Mohamed Jarir, alias Houmane, n’est plus

Quelques semaines après le décès d’Henri Michel, c’est une autre figure «mondialiste» du football marocain qui s’en va. En effet, Mohamed Jarir, alias Houmane, s’est éteint samedi à l’âge de 73 ans aux États-Unis. Né en 1944 à Casablanca, Houmane a intégré la section des minimes du Raja peu avant l’indépendance du pays, sous la houlette de Abdelkader Jalal. Houmane se distingue rapidement et gravit les différentes catégories d’âge, jusqu’à disputer son tout premier match avec l’équipe senior du Raja à l’occasion d’une rencontre comptant pour la Coupe du Trône face au MAS lors de la saison 1962-1963. C’est de là aussi que lui vient son surnom, puisque tout le monde au Raja, y compris son mentor et coach Père Jégo, l’appelait Ould Houmane. Père Jégo est fan du joueur, mais estime que sa position de demi défensif ne lui rend pas justice. Il le place alors un peu plus haut sur le terrain. Le début d’une aventure qui durera près de 14 ans avec les Verts. En 1967, alors âgé de 23 ans, Houmane est appelé en équipe nationale espoir, puis chez les A et débute lors d’un match amical en 1967. Il dispute les 6 matchs de qualification et marque trois buts, qui aident le Maroc à finir la campagne sans la moindre défaite et à assurer sa première participation à une Coupe du monde. 

Sélectionnés par Kacem Kacemi et sous la houlette du coach Vidinic, les Lions de l’Atlas héritent du groupe de la mort avec la Bulgarie, le Pérou et l’Allemagne de l’Ouest, face à laquelle les coéquipiers de Bamous entrent en lice. Houmane surprend alors les 14.000 spectateurs présents au stade de Leon, en marquant face au géant Sepp Maier. Houmane devient non seulement le premier Marocain, mais aussi le premier Africain à marquer lors d’une Coupe du monde, 40 ans après la création de la compétition. Les bras levés en l’air, l’accolade avec ses coéquipiers et l’euphorie de Ghazouani sont des images qui sont gravées dans les mémoires de tous, même ceux qui n’étaient pas nés à l’époque. Le Maroc est en fin de compte éliminé avec deux défaites et un match nul. Houmane rentre au pays pour poursuivre sa carrière au Raja, à laquelle il met fin en 1975 après une vilaine blessure au genou. Reconverti en entraîneur, il prend les destinées du Raja à deux reprises (1977 à 1979 et de 1980 à 1983) puis devient directeur technique du club, participant à la lancée d’une génération truffée de talents avec les Hajri, Hamraoui, Tijani… 

Après plusieurs années où il souffre du manque de gratitude et de l’indifférence, Houmane décide de rejoindre l’un de ses enfants installés aux Etas-Unis, où il passe les dernières années de sa vie, avant de tirer révérence, quelques semaines avant la Coupe du monde.