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Managers, ne laissez pas les changements détruire votre capital humain !

Les dirigeants d’entreprises sont-ils prêts à anticiper l’impact de toutes les mutations qui caractérisent cette ère d’accélération sur l'humain ? Conçoivent-ils le bonheur en entreprise comme un garant de la performance ? Ce sont là quelques questions qui interpellent les acteurs économiques et que l’Association pour le progrès des dirigeants (APD) a tenté d’élucider lors de sa dernière conférence organisée sur le thème «Bonheur au travail et performance économique».

Managers, ne laissez pas les changements détruire votre capital humain !
Henri Lachmann : «Il est possible d’allier bien-être et performance au travail. Mieux encore, la recherche du bien-être est un facteur de performance.» Ph. Saouri

La question du bonheur et du bien-être s’impose plus que jamais aux dirigeants d’entreprises. Le constat dressé par Farida Jirari, directrice générale de l'APD, est alarmant. «La santé et le bien-être des travailleurs sont directement affectés par les changements en entreprise : fréquence accrue des réorganisations et restructurations portées par la financiarisation de l’économie, l’impérative digitalisation, le développement des organisations matricielles, la peur du chômage et de l’incertitude sur l’avenir... autant de facteurs qui génèrent chez les salariés un sentiment d’insécurité et fragilisent en permanence leur bien-être au travail, gage de toute performance sociale ou économique». Une performance qui va même au-delà de la productivité et la compétitivité industrielle et se traduit au niveau de l’image de marque de l’entreprise, ses valeurs humaines et sa capacité à offrir un environnement d’évolution professionnelle et d’épanouissement personnel. La question est complexe et cruciale, avoue Mme Jirari. Elle requiert donc une nouvelle manière à la fois de l’approcher et d’y répondre tant sur le plan stratégique qu’opérationnel. Et pour permettre aux dirigeants d’avoir une vision globale sur le sujet, l’APD a invité un expert en management. C'est Henri Lachmann, ancien président de Shneider Electric et docteur Honoris Causa de Grenoble École de 
Management. M. Lachmann n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, il est possible d’allier bien-être et performance au travail. Mieux encore, la recherche du bien-être est un facteur de performance. Par contre, celui qui a été l’un des rédacteurs d’un rapport destiné à la primature française en 2010 sur le «Bien-être et efficacité au travail» met en garde contre l’incapacité des managers à anticiper les changements, tellement ils sont imprévisibles et brutaux, d'où le besoin de les accompagner. L’environnement dans lequel évoluent les entreprises est aujourd’hui très complexe pour plusieurs raisons, M. Lachmann en a d’ailleurs énuméré quelques-unes : la mondialisation, la restructuration incessante des structures, l’éloignement des dirigeants de la base... des facteurs qui décrédibilisent le management de proximité et créent une certaine méfiance ou incompréhension qui doit être compensée, la digitalisation qui certes connecte, mais isole, communique mais déshumanise, dénonce l’expert. Et d’ajouter que «cette cannibalisation des relations humaines et cet isolement doivent être compensés par de la présence, par des échanges, par des rencontres conviviales, par le contact et la communication directe, parfois plus efficace qu’un mail …» Autre élément de cet environnement, et non des moindres, la financiarisation accrue de l’économie, qui fait de la performance financière la seule échelle de valeurs dans les comportements managériaux et dans la mesure de la performance en occultant la performance sociale. «Travailler uniquement pour l’objectif financier de l’entreprise risque d’impacter négativement le sens que les collaborateurs souhaitent donner à leur travail. Il faut détruire l’exclusivité de l’objectif financier et faire émerger et créer des richesses immatérielles, dont le bien-être», explique l’invité de l’APD. À tous ces maux, M. Lachmann préconise un plus haut niveau de vigilance de la part des managers et notamment des responsables des Ressources humaines qui doivent agir sur un certain nombre d’éléments. Il s’agit notamment d’avoir une meilleure implication de la direction générale et de son conseil d’administration, d’intégrer le facteur humain dans l’évaluation de la performance, de développer un management de proximité plus efficace, d'impliquer le salarié pour l’amener à se réaliser dans le travail, de créer des espaces d’échanges plus décontractés, d'impliquer les partenaires sociaux, de mettre en place des indicateurs de mesure, des conditions de santé et sécurité au travail, et d'éviter de réduire le collectif de travail à une addition d’individus. En bref, prendre en compte l’impact des changements sur l'humain et agir en permanence pour faire de ces mutations un facteur d’évolution des entreprises et de ses ressources humaines. 

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