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«Le Maroc est pour nous un pays d’intervention, mais aussi une porte d’entrée dans une région»

En visite au Maroc, le président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Sir Suma Chakrabarti, a rencontré plusieurs hauts responsables, notamment le Chef du gouvernement. Dans un entretien accordé au «Matin», il revient sur les engagements de cette Banque dans le Royaume, ses réalisations et ses ambitions. Pour M. Chakrabarti, le Maroc est «un pays très important, non seulement en tant que pays d’intervention, mais également en tant que porte d’entrée dans une région».

«Le Maroc est pour nous un pays d’intervention, mais aussi  une porte d’entrée dans une région»
Sir Suma Chakrabarti.

Le Matin : Vous êtes en visite officielle au Maroc à la tête d’une importante délégation de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Sur quoi ont porté vos discussions avec les représentants du gouvernement marocain ?
Sir Suma Chakrabarti
: J’en suis aujourd’hui à ma troisième visite du Maroc. Le Royaume est un pays fondateur de la BERD et un pays d’intervention important depuis plus de cinq ans. Nous sommes donc ici pour discuter de deux sujets importants. Le premier est de savoir comment capitaliser sur le succès déjà réalisé au Maroc puisqu’on a déjà plusieurs projets en cours. Le deuxième sujet porte sur le rôle du Maroc en tant que leader en Afrique, mais également au sein de la BERD. On est là également pour discuter de ce qui intéresse le Maroc en termes de plus d’activité de l’Institution aussi bien au niveau national qu’au niveau de la région en général.

La BERD est aujourd’hui un partenaire important pour le Royaume avec un total d’investissement de plus de 1,5 milliard d'euros répartis sur 36 projets dans le pays. Est-ce que ces projets ont atteint les résultats escomptés ? Pourriez-vous nous citer quelques projets réussis ?
Nous avons eu des projets variés et de grande envergure. Le port de Nador en est un. Mais ce dont je suis fier en particulier, c’est le travail qu’on a accompli pour stimuler les petites entreprises au Maroc, car c’est un travail important pour la création d’emploi. Nous avons ouvert un bureau à Tanger, ce qui a permis d’apporter des solutions à certains problèmes au niveau de la région.
Deux tiers de nos activités au Maroc portent sur le secteur privé et je suis très fier de ça, car ce secteur a toujours besoin d’être stimulé afin de créer plus d’emplois. Et c’est d’ailleurs ce qui fait de la BERD la banque la plus active avec le secteur privé. Je suis également très fier des importants projets initiés dans l’économie verte, un secteur qui intéresse beaucoup le Maroc. D’ailleurs, on investit 40% de notre portefeuille dans l’économie verte et il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine.

Votre institution accorde une grande importance aux PME. Quelle est l’offre que vous proposez à ces entreprises au Maroc ? Et quels sont d’après vous les grands défis auxquels elles font face ?
L’un des défis principaux pour les PME au Maroc comme dans un certain nombre de pays est l’accès à la liquidité bancaire. Et pour une banque internationale comme la BERD, il est encore plus difficile d’être attractif pour cette catégorie d’entreprises. Toutefois, on a travaillé très dur pour réduire les coûts et donc d’ici six mois je pense qu’il y aura de nouvelles lignes de crédit qui vont arriver dans les banques marocaines qui, à leur tour, vont pouvoir accorder des prêts aux PME. Il faut savoir aussi que quand vous êtes patron d’une PME, vous êtes également à la recherche de conseil sur la gouvernance d’entreprise, le montage d’un business plan ou autres, donc la BERD travaille beaucoup sur ce volet de l’accompagnement. On s’intéresse beaucoup à ce domaine et on apporte beaucoup en matière de conseil, ce qui peut avoir un impact positif sur la création de l’emploi.

En matière d’évaluation du risque pays, où la BERD situe-t-elle le Maroc par rapport à son voisinage arabe et méditerranéen ? comment l'expliquez-vous ?
Je pense que le risque du Maroc n’est pas très élevé. Le pays a pu mettre en place un modèle économique réussi en contrôlant les déficits budgétaires. Je peux dire que la performance marocaine est très bonne et donc le risque n’est pas très important. Et comme il ne faut pas montrer de complaisance, il faut dire que le Maroc doit continuer à améliorer sa performance et son climat d’affaires pour être plus compétitif et attirer davantage d’investisseurs étrangers. La réforme doit donc se poursuivre et je crois que le gouvernement est très engagé dans cette voie.

Avez-vous de nouveaux projets pour le Maroc ? sur quoi portent-ils ?
Nous allons principalement mettre l’accent sur le secteur privé qui est notre force puisque deux tiers de nos investissements lui sont consacrés. Mais nous pouvons encore faire plus, notamment sur le plan du travail avec les PME, l’économie verte, les femmes-chefs d’entreprises ou l’emploi des jeunes. Nous voulons également faire plus avec le gouvernement sur le plan de la réforme des entreprises publiques et aussi au niveau des grands projets du secteur public. Il y aura donc une grande variété de projets qui toucheront plusieurs secteurs au Maroc.

Avant cette visite, votre vice-président, Pierre Heilbronn, a également effectué une visite au Maroc en fin janvier dernier. Quelques mois auparavant, vous aviez ouvert une nouvelle antenne à Tanger. Comment expliquez-vous cet intérêt grandissant pour le Maroc de la part de votre institution ?
Au cours de ces deux derniers mois, il y a eu la visite de deux vice-présidents, la mienne et quatre vice-présidents vont effectuer prochainement des visites au Maroc, qui est un pays très important pour nous, non seulement en tant que pays d’intervention, mais également comme porte d’entrée dans une région plus grande. C’est pour cela que nous essayons de faire de notre mieux au Maroc et nous allons faire encore plus en tentant d’être plus présents. Lors du quatrième trimestre de cette année, nous allons organiser avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) une grande conférence pour mettre l’accent sur la sécurité alimentaire et agroalimentaire et nous avons choisi le Maroc pour son déroulement, car nos relations avec le pays sont vraiment excellentes.

Parmi les valeurs prônées et promues par la BERD, on trouve notamment la démocratie, l’égalité homme-femme et le développement durable. Comment évaluez-vous les efforts du Maroc dans ces trois domaines ?
Je pense que le Maroc a réalisé beaucoup de progrès dans ces domaines. La BERD est d’ailleurs là pour accompagner la transition démocratique dans des pays comme le Maroc. Je pense que le Royaume est sur la bonne voie. J’ai parlé de la partie économique déjà, mais je crois que d’autres programmes sont tout aussi importants, comme celui de la régionalisation. Cette réforme est également très importante sur le plan économique et permet de renforcer les régions et nous avons appuyé cela. La régionalisation est très importante, car les disparités entre régions dans le pays demeurent encore importantes. Nous voulons donc soutenir le Maroc dans ses efforts dans ce sens. 

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