«Les nuits du Ramadan», un hymne au partage et à l’altérité

Toutes les conditions étaient réunies pour transformer «Les nuits du Ramadan» en véritable fête musicale. Une nuit au parfum de printemps où la pleine lune était au rendez-vous, le public massivement présent et la musique aux racines bien ancrées. Organisée par l’Institut français, en partenariat avec l’Association du Festival de Kénitra-Thamusida, cette manifestation artistique a permis aux centaines de spectateurs de vivre de purs moments de grâce et d’émotion. Durant près de trois heures, une foule enflammée a vibré au rythme d’une musique caractérisée par une grande variété de styles, mettant en avant le dynamisme et la richesse d’une création artistique multiculturelle. La couleur a été annoncée dès le début de la soirée avec le style rythmique et envoutant de la chanteuse cap-verdienne Monica Pereira. Elle a réussi à créer une osmose avec le public en l’invitant à voyager mélodieusement dans le temps et dans l’espace. Spontanée, généreuse et charismatique, elle incarne à merveille la tradition créole lusophone, dans laquelle elle a baigné depuis sa plus tendre enfance. Accompagnée de musiciens virtuoses de différentes nationalités avec des instruments modernes et traditionnels, cette artiste, dont la présence sur scène ne laisse pas indifférent, puise son inspiration dans des registres aussi riches que variés. Elle a ainsi développé un univers musical riche de ses racines et qui s’est nourri, au fil du temps, de ses nombreuses rencontres artistiques. Le public s’est laissé emporter en écoutant des chansons de son deuxième album «Mulher do Sol», une musique intrinsèquement et foncièrement positive aux sonorités afro-lusophones. En effet, le parcours de cette diva de la world-music est un roman. Née en Guinée-Bissau d’une mère cap-verdienne, elle a grandi sur cette terre de griot, au son des instruments traditionnels africains, avant de s’envoler vers le Portugal. Monica Pereira fait partie de ces artistes à la personnalité attachante, dont la présence procure un réel moment de plaisir et de partage. Une générosité de cœur qu’on a constaté, que ce soit sur scène ou lors de sa visite au jardin des personnes âgées et à la maison des filles, sur invitation de l’Association musulmane de bienfaisance de Kénitra.
Ce spectacle musical s’est poursuivi avec la prestation de l’artiste-musicien Farid Ghenam. Il a capté, pendant plus d’une heure, l’attention d’un public conquis en l’emmenant vers l’univers musical marocain des «Gnaoua» aux racines africaines. Sa forte présence scénique, sa maîtrise vocale et son magnétisme ont eu un effet magique sur un public aux goûts éclectiques et assoiffé de musique marocaine et internationale. Lors du concert, Farid Ghenam a puisé dans le riche répertoire gnaoui, tout en s’ouvrant sur d’autres formes d’expression musicale. Sa musique se singularise par cet équilibre entre une musique marocaine aux origines africaines et une modernité musicale qui lui ouvrent des horizons entièrement nouveaux. La soirée musicale «Les nuits du Ramadan» a constitué une occasion pour rappeler que la musique est à la fois le moyen le plus efficace pour le rapprochement entre les peuples et un antidote contre toutes les formes d’extrémisme et de repli identitaire. Lors de cette soirée mémorable, il n’y avait qu’un seul langage, celui de l’amour.