Mohamed Laaraj : «La culture est indispensable pour une société de connaissance et de savoir»

En prenant la parole pour souhaiter la bienvenue à tous les participants, le président du Centre méditerranéen des médias, Abderrahim Sbakh, n’a pas manqué de souligner la place dérisoire de la culture dans les mass-médias, tout en appelant à s’interroger et se concentrer sur les causes de cette situation, dont la responsabilité incombe à de nombreuses parties. Les poètes et écrivains Bensalem Himmich, Yassine Adnane, Salah Bousrif et l’académicien Abdellatif Bensfia sont intervenus lors de cette rencontre.

En introduction à cette conférence, le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laaraj, a insisté sur l’importance de la culture pour le développement d’un pays et pour avoir une société de connaissance et de savoir. Cependant, les relations entre ces deux composantes que sont la culture et les médias posent toujours problème, malgré les efforts déployés pour les favoriser. La culture a besoin des médias, pour toucher le grand public et dépasser son aspect parfois élitiste. «Notre pays connaît une productivité culturelle continue. C’est vrai que ce n’est pas d’une manière satisfaisante, mais elle est présente. Sauf que cette présence ne se reflète pas dans la vision réelle. La responsabilité incombe aux médias qui ne présentent pas le fond du produit culturel, se limitant ainsi à en donner quelques bribes. Nous avons réalisé beaucoup de projets concernant les infrastructures culturelles. Et nous comptons beaucoup sur les hommes et les femmes de la culture et des médias, pour produire des programmes culturels permanents à des horaires de grande écoute et dans des organes de presse de tous genres», ajoute le ministre de la Culture.

Le poète et écrivain Salah Bousrif a, de son côté, rappelé l’historique des suppléments culturels, toujours maintenus dans certains médias, mais pas avec le même éclat et le même engouement qu’avant. «On ne nie pas qu’il y a des programmes de valeur, actuellement, mais avec un chevauchement entre culture et distraction, un pourcentage faible et des horaires inadéquats où le taux d’audimat est presque inexistant». Le philosophe et écrivain et ancien ministre de la Culture  Bensalem Himmich a, pour sa part, insisté sur le fait que c’est le ministère de tutelle qui est censé trouver des solutions pour notre culture, afin d’accompagner les créateurs et les soutenir.

Dans son intervention, Yassine Adnane a évoqué l’exemple de son émission «Macharif», déplorant les faibles moyens qui lui sont consacrés. Il se considère comme un orphelin dans la culture. «Il faut investir dans la culture et lui donner l’intérêt qu’elle mérite. Pour cela, nous avons besoin d’une vision éclairante sur la culture et d'une éducation sur des valeurs. Depuis la bande dessinée jusqu’au roman. On est responsable du goût du public, pour avoir des citoyens responsables, tolérants, ouverts, on doit investir dans les médias et la culture».

L’académicien Abdellatif Bousfia a formulé des recommandations, notamment en proposant une véritable stratégie dans le champ médiatique culturel, une plus grande importance accordée à la culture et l’intégration des intellectuels dans les médias. Allant dans ce sens, le ministre de la Culture et de la communication a fait part de la préparation d’une première rencontre nationale sur les médias culturels en avril prochain. Le second jour de cette rencontre s’est distingué par une table ronde où les participants des différents organes de médias ont témoigné de leur métier et des obstacles qu’ils rencontrent quotidiennement.