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Najia Mehadji célèbre le geste à travers ses séries Touche, Gnawa Soul, Vague et Chute

La galerie d'art L'Atelier 21 à Casablanca a entamé sa nouvelle saison plastique par une exposition de l’artiste Najia Mehadji dont les œuvres resteront accrochées jusqu’au 27 octobre. L’artiste revient au même espace après sa rétrospective de 20 ans de travail présentée en 2015 et qui avait remporté beaucoup de succès auprès des critiques et du large public.

Najia Mehadji célèbre le geste à travers ses séries Touche, Gnawa Soul, Vague et Chute

Najia Mehajia est une artiste qui n’est plus à présenter, car son riche parcours atteste de sa foisonnante créativité qui lui a valu de voir ses œuvres acquises par de nombreuses institutions prestigieuses, dont le Palais Royal, la Société Générale, Attijariwafa bank au Maroc, le Musée d’art moderne et contemporain du Centre Georges Pompidou, l’Institut du monde arabe, le Musée des beaux-arts de Caen en France, puis le Musée des beaux-arts de Amman en Jordanie. Cette fois-ci, c’est sous l’intitulé «L’invention du geste» que l’artiste présente ses séries Touche, Gnawa Soul, Vague et Chute.

Concernant la collection «Vague», la conservatrice en chef et directrice du Musée d’art moderne de Céret (France), Nathalie Gallissot, la considère comme l’alpha et l'oméga de la peinture de Najia. «La vague est en effet présente dans son esprit comme dans son œuvre depuis fort longtemps. Adolescente, Najia Mehadji offrait à ses proches de petits tableaux de vagues, premières peintures inspirées de cartes postales où les vues de bords de mer l’attiraient de façon irrésistible. Puis vinrent les années de formation, au milieu des années 1970. La curiosité et le désir d’expérimentation amènent l’étudiante en arts plastiques vers la pratique du théâtre et de l’expression corporelle. Dans une recherche de fusion, d’unité entre ces disciplines, le corps devient un instrument privilégié, le geste l’essence même du travail. Le corps entier, le bras, la main, comme parcourus par une onde, s’engagent dans un mouvement dont subsistera la trace inscrite sur le mur, le papier ou la toile. De cet élan créateur découlent des œuvres au fusain, des empreintes de baguettes de balsa préalablement encrées, traits et traces nés d’une énergie vibratoire. Oscillation, frémissement de l’onde graphique comme de l’onde sonore… Certains dessins présentent alors une troublante ressemblance avec des sonagrammes de chants d’oiseaux. La musique est présente dans l’atelier de Najia Mehadji», écrit Nathalie Gallissot.
La collection des «Gnaoua» a inspiré plusieurs créations où la gestuelle est le maître mot de tous ses travaux. Selon Nathalie Gallissot, le titre de l’exposition, «L’invention du geste», désigne bien la source de l’art de Najia Mehadji. «Pendant plusieurs années, concentré, maîtrisé, appuyé, le geste s’est appliqué avec force sur la toile pour la réalisation des peintures au stick à l’huile. Les grandes toiles aux motifs floraux, les arborescences poussées aux limites de l’abstraction, les cernes des “Chaosmos” et des “Souira” montrent un équilibre saisissant entre la sensualité apportée par le sujet et le médium et la rigueur qui émane de leurs formes parfaites».
Il faut dire qu’avec le temps, Najia a inventé son propre style où il y a un renouvellement de la peinture, mettant en exergue la parfaite symbiose entre la notion de drapé et une gestualité libre d’où émerge une «calligraphie» au féminin, à la fois charnelle et spirituelle. Une spécificité que feu Abdelwahab Meddeb, romancier, producteur de l’émission «Cultures d’Islam» à Radio-France et grand connaisseur du soufisme, a énormément appréciée dans ses œuvres. En expliquant sa démarche, dont le résultat est reçu comme une sorte de vision, il a indiqué que «cette forme inventée par condensation est celle qui commence robe gonflée par la danse en rotation et qui finit embruns où s’évanouit la vague. Et le messager de cette Révélation ne sera pas la huppe coranique, mais la mouette de Mogador qui a en partage le blanc se mêlant parfois au gris perle. Alors que d’autres ambivalences construites sur l’association de deux instances, ou plutôt par superposition d’un plan sur l’autre, se déchiffrent par opération mentale». Ce sont ces différents gestes, évoqués dans un florilège d’œuvres, qui ponctuent le travail de l’artiste peintre Najia Mehadji. 

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