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Raffermissement, complémentarité et vision commune. Les relations économiques entre le Maroc et l’Espagne, autant exemplaires qu’historiques, poursuivent cette année encore leur dynamisme, enclenché depuis près d’une décennie. Pour la 7e année consécutive, l’Espagne est le premier client et fournisseur du Maroc. Une prouesse qui a le mérite d’être citée en exemple, puisque les deux pays ont réussi à retrier les cartes et à développer des relations bilatérales Win-Win basées sur les avantages comparatifs de chacun et en prenant en compte leurs ambitions africaines. Cette complémentarité des échanges entre l’Espagne et le Maroc, qui se base sur une intégration efficace dans la chaîne de valeur globale au niveau des deux rives du Détroit, transparaît dans des secteurs comme l’automobile, le textile ou le câblage électrique. Une complémentarité qui s’est traduite par des croissances importantes du commerce bilatéral ces dernières années. Depuis 2011, l’Espagne et le Maroc ont doublé leurs échanges, qui passent de 7 milliards à 14,3 milliards d’euros. L’année 2017 a enregistré des progressions à deux chiffres. Les exportations marocaines vers l’Espagne ont ainsi augmenté de 11,2% l'année dernière pour représenter 6,2 milliards d’euros. Les importations en provenance du voisin ibérique ont, de leur côté, augmenté de 12,5% à 8 milliards d’euros.
25 milliards d’euros d'échanges d’ici 2022
Cette dynamique se poursuit également cette année. Entre janvier et juillet 2018, le Maroc a vendu pour 4 milliards d’euros à l'Espagne (+6,4%), alors que cette dernière nous a fourni l'équivalent de 5 milliards d’euros, en progression de 7,8% par rapport aux 7 premiers mois de 2017. À ce rythme, le flux commercial entre les deux pays se situerait à près de 25 milliards d’euros d’ici 2022. En termes de parts de marché, l’Espagne est le premier client du Maroc au terme du premier semestre 2018 avec des importations représentant 41,2% du total des exportations marocaines vers l’Europe. L’Espagne est suivie de la France (29,4%) et de l’Italie (6,4%). Par ailleurs, l’Espagne est le premier fournisseur du Maroc avec des exportations représentant 36,1% de l’ensemble des expéditions communautaires, suivie de la France (18,9%) et de l'Allemagne (8,8%). Autre chiffre révélateur de ce changement de paradigme, le taux de couverture de l’Espagne avec le Maroc au mois de juillet 2018 s'est élevé à 123%, ce qui confirme l’évolution vers plus d’équilibre et de complémentarité. Pour rappel, ce taux représentait 170% en 2012. Cette idylle commerciale se confirme également en matière d'investissement, le Maroc étant la première destination des investissements espagnols en Afrique. Il reçoit plus d'un tiers des investissements directs espagnols destinés au continent avec un stock estimé à plus de 4,3 milliards d’euros en 2017. De même, la moitié des exportations africaines de l’Espagne sont absorbées par le Maroc. «C’est donc incontournable pour l’Espagne de passer par le Maroc pour percer l’Afrique», nous déclare un responsable à l’ambassade d’Espagne au Maroc. Selon ce dernier, le développement des relations entre les deux pays devra passer un nouveau cap en remportant, ensemble, de nouveaux marchés en Afrique. Notre source se félicite de la mise en place il y a quelques années du Conseil économique Maroc-Espagne qui regroupe plusieurs grandes entreprises des deux rives du Détroit avec l’ambition de créer des joint-ventures pour se développer en Afrique, notamment en accompagnant les projets industriels du groupe OCP, ou dans des secteurs stratégiques comme l’électricité, la finance et le bâtiment et travaux publics.
Qu’achète le Maroc à l’Espagne et que lui vend-il ?
À fin juin 2018, le Maroc importe principalement de l’Espagne des carburants et huiles minérales (16,4%), machines et dispositifs mécaniques (11,9%), véhicules à moteur et tracteurs (10,1%), appareils et équipements électriques (9,8%) et plastiques (5,5%). Les principaux produits exportés par le Maroc sont les appareils et matériel électriques (29,4%), les vêtements non tricotés (17,7%), les poissons, crustacés et mollusques (9,6%), les fruits et conserves (8,6%) et les véhicules à moteur et tracteurs (6,2%).
Plus de 800 entreprises espagnoles installées au Maroc
La présence des entreprises espagnoles au Maroc a augmenté ces dernières années pour représenter actuellement 600 sociétés, filiales d’entreprises espagnoles, qui détiennent plus de 10% du capital de sociétés de droit marocain. Sur ce total, 492 entreprises détiennent plus de 50% du capital. On estime, par ailleurs, à 200 le nombre d’entreprises qui sont constituées directement au Maroc par des entrepreneurs espagnols n’appartenant à aucune société mère ibérique. Ces 800 entreprises emploient plus de 14.000 personnes. Ceci sans compter les emplois indirects. En effet, l’industrie textile emploie à elle seule environ 60.000 personnes dans la région Nord du Maroc, dont 95% de la demande est espagnole. Concernant les secteurs d’activité, ils sont très diversifiés : agriculture et industrie agroalimentaire, transport et logistique, industrie automobile, textile, ingénierie, BTP, tourisme et gestion hôtelière, TIC, services financiers et la liste est longue.
Gestion déléguée : Alsa et Vectalia avancent leurs pions dans le transport urbain
Les entreprises espagnoles entendent bien se positionner dans le filon du transport urbain au Maroc. Deux groupes majeurs ont ainsi remporté d'importants marchés dernièrement, Alsa et Vectalia. Alsa s’est alliée à City Bus Transport pour remporter la gestion déléguée du transport urbain par autobus de Rabat-Salé-Témara. Le groupement a formé une joint-venture et compte mener un programme d’investissement dépassant les 700 millions de DH pour mettre à niveau notamment la flotte. Le nouveau délégataire s’est également engagé à introduire des bus de dernière génération dès le démarrage du service. Équipés de WiFi et de billettique électronique, les nouveaux bus disposeront d’un accès pour personnes à mobilité réduite.
Concernant Vectalia, elle a remporté le marché de la gestion du transport urbain (50 bus) et du transport de personnel (20 bus) à Safi. Elle entamera ses activités le 1er janvier 2019 pour une durée de dix ans, qui peut être prorogée de 5 années supplémentaires. Pour ce nouveau marché, après celui remporté à Nador en juin dernier, Vectalia prévoit un investissement de 26 millions d’euros et la création de 60 emplois. n
Textile : Le Maroc, un des meilleurs fournisseurs mondiaux d’Inditex
L’histoire de l’industrie textile au Maroc, en particulier dans le Nord, est fortement liée à une entreprise : Inditex. Le groupe espagnol, une des principales sociétés de distribution de mode dans le monde, est le principal donneur d’ordre de cette industrie marocaine. Un secteur qui emploie, pour rappel, environ 60.000 personnes dans le nord du Maroc, une région où la demande est à environ 95% espagnole. Dans le détail, Inditex compte plus de 121 fournisseurs au Maroc et plus de 310 usines travaillent pour son compte, principalement installées à Tanger, selon le groupe. Ce qui fait du Maroc l’un des premiers fournisseurs mondiaux d’Inditex. Le groupe y fabrique, à titre d’exemple, 50% de la production mondiale de sa marque Zara. Pour rappel, Inditex possède 6.104 magasins répartis sur 86 marchés. Il regroupe plus d'une centaine de sociétés liées aux différentes activités exercées dans les domaines de la conception, de la confection et de la distribution textile. Parmi ses marques phares, on compte Zara, Pull & Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oysho, Zara Home et Uterqüe.
Énergie solaire : Le Maroc opte pour la technologie espagnole
Le Maroc a déployé une stratégie ambitieuse dans les énergies renouvelables. Parmi les premiers projets de ce plan figure le complexe solaire Noor Ouarzazate. Dans ce complexe, le groupe espagnol Sener fait partie du consortium de constructeurs clé en main des centrales Noor Ouarzazate I et Noor Ouarzazate II dotées de la technologie des capteurs cylindro-paraboliques SENERtrough, ainsi que Noor Ouarzazate III qui applique les innovations de la centrale Gemasolar de Séville en Espagne, développée et construite par Sener. Pour la centrale solaire thermoélectrique Noor Ouarzazate III, SENER prend en charge l'ingénierie conceptuelle et basique de cette installation. Le groupe prend aussi en charge l'ingénierie détaillée, la fourniture des équipements du système de stockage thermique, l'ingénierie et la construction du champ solaire et du récepteur des sels fondus ainsi que la mise en service totale de cette centrale. Cette centrale doit être livrée à la fin de ce mois d'octobre. Sener est un groupe privé d'ingénierie et de technologie fondé en 1956. Il emploie près de 2.500 personnes dans près d’une quinzaine de pays. Outre ses activités d'ingénierie et de construction, Sener détient des participations industrielles dans des entreprises spécialisées dans l'énergie et l'environnement. Il fait partie aujourd’hui des références mondiales dans les secteurs de l'aérospatiale, de l'infrastructure et des transports, de l'énergie, du pétrole, du gaz et du génie marin.
Banque et Finance : La Caixa, 9 ans au service des entreprises espagnoles au Maroc
CaixaBank est un groupe financier leader sur le marché espagnol tant dans le secteur bancaire que dans celui de l’assurance. Le groupe a commencé ses activités en 1904 à Barcelone en offrant des produits d’épargne et des fonds de pension. CaixaBank compte plus de 13 millions de clients et des actifs qui dépassent les 340 milliards d’euros. Au Maroc, le groupe dispose d’une succursale à Casablanca depuis 2009, ainsi que d’une agence à Tanger depuis début 2014 et à Agadir depuis 2017. La banque fournit ses services principalement aux entreprises espagnoles installées au Maroc, mais également aux grandes entreprises internationales et locales. À travers sa fondation «la Caixa», la banque mène plusieurs activités RSE au Maroc. Il s’agit en tout de 7 projets internationaux de coopération dans l’objectif de soutenir le développement durable, améliorer la situation socio-économique et promouvoir l’éducation et la formation de personnes en difficulté. n
Pales d'éoliennes : Siemens Gamesa construit à Tanger la première usine en Afrique et au Moyen-Orient
La première usine de pales d'éoliennes en Afrique et au Moyen-Orient a été inaugurée à Tanger. Fruit d’un investissement de 100 millions d’euros par le groupe Siemens Gamesa, l’usine a produit cette année les premières pales d’éoliennes 100% Made in Morocco. L'usine de 37.500 mètres carrés est stratégiquement située dans la zone industrielle de Tanger Automotive City, à environ 35 kilomètres du port Tanger Med et idéalement positionnée entre l'Europe et l'Afrique. La capacité installée totale de l'entreprise est proche de 80 GW. L’usine contribuera fortement à l'extension de la base industrielle du Maroc et constitue une dynamique forte pour la croissance économique. L'investissement créera en effet 600 emplois directs.
Un centre de formation de 3.500 mètres carrés a été créé pour faciliter le transfert des connaissances des experts de Siemens Gamesa aux collaborateurs marocains. Avant leur fusion, aussi bien Siemens Wind Power que l’espagnol Gamesa ont livré des projets clés d'énergie éolienne pour le marché marocain incluant Tarfaya (300 MW), Tanger (140 MW), Essaouira (60 MW) et Haouma (50 MW).
