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«On ne peut pas revenir à l'Union africaine sans être impliqué dans l'ensemble des dossiers de l'UA, et la sécurité routière en fait partie»

Près de 1.200 personnes représentant quelque 75 pays, dont 46 nations africaines, se sont réunies du 13 au 15 novembre à Marrakech dans le cadre du premier Forum africain de la sécurité routière. Le point sur cet événement et ses enjeux pour Maroc et l’Afrique, avec le secrétaire d'État chargé du Transport, M. Najib Boulif.

«On ne peut pas revenir à l'Union africaine sans être impliqué dans  l'ensemble des dossiers de l'UA, et la sécurité routière en fait partie»
Mohamed Najib Boulif

Le Matin : un grand nombre de mesures ont été prises depuis des années pour réduire les accidents de la circulation. Les dernières statistiques montrent une baisse des accidents mortels, mais les chiffres restent tout de même importants. Pourquoi ?
Mohamed Najib Boulif :
La sécurité routière n’est pas seulement une affaire d’infrastructures et de véhicules, mais c’est aussi une question de comportement. On ne peut pas demander à un ministre ou un gouvernement de changer les comportements des gens et d'obtenir des résultats totalement positifs en une année ou deux, voire cinq ans, cela se fait sur le long terme. Nous avions d'abord mis en place une stratégie nationale de la sécurité routière en 2013. Cette stratégie a abouti à des résultats positifs, mais on a remarqué que ce n'était pas suffisant. Alors on a fait une évaluation de cette stratégie et on en a lancé une deuxième en 2017 avec pour but essentiel de baisser le nombre de tués sur les routes de 50%. La stratégie 2017-2026 est donc axée sur les manquements observés lors de la première stratégie. Elle cible cinq axes principaux et parmi eux, il y a d'autres axes transversaux, dont le volet comportement. Quand je dis «comportement», je pense à l'éducation, qu'on inclut dans le cursus des jeunes au primaire, au secondaire et au lycée, des cours sur la sécurité routière. Le comportement signifie aussi la nécessité d'appliquer les lois pour tout ce qui est piétons et autres utilisateurs de la route. Et il y a aussi le volet recherche et développement. En effet, j'ai signé un contrat de partenariat avec le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST) d'une valeur de 10 millions de DH, pour faire en sorte que les chercheurs se focalisent sur les causes de ces comportements humains. Et en fonction des résultats de ces recherches, on pourra «prioriser» les actions et les règles de la sécurité routière pour pouvoir y remédier. En résumé, je pense qu'on est sur la bonne voie, mais il faut persévérer.

Vous privilégiez les partenariats public-privé pour de meilleurs résultats ?
Plus que les partenariats public-privé, on a essayé de décentraliser la question de la sécurité routière. Aujourd’hui, ce n'est plus juste une question du ministère et du Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC). En effet, j'ai signé avec les dix villes qui ont le taux de mortalité le plus élevé en matière d'accident de circulation. Ces villes ont ainsi obtenu des aides pour mettre en place des actions locales. Parce que je pense que les élus sont les mieux placés pour combattre ce fléau au niveau de leurs villes respectives. Ces accords ont aussi pour but de les sensibiliser à cette problématique et je crois que si tout le monde y met du sien, on ne peut qu'avoir de bons résultats.

Pourquoi avoir proposé la création d'un Observatoire africain de la sécurité routière ?
L'idée nous est venue parce que nous avons constaté que les statistiques africaines ne sont pas reconnues par les instances internationales. Les chiffres sont souvent contredits par l'OMS (Organisation mondiale de la santé). Alors on a discuté de cette problématique avec le FIT, mais également avec la Banque mondiale et l'ONU et ils étaient d'accord pour la création de cette instance. L’Observatoire africain a pour objectif essentiel de fédérer tout ce qui se fait sur le continent en matière de sécurité routière en termes de statistiques, d'informations et d'études. Il nous permettra ainsi d'avoir des statistiques fiables et les décisions politiques qui seront prises sur la base de ces chiffres seront certainement fiables elles aussi.

Qu'elles étaient vos attentes par rapport à ce premier Forum africain de la sécurité routière ?
J'attendais de ce Forum qu'il puisse fédérer les responsables, les politiques et la société civile autour de cette thématique. Aujourd'hui, c'est chose faite, Dieu merci. On est très contents d'avoir accueilli 20 ministres qui ont fait le déplacement à Marrakech pour ne parler que de la sécurité routière. C'est une première ! C'était un vœu que j'ai porté depuis trois ou quatre ans. Maintenant, je pense que ce n'est plus seulement le développement durable, la sécurité, le taux de croissance… qui sont capables de réunir les responsables politiques et sociaux de l'Afrique. Ils se réunissent aussi pour discuter de la sécurité routière. D’ailleurs, cela cadre parfaitement avec les Orientations Royales : on ne peut pas revenir à l'Union africaine (UA) si on n'est pas impliqué dans l'ensemble des dossiers de l'UA, et la sécurité routière en fait partie justement. Et je suis heureux de constater que le Maroc a ce rôle de fédérateur autour de sujets qui touchent le continent. 


Entretien réalisé par Hafsa Sakhi

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