Le Matin : Les échos qui parviennent de la Conférence de Bangkok font état de la lenteur de la mise en œuvre de l'Accord de Paris. Quelles ont été les recommandations faites par le Maroc à ce sujet ?
Le Maroc, bien que faible émetteur de gaz à effet de serre, s'est engagé à réduire de 42% ses émissions. Quelles sont les réalisations assurées jusqu’à présent ?
Le Royaume du Maroc affiche, à travers son NDC (contribution déterminée à l'échelle nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ndlr), une ambition de réduction totale de 42% des émissions de gaz à effet de serre en 2030, dont 25% conditionnées par un appui financier de la communauté internationale. La NDC Maroc dispose aussi d’un volet consacré à l’adaptation décliné en plusieurs objectifs sectoriels chiffrés pour les horizons 2020 et 2030. Le secrétariat d’État chargé du Développement durable a lancé une série de consultations sectorielles en vue d’interagir avec les institutions ministérielles concernées, ce qui a donné lieu à une feuille de route de la mise en œuvre de la NDC. Cette feuille de route s’articule autour de cinq axes : sensibilisation et mobilisation, gouvernance, intégration des objectifs de la NDC dans la planification sectorielle, déclinaison des objectifs de la NDC à l’échelle territoriale et locale et enfin mobilisation du financement. Quant aux réalisations sectorielles, je rappelle qu’au niveau du secteur de l’énergie, en particulier au titre du plan solaire marocain, plusieurs projets sont à des niveaux d’achèvement total ou partiel (Noor Ouarzazate I, II et III), NOOR PV I (Boujdour, Laâyoune et Ouarzazate, Noor Midelt) et Noor PV II. Pour le secteur de production d’électricité, l’objectif d’atteindre une capacité installée de 52% en matière d’énergie renouvelable à l’horizon 2030 est un engagement ferme de l’État et tous les programmes y afférents seront réalisés. Aujourd’hui, cette capacité renouvelable dépasse les 35% dans le mix énergétique. Pour le secteur des déchets, notamment les actions liées au traitement mécano-biologique et co-incinération des déchets ménagers et à la valorisation des émanations de gaz à effet de serre en provenance des décharges et des stations de traitement des eaux usées, plusieurs projets ont été lancés par les différentes préfectures et provinces. Plusieurs actions et programmes ont été également lancés dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, des forêts, du bâtiment et du transport.Lors de sa présidence de la COP 22, le Maroc a fait du soutien aux pays les plus vulnérables au changement climatique l'axe principal de sa feuille de route. Comment s'est concrétisé ce soutien ?
La COP 22 a connu le lancement par le Maroc de plusieurs initiatives dans le cadre de l’Agenda de l’action pour le climat. On en cite l’Initiative «Adaptation de l’agriculture en Afrique» (AAA) qui vise à contribuer à la sécurité alimentaire en Afrique par la promotion des pratiques d’adaptation au changement de climatique, le renforcement des capacités des acteurs et la canalisation des flux financiers vers les agriculteurs les plus vulnérables. Une deuxième initiative «Soutenabilité, stabilité et sécurité» (3S) portée par le Maroc et le Sénégal, et dont l’objectif est de fournir des alternatives à la migration forcée et à la radicalisation en se focalisant sur les groupes vulnérables, à travers notamment la création de la richesse et de l’emploi en faveur des jeunes, des femmes et des migrants de retour, en restaurant les terres dégradées. Le Maroc, à travers le centre de compétences en changement climatique (4C Maroc), apporte son soutien aux commissions climat créées à l’occasion du premier Sommet africain de l’action tenu à Marrakech en marge de la COP 22, à savoir la Commission climat du Bassin du Congo, présidée par la République du Congo, la Commission climat du Sahel, présidée par le Niger, et la Commission des États insulaires d’Afrique, présidée par les Seychelles. Entretin réalisé par Samir Benmalek
