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Malika El Fassi, la seule femme signataire du texte du Manifeste de l'indépendance

Malika El Fassi, avec d'autres femmes, était militante de la première heure du Mouvement nationaliste. Figure féminine emblématique, elle est la seule femme signataire du texte du Manifeste de l'indépendance le 11 janvier 1944. Elle s'est éteinte le 12 mai 2007, à 87 ans.

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Femme responsable, Femme politique, journaliste, femme active, femme au foyer, elle incarna la femme complète. Intellectuelle et politique, libérale et enracinée dans la tradition ancestrale du Royaume, elle continue d'être l'exemple pour les millions de Marocaines qui, dans son sillage ou dans ses pas, mènent de nos jours le combat pour l'émancipation des femmes, leur dignité et pour la modernité du Maroc.
Elle, c'est Malika El Fassi, avec d'autres femmes elle était militante de la première heure du Mouvement nationaliste, figure féminine emblématique, puis, ce que la mémoire collective retient surtout, la seule femme signataire du texte du Manifeste de l'indépendance le 11 janvier 1944. Engagée dès son jeune âge dans la lutte de libération aux côtés des militants du Mouvement national, elle a pris part à toutes ses étapes historiques et a également participé à l'élaboration du programme politique et du cahier des revendications qui formaient alors le corpus devant aboutir au texte du Manifeste du 11 janvier.

De ce point de vue, elle n'était pas marginalisée ou inactive, mais plutôt intégrée comme une femme responsabilisée, écoutée et appréciée. Son éducation, libérale, à une époque traversée par des courants divers, ne l'empêche pas de demeurer attachée la tradition. Sa formation acquise au sein de sa famille et notamment auprès de son père, Al Mahdi Ben Mohamed Ben Tahar El Fassi, libéral, mais farouche opposant au protectorat qu'il combattit de toutes ses forces, avait fait d'elle l'une des «combattantes» de la cause nationale.
Malika Al Fassi est née au début des années 1920. Elle est issue d’une famille bourgeoise bien enracinée à Fès. Elle est la cousine de Allal Al Fassi, le fondateur du Parti de l’Istiqal, et de Abdelkébir qui a participé à la lutte armée en 1953. Elle est l’épouse de Mohamed Al Fassi, son cousin, un autre nationaliste qui fut par la suite ministre de l’Enseignement, puis recteur des universités marocaines. Elle a fait des études très courtes à «Dar Fquiha», une école coranique pour filles. Elle les a poursuivies chez elle avec l’aide de professeurs de l’Université traditionnelle de la Quaraouiyne, car à ce moment-là les femmes n’avaient pas le droit d’accéder à l'université. En tant que membre de l'Association des femmes indépendantes, elle s’occupa de la sensibilisation et de la mobilisation des femmes de la bourgeoisie, ainsi que dans les milieux populaires. Elle assura la liaison entre les nationalistes. C’est elle qui rédigea ou transcrivit tous les documents que les nationalistes voulaient faire parvenir à S.M. Mohammed V.
Après l’indépendance, elle fut à l’origine de la création d’un nombre impressionnant d'associations, dont la plus connue est l’association «Al Mouassat», qui gère un orphelinat à Rabat depuis des décennies. Elle fut une des premières femmes à adhérer au mouvement nationaliste en 1937. Elle était aussi la première journaliste femme au Maroc, la première à publier des articles dans la revue «Al Maghreb» pour défendre le droit des femmes à l’instruction qu’elle signa du nom de «Fatat Al Hadira» et, après son mariage, du nom de «Bahitat Al Hadar».
Plus qu’une simple femme de caractère, Malika Al Fassi est une véritable légende. Au moment où les leaders du mouvement nationaliste étaient en prison, elle fut, à elle seule, le comité exécutif du parti, assurant la relève avec une grande efficacité. Alors que la plupart des femmes vivaient dans le confinement et l’ignorance, elle a été de toutes les batailles, de toutes les confrontations avec les forces du Protectorat. À un moment donné, elle a même assuré la coordination de l'ensemble des actions des cellules du parti. Son franc-parler, son sens de la répartie et son humour incomparable font d’elle un personnage de roman.

Le cadre familial aura constitué pour Malika El Fassi le premier passage vers une prise de conscience aiguë de la politique et de l’engagement. Les études ensuite étaient venues enraciner la conviction, portée par son père, que l’éducation, l’enseignement et la culture constituaient une arme efficace contre le colonialisme. Lalla Malika en prit d’autant plus acte que, elle-même, bénéficiaire d’une éducation moderne, parlant l’arabe et le français, s’engagea plus tard dans la même voie émancipatrice. Le mariage en 1936 n'altéra nullement son ardeur au combat. Bien au contraire, elle mettra à profit les innombrables réunions politiques organisées dans la maison de son père au cours desquelles, outre Mohamed El Fassi, son mari et cousin, homme de lettres qui représentera plus tard le Maroc à l'Unesco, se regroupaient Ahmed Balafrej, Omar Benabdjelil, Mohamed Hassan El Ouazzani et d'autres personnalités engagées dans ce qui sera plus tard le Mouvement national. Ce fut là un vivier politique, une sorte de destinée, car elle y vécut à l'ombre des grandes figures du nationalisme et apprit, là aussi sur le tas, la politique. Qu'elle soit devenue ensuite de facto un membre de ce Mouvement n'étonne pas. Elle était au cœur du combat patriotique. 

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