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Mini big-bang attendu dans le Souss

Bonne nouvelle pour les agriculteurs de la région du Souss. Le gouvernement planche sur un gros projet de développement de l’agriculture intégrée et résiliente aux changements climatiques. Financé par le Fonds vert pour le climat, ce projet couvrira 20.000 hectares et cible pas moins de 9.000 agriculteurs. Le déséquilibre entre l’offre et la demande en eau agricole dans la région se traduit par une surexploitation des ressources souterraines et un déstockage annuel des nappes compris entre 100 et 350 millions de m3 par an.

Le Maroc poursuit la concrétisation de ses engagements en faveur du climat. Après les multiples actions et initiatives dans les énergies renouvelables et l’industrie, le Royaume planche sur un ambitieux projet dans l’agriculture. Il compte mener une opération pilote dans la vallée du Souss qui consiste à développer une agriculture intégrée, durable et résiliente aux changements climatiques. Le projet, qui sera financé par le Fonds vert pour le climat, devra faire l’objet d’une étude de faisabilité technique et financière à lancer début mai prochain par le département de l’Agriculture. Un budget de 5,8 millions de dirhams est réservé à cette étude. Celle-ci devra comprendre un diagnostic détaillé de la situation actuelle établi sur la base de consultations avec les bénéficiaires avec la proposition d’un modèle résilient de pratiques agricoles durables. Il s’agit également de réaliser une faisabilité financière et économique du projet suivant une approche «innovante» de conception, orientée vers l’agriculture durable et la préservation des ressources. Le processus aboutira à l’établissement du montage institutionnel et financier en identifiant les différents partenaires potentiels et leurs rôles dans la réalisation du projet et l’élaboration d’un dispositif de suivi-évaluation avec les principaux indicateurs de réalisation. À travers le projet d’agriculture intégrée, le Maroc entend préserver les ressources en eaux souterraines et utiliser «efficacement» les eaux de surface via l’adoption de système d'irrigation localisée et des mesures d’adaptation au changement climatique. Il est également question d’améliorer la gestion des bassins hydrographiques et renforcer la résilience de la petite agriculture dans la vallée du Souss, en particulier l'oléiculture qui est la principale culture de la vallée. Le projet couvrira une superficie d’environ 20.000 ha et cible une population de pas moins de 9.000 agriculteurs.

La zone du projet se situe à cheval sur 3 provinces : Agadir Ida-Outanane, Chtouka Aït Baha et Taroudant. Elle englobe les périmètres traditionnels de la vallée du Souss, à savoir le périmètre irrigué d’Issen traditionnel qui se situe à environ 50 km au sud-est d’Agadir, sur la route principale reliant Agadir à Taroudant. Il s’étend sur la rive droite de l’Oued Souss avec une superficie de l’ordre de 4.447 ha. Le périmètre du Souss traditionnel est constitué d’un ensemble de petits périmètres, situés de part et d’autre de l’oued Souss. Il compte, essentiellement, de petites exploitations en polyculture sur une superficie totale d’environ 15.790 ha. «Le renforcement durable de la résilience climatique de la vallée du Souss et ses environs dépend de l’efficacité du système gestion de l’irrigation, intégrée à la gestion des bassins hydrographiques et des eaux souterraines. Pour ce faire, le projet mettra en oeuvre plusieurs actions, dont l’instauration de systèmes innovants pour réduire la pression sur les eaux souterraines, la protection des bassins hydrographiques et une meilleure gestion des eaux souterraines. À cela s’ajoutent la mise en place de nouveaux réseaux d’irrigation collective et l’installation de système d'irrigation localisée à la parcelle pour les agriculteurs. D'autres actions sont également incluses dans le projet pour soutenir et renforcer la capacité des agriculteurs et des institutions locales dans l’adoption de pratiques agricoles durables», détaille les services de Aziz Akhannouch.

Si le Maroc opte pour ce projet, c’est qu’il y a le feu. En effet, les projections climatiques du Maroc laissent craindre une augmentation des températures de 1,1 à 1,6 °C à l’horizon 2030 et de 2,3 à 2,9 °C en 2050. En outre, les précipitations pourraient connaitre une baisse de 14 à 30% à l’horizon 2030 et 2050. «Ceci étant, les changements climatiques auront inéluctablement une incidence négative sur l’agriculture marocaine (baisse des superficies cultivables et des rendements, diminution des revenus des agriculteurs, etc.). Les impacts du changement climatique sur le secteur agricole se traduiront, in fine, par des problèmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que d’exode rural», s’alarme le ministère de l’Agriculture qui assure la maîtrise d’ouvrage de ce projet. Le choix de la région du Souss pour le développement de ce projet n’est pas fortuit. Les zones du sud du Maroc sont, en effet, particulièrement les plus exposées aux effets du changement climatique. Dans ces régions, l’activité agricole, l’irrégularité des précipitations avec une sécheresse de plus en plus récurrente conduisent à une augmentation de la demande en eau agricole alors que l’offre y est limitée. Selon les données de l’Agriculture, la demande en eau agricole est estimée à 994 millions de m3. Or la politique de mobilisation des ressources superficielles avec 6 grands barrages n’a permis de disposer que d’une capacité de régularisation totale comprise entre 345 et 364 millions de m3. Dans le même temps, les capacités des nappes du Souss et du Massa, pour leur exploitation durable, ne dépassent pas en moyenne 318 et 41 millions de m3. Résultat des courses : un déséquilibre entre l’offre et la demande en eau agricole qui se traduit par une surexploitation des ressources souterraines et un déstockage annuel des nappes compris entre 100 et 350 millions de m3 par an.

«Face à la raréfaction des ressources en eau, les stratégies déployées par les agriculteurs sont multiples, allant de la réduction des superficies cultivées, la mobilité foncière en empiétant sur les terres de parcours, jusqu’à la recherche de ressources en eau alternatives à travers des investissements massifs en équipements de pompage.
Cette situation fait peser de sérieuses menaces sur les ressources naturelles et sur la durabilité de l’agriculture dans ces zones», constate le département de l’Agriculture. 
Rappelons que pour faire face à cette situation, l’État a multiplié depuis 2008 les programmes et projets visant l’amélioration de la productivité agricole, la promotion d’une agriculture résiliente et solidaire, l’économie de l’eau d’irrigation, ainsi que l’adaptation au changement climatique.  

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