a affirmé que l’utilisation d'expressions en «darija» va à l’encontre des dispositions de la Constitution.

De son côté, le ministère de l’Éducation nationale a appelé, dans sa mise au point, tous les acteurs pédagogiques et les composantes de la société «à se mobiliser pour réussir l'actuelle rentrée scolaire et à ne pas céder à tout ce qui est de nature à perturber les chantiers de réforme visant à améliorer la qualité du système éducatif et à promouvoir sa performance». 

Chakib Guessous : la Darija dans les manuels scolaires n’est pas une priorité

La question de l’introduction de certains mots en Darija dans les manuels scolaires a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, entre ceux qui dénoncent cette initiative et ceux qui qualifient les réactions de «faux débat». Invité de l’Info en Face, Chakib Guessous, médecin radiologue et socio-anthropologue, y voit un débat à ne pas placer en haut des priorités pour le secteur éducatif. «Dans la société marocaine, il y a des catégories qui militent pour l'arabe classique et d’autres qui aimeraient une langue arabe modernisée et souple», temporise M. Guessous, pour qui les réactions, aussi diverses soient-elles, constituent un élément positif en société. Ce qui est alarmant pour lui, c’est plutôt la qualité des cours et le niveau d’apprentissage des élèves. «Le problème n’est pas d’avoir trois mots dans un manuel scolaire, il se situe au niveau des acquis des élèves : vont-ils avoir une connaissance parfaite de la lecture, de l’écriture ou du calcul ? C’est là où l’on doit placer le vrai débat», regrette le sociologue.

 

 

 

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