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Le mariage des mineures dans le collimateur des Associations locales

Dans le cadre de ses activités visant la promotion des droits de la femme, l’Union de l’action féminine (UAF) a récemment organisé, en partenariat avec l’Association Tamkine et le Centre des droits des gens de Sidi Kacem, la deuxième Rencontre régionale de lutte contre la violence à l’égard des femmes.

Le mariage des mineures dans le collimateur des Associations locales

«Non au mariage des mineures… Stop à la violence de l’enfance» était le thème de la deuxième Rencontre régionale de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Cet événement, auquel ont pris part des représentants d’associations des droits humains, des juristes, des médecins et des experts, s’est distingué par la présentation d’exposés ayant permis de mettre toute la lumière sur cette question épineuse qui ne cesse d’alimenter les débats sur la place publique.
Dans une déclaration au journal «Le Matin», Rim Bribri, secrétaire générale de l’UAF-section Kénitra, a souligné que l’organisation de cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre la violence faite aux femmes.

«Le choix du thème répond à un souci majeur des associations des droits humains nationales, sachant que nous avons constaté ces dernières années avec stupeur, et malgré l’adoption du Code de la famille, l’augmentation du nombre de mariages précoces et la baisse de l’âge du mariage», a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : «À travers cette rencontre, nous aspirons à créer une dynamique régionale et la mise en place d’un plan d’action auxquels s’associent l’ensemble des acteurs concernés. Un comité de travail et de suivi a été créé pour la réalisation de ces deux objectifs». 
Pour sa part, lors de son allocution, Nezha Alaoui, avocate, militante et membre fondateur de l’UAF, a tenu à souligner qu’au moment où le Maroc a réalisé de grands pas dans le processus de construction de l’État de droit, la violence et la discrimination à l’égard des femmes ne cessent de prendre de l’ampleur. Elle n’a pas manqué de rappeler les contradictions et les paradoxes qui caractérisent la société marocaine tiraillée entre modernité et conservatisme. «Nous n’avons pas manqué d’exprimer notre optimisme lors de l’adoption de la Moudawana en 2004. Cependant, 14 ans après son entrée en vigueur, nous avons constaté l’existence d’un hiatus entre la loi, son esprit et sa mise en application. Nous sommes convaincues qu’il est temps d’y apporter quelques modifications, notamment en ce qui concerne l’article 20 du code de la famille», a-t-elle indiqué. L’article en question stipule que le juge de la famille peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l'âge de la capacité matrimoniale prévu à l'Article 19, par décision motivée précisant l'intérêt et les motifs justifiant ce mariage. Il aura entendu, au préalable, les parents du mineur ou son représentant légal. De même, il aura fait procéder à une expertise médicale ou à une enquête sociale.

La décision du juge autorisant le mariage d'un mineur n'est susceptible d'aucun recours.
Nezha Alaoui a indiqué, à cet égard, que l’application de cet article diffère d’une région à une autre du Royaume et d’un tribunal à un autre. Le phénomène du mariage des mineures, a-t-elle fait savoir, est plus présent dans les zones où sévissent pauvreté et ignorance, auxquelles il faut ajouter les questions liées à l’héritage.Plusieurs intervenants n’ont pas manqué de souligner que cette rencontre a constitué l’occasion idoine pour la création d’une dynamique régionale. Celle-ci vise à contribuer au débat national sur la promotion des droits des femmes, en général, et sur la lutte contre le phénomène du mariage des mineures qui ne cesse de prendre des proportions qualifiées d’inquiétantes.À titre indicatif, et selon les statistiques présentées lors de cette journée, le nombre de demandes de mariage des mineures enregistrées au niveau du tribunal de la famille de Kénitra a atteint le chiffre de 700 en 2017, dont 10% ont été rejetées. Jusqu’à la mi-novembre 2018, ce chiffre est de 650 demandes, dont 10% ont été refusées.

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