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Le patrimoine vert de la Cité des marguerites à l’agonie

Il n’y a pas que l’identité architecturale de la ville de Kénitra qui est menacée de disparaître. À un moment où l’on célèbre la Journée mondiale de l’environnement, le patrimoine écologique de la cité des marguerites est, lui aussi, soumis à rude épreuve.

Le patrimoine vert de la Cité des marguerites à l’agonie
Les arbres d'alignement semblent s'être volatilisés, laissant des carrés béant en guise de paysage urbain.

Les arbres d’alignement de la capitale du Gharb font l’objet d’un abattage quasi-systématique à cause d’une urbanisation outrancière et d’une avancée de béton difficilement maîtrisée, malgré les efforts déployés par les départements concernés. Le déracinement de ces arbres, dont certains sont centenaires, fait actuellement l’objet d’un grand débat sur  la place publique.    
Des voix se sont élevées dans la capitale du Gharb pour attirer l’attention des responsables concernés sur cette situation qui porte atteinte à la mémoire collective. Plusieurs associations avaient déjà, par le passé, tiré la sonnette d’alarme et adressé aux autorités compétentes des lettres relatives aux dangers qui guettent les arbres d’alignement et d’embellissement de 
Kénitra. C’est le cas de l’Association du Gharb de protection de l’environnement (AGPE) qui avait attiré l’attention des autorités de tutelle sur l’abattage de plusieurs arbres lors du réaménagement des artères principales. Elle a aussi révélé le recours de certains promoteurs immobiliers, peu scrupuleux, au déracinement de ce patrimoine écologique sans autorisation préalable. La situation est tellement inquiétante que le patrimoine écologique de la ville est menacé de disparaître à jamais. 
Selon cette association de protection de l’environnement, il est devenu indispensable d'exercer un contrôle rigoureux sur les chantiers de construction, afin de mettre un terme à ce processus de désertification de l’espace urbain. Sans minimiser les efforts déployés par le service du jardinage public et des espaces verts de la commune urbaine de Kénitra, il n’en demeure pas moins vrai que les actions menées par ce département semblent très limitées face à ce «tsunami de béton». 
«Chaque fois que nous prenons acte de l’abattement d’un arbre, nous établissons un rapport et nous entreprenons, en cas de litige, la procédure judiciaire adéquate. Toutefois, cela reste insuffisant sans une prise de conscience de l’ensemble des intervenants dans l’acte de bâti», souligne un responsable de ce service qui manque, semble-t-il, de moyens pour mener à bien ses différents programmes. Comme l’indique, non sans humour, l’un des anciens habitants de Kénitra et passionné des espaces verts : «En l’absence de moyens techniques et financiers, il serait souhaitable de recourir à la gestion déléguée pour la préservation de nos espaces verts, comme c’est le cas pour d’autres secteurs.»  
En effet, les arbres d’alignement de la ville de Kénitra composés essentiellement de platanes, de faux poivriers, de mimosas et de jacarandas, souffrent d’une conjugaison de facteurs létaux. On peut citer, à cet égard, la restructuration de certaines grandes artères comme c’est le cas actuellement pour l’avenue Mohamed Diouri, le vieillissement des arbres, l’inadaptation de certains arbres à l’urbanisation verticale, la non-prise en considération par certains architectes, avant l’établissement de leurs plans, de l’emplacement des arbres. À cela s’ajoute l’augmentation du niveau de pollution dans la ville, plus particulièrement à cause de la fumée noire dégagée par les unités industrielles et des véhicules de plus en plus nombreux, sans oublier l’élagage irrégulier, anarchique et partiel des arbres d’alignement d’une ville réputée jadis pour sa verdure. 
Selon certaines statistiques, Kénitra dispose, actuellement, de moins de 3 m² d’espace vert par habitant, en moyenne. Ce qui est loin des 12 m² recommandés par l’Organisation mondiale de la santé et très loin encore des 20 m² dont disposent les villes de Paris, de New York et de la capitale Rabat.
Un plan de plantation de nouveaux arbres a été élaboré par les services techniques de la commune de Kénitra. Il est à espérer que le choix des plants sera adapté à l’architecture, au climat et à la nature du sol. Des palmiers ont déjà été plantés, mais le résultat n’était pas concluant. Faut-il rappeler que la nature n’aime pas l’uniformité ? 

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