Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Nation

Mustapha Sehimi analyse le champ politique au Maroc

Quelle lecture faire de la situation actuelle au Maroc ? Gouvernement, partis politiques, boycott, revendications sociales… Mustapha Sehimi, professeur de droit et politologue, invité de «l’Info en Face» sur Matin TV, fait le diagnostic d’un champ politique en profonde crise et dresse les scénarios probables pour la dépasser.

Mustapha Sehimi analyse le champ politique  au Maroc

Pour analyser la situation actuelle au Maroc, il faut remonter plus loin, explique d’emblée Mustapha Sehimi qui rappelle la dynamique sociale qu’a connue le Royaume dès 2007 à Sidi Ifni, puis Sefrou, le mouvement du 20 février, «ces protestations sociales se sont prolongées avec les événements d’Al Hoceïma pour rebondir après à Jerada et Zagora». Il s’agit donc, selon l’invité de l’émission «L’Info en Face», d’une dynamique sociale contestataire sans véritable projet politique alternatif qui a pris différentes formes pour arriver actuellement au boycott.

Mais quel est le rôle du politique dans ce contexte ? Pour répondre à cette interrogation, M. Sehimi a tenu à rappeler la situation lors des dernières élections législatives, marquées par un faible taux de participation des électeurs. Une donnée importante qui traduit une certaine «dépréciation politique». Et de noter le décalage important qui existe entre la dynamique sociale et l’interaction avec les politiques, d’où la nécessité de s’interroger sur les missions des partis politiques. «La fonction d’un parti politique est d’agréger des demandes particulières en les formalisant, d’encadrer les citoyens et promouvoir de nouvelles élites, ce qui leur permettrait d’être en phase avec les doléances des citoyens. Or ce n’est pas le cas», constate M. Sehimi.
Cette inertie était d’ailleurs apparente dans la gestion de la campagne de boycott qui sévit depuis le mois d’avril dernier. «Ni la majorité, ni l’opposition n’ont été à la hauteur d’une bonne réponse qui prend en compte les revendications formulées par les boycotteurs», note M. Sehimi qui cite quand même la position prise par le PPS ainsi que quelques réactions «tardives» de certains partis. Et d’ajouter que «du côté de l’opposition, on note le rebond du Parti de l’Istiqlal qui a appelé à des réformes et a proposé l’élaboration d’une loi de Finances rectificative et un texte, toujours en débat, pour le nouveau modèle de développement».
Pour ce qui est du PJD, chef de file de la majorité, M. Sehimi parle d'un parti divisé et fracturé. «Compte tenu de cette situation, le Chef du gouvernement se trouve fragilisé au sein de la majorité. D’autant plus que ce gouvernement vit, depuis un an, une situation d’exception», indique-t-il en rappellent les événements qui se sont succédé depuis sa nomination en avril 2017 et le bilan présenté dernièrement par l’exécutif qui comporte beaucoup d’insuffisances, notamment le dossier des MRE, la réforme du Code du travail ou encore le Conseil de la famille et de l’enfance qui est toujours en panne.
Une fois ce diagnostic établi, quels sont les scénarios possibles pour l’avenir ? «La situation ne peut pas rester en l’état jusqu’en 2021», rétorque le politologue en expliquant que «le gouvernement actuel n’a pas la capacité de faire face aux enjeux et aux défis actuels». Selon lui, la formule intermédiaire qui pourrait se dessiner d’ici deux à trois mois serait «un réaménagement au niveau des profils des ministres en exercice puis une recomposition de la majorité avec une probable remise en scène du Parti de l’Istiqlal». M. Sehimi va même jusqu’à s’interroger sur la place que pourrait avoir le PJD dans cette nouvelle équation politique.


Suivez l’intégralité de l’émission «l’Info en Face» avec Mustapha Sehimi.

Lisez nos e-Papers