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«La Monarchie marocaine est le fondement qui fait tenir le pays»

Dans le cadre de leur partenariat, l’Académie du Royaume et l’OCP Policy Center ont invité le président de l’Institut français des relations internationales à livrer son analyse des perspectives du monde d’ici 2030. Thierry de Montbrial s’est ainsi exprimé, lundi dernier à Rabat, sur plusieurs questions d’ordre géopolitique, mais n’a pas hésité au passage à rendre hommage au rôle stabilisateur de la Monarchie marocaine.

La somptueuse salle des conférences de l’Académie Royale du Maroc à Rabat a réuni, mardi, les représentants de trois think tanks ainsi que de nombreuses éminentes personnalités. Il s’agit des représentants de l’Académie du Royaume du Maroc, de ceux l’OCP Policy Center et ceux de l’Institut français des relations internationales (Ifri). En effet, dans le cadre de leur partenariat, l’Académie du Royaume et l’OCP Policy Center ont invité le président de l’Ifri pour discuter des perspectives du monde d’ici 2030.
Le secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a tenu à rappeler qu’il s’agit de la première manifestation dans le cadre du partenariat le liant à l’OCP Policy Center. Par ailleurs, il a saisi cette occasion pour rendre hommage, «par devoir de reconnaissance», au futurologue Mahdi El Mandjra qui est l’un des fondateurs de la première Académie de futurologie, mais qui est rarement cité, a-t-il regretté. Pour sa part, le directeur général de l’OCP Policy Center, Karim El Aynaoui, a insisté sur l’objectif de cette rencontre et le partenariat aussi bien avec l’Académie du Royaume qu’avec l’Ifri. «L’objectif commun est de faire avancer les sciences au service des politiques publiques. Et au service du bienêtre des populations», a-t-il déclaré avant de céder la parole à l’animateur principal de cette rencontre, Thierry de Montbrial. Ce dernier, dans sa démarche prospective, a abordé de nombreux sujets en analysant les forces qui vont contrôler le monde dans les 30 prochaines années, tout en insistant sur l’importance de faire la différence entre le court et le long terme.
De prime abord, il s’est penché sur une question de nature idéologique, à savoir la démocratie libérale, et son contraire, celle qu’il qualifie de «illibérale». Un sujet qui est de plus en plus débattu, estime-t-il. Dans ce sens, il a mis en avant les définitions de la démocratie et du concept de «libéral». Pour lui, la démocratie contient deux éléments, la séparation des pouvoirs et l’organisation d’élections régulières non truquées. Ainsi, il a expliqué que la démocratie libérale est celle dans laquelle l’individu est central, alors que dans la démocratie «illibérale», il y a l’idée que les groupes ont plus d’importance. La différence entre les deux est l’importance que chacune accorde à l'individu et aux groupes. De là, il a bifurqué sur les concepts de légitimité et d’efficacité.
«Sur le long terme, les concepts de légitimité et d’efficacité ne peuvent que converger. Mais pas sur le court terme», a-t-il affirmé. Cependant, il a précisé que le pouvoir légitime peut ne pas être efficace et vice versa, en invitant à réfléchir sérieusement sur ces distinctions. Dans ce sens, il s’est beaucoup attardé sur les régimes monarchiques et comment ils sont gouvernés. Il a appelé à s’ouvrir sur l’histoire des autres et à s’en inspirer. Il a ainsi ouvertement exprimé l’intérêt que représente l’expérience de la Monarchie marocaine, «qui est ancrée dans une belle histoire. Elle est le fondement qui fait tenir le pays», a-t-il dit en concluant que : «je n’ai aucune hésitation à dire que j’admire la monarchie marocaine».
L’autre partie de son intervention a focalisé sur le volet perspective pour les 30 prochaines années, qui seront marquées, a-t-il insisté, par un combat entre les États-Unis et la Chine. «Et je ne suis pas sûr que ce soit à l’avantage des États-Unis», estime-t-il. Par ailleurs, il a appelé à faire la distinction entre la personnalité du Président actuel des États-Unis, Donald Trump, et ce qu’il représente. Selon lui, les États-Unis vont avoir durablement une vision étroite de l’intérêt national focalisant sur la Chine. En ce qui concerne la Chine, il dit qu’elle a réussi à sortir d’une forme de sous-développement dans lequel elle se trouvait depuis le 19e siècle. «Ce développement inouï, on peut l’attribuer à la civilisation et la culture chinoises. La diaspora chinoise a joué et joue un rôle important dans ce développement. Aussi, il y a beaucoup de Chinois de nationalité américaine qui resteront attachés à leur origine chinoise», a-t-il expliqué.
S’agissant du reste du monde, Thierry de Montbrial a évoqué le rôle que l’Europe est appelée à jouer à travers «la construction européenne», ce qui est, estime-t-il, majeur pour les Européens, pour le reste du monde, pour l’Afrique et pour l’Afrique du Nord. «Nous sommes dans une communauté de destins. J’admire que le Maroc regarde les coins cardinaux», a-t-il déclaré en faisant référence à la politique de diversification des partenaires adoptée par le Royaume. Mais il est capital de regarder le long terme, a-t-il encore insisté. Il peut se passer beaucoup de choses dans le court terme, des situations où il y a des déséquilibres et des crises… mais il faut focaliser sur le long terme et bien situer les grands problèmes, préconise-t-il. Et de conclure : «Distinguons entre le petit bout de lorgnette et le grand bout de la lorgnette».

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