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La micro-finance fait sa révolution

Éligibilité, approbation des dossiers de prêts, dispositif de garantie... tout y passera dans le projet de réforme de la microfinance dont l'objectif est d'assurer une meilleure maitrise des risques. Certes, le secteur se développe et renforce sa résilience, mais opérateurs et tutelle gardent toujours à l'esprit la crise de 2008-2009 où les impayés avaient explosé.

La micro-finance fait sa révolution
À fin 2017, le secteur affiche un portefeuille de crédit de plus de 6,7 milliards de dirhams au profit de 938.000 bénéficiaires.

La viabilité financière de la micro-finance est plus que jamais une priorité pour L’État et les acteurs. En concertation avec la Fédération nationale des associations de micro-crédit (FNAM), le ministère de l’Économie et des finances (MEF) planche sur une nouvelle stratégie permettant aux associations de micro-crédit (AMC) de limiter les risques d'impayés et par conséquent de défaillance. Cette réforme, qui vise le renforcement de la durabilité du secteur et de son rôle dans l’inclusion financière, portera notamment sur la révision des politiques et procédures pour l’octroi des crédits, entre autres, les critères d’éligibilité, le processus d’étude des dossiers de prêts et les niveaux d’approbation ainsi que le dispositif de garantie de la solvabilité des clients. «Le micro-crédit est un moyen important d’encourager l’initiative entrepreneuriale et l’inclusion sociale et financière des personnes défavorisées qui n’ont pas accès aux services bancaires classiques. Le risque de crédit reste, néanmoins, une préoccupation majeure pour notre secteur dans la mesure où la plupart des micro-crédits ne sont pas garantis», déclare au «Matin-Éco» Mohamed El Mazouri, directeur général de la FNAM. En effet, les micro-crédits ne sont soumis à aucune garantie formelle, classique ou bancaire du fait qu’ils sont accordés à une clientèle exerçant des activités génératrices de faibles revenus, essentiellement dans le secteur informel. 

En dépit de son développement et du renforcement de sa résilience, la micro-finance se remémore toujours la crise de 2008-2009 où le marché marocain avait connu une flambée des impayés. Selon le ministère des Finances, le PAR (Portefeuille à risque) à 30 jours est passé d’environ 0,4% du portefeuille crédits des AMC à plus 10,5% en septembre 2009. Le marché a mis ensuite beaucoup de temps avant de retrouver des niveaux d’impayés acceptables. Ce phénomène a freiné le développement de la micro-finance au Maroc et poussé les AMC à être beaucoup plus prudentes, d'où un nombre de bénéficiaires enregistrant des progressions faibles, sinon négligeables. «Pour l’ensemble de ces considérations, la FNAM  a décidé de diligenter une étude sur la maîtrise des risques d’octroi des crédits sur le marché de la micro-finance», annonce El Mazouri. À cet effet, le ministère de l’Économie et des finances vient de lancer un appel à manifestations d’intérêt en vue de sélectionner un expert pour la réalisation de cette étude. Celle-ci s’articule autour de 3 objectifs globaux, dont la suggestion de recommandations et de plans d’action permettant aux AMC de définir de nouvelles politiques et procédures pour l’octroi de crédits. L’étude permettra, en outre, d’éclairer ces institutions sur les niveaux actuels de vulnérabilité au risque de crédit (niveaux d’impayés constatés) détaillés. Elle aidera également à comprendre les facteurs d’impayés, aussi bien internes aux AMC qu’externes (stratégie de l’AMC, processus d’octroi, RH, SI, localité, activité, tranche d’âge, genre, environnement...). En attendant, Mohamed El Mazouri se félicite des réalisations du secteur de la micro-finance, en dépit d’un contexte jugé difficile. «Les chiffres globaux témoignent d’un développement significatif avec un portefeuille de crédit de plus de 6,7 milliards de dirhams au profit de 938.000 bénéficiaires en 2017, contre 6,5 milliards de dirhams et 923.000 bénéficiaires en 2016», explique le DG de la FNAM. Les crédits à la micro-entreprise accaparent le plus gros de l’activité et environ 18% des bénéficiaires sont des jeunes porteurs de projet.  Le portefeuille à risque est resté, par ailleurs, maitrisé à 3,12% en 2017 contre 2,38 en 2016. Cette évolution s’accompagne par le développement de la micro-assurance qui a atteint à fin 2017 plus de 750.000 contrats pour plus de 1,7 million d’assurés. Le secteur, qui s’appuie sur un réseau global de 1.650 agences fixes et plus de 150 mobiles pour le rural enclavé, assure 7.230 emplois directs et plus d’un million indirects. «L’effort de bancarisation des bénéficiaires du micro-crédit continue avec l’ouverture de plus de 500.000 comptes dans le cadre de l’intermédiation en opération de banque (IOB)», détaille El Mazouri. 

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