Connexion
Bonne nouvelle pour les estivants. S’offrir une douche après un bain de soleil sera désormais possible dès cet été sur six plages. L'idée revient à la startup Eco Publi Douches qui a conçu des modules de douches sur les plages publiques. En plus d'être gratuites, ces douches fonctionnent à l’énergie solaire et peuvent donc être installées sur les plages ne disposant pas d’un accès à l’électricité. Le concept est aussi développé autour du recyclage de l'eau. Chaque module est muni d'un réservoir contenant entre 3.000 et 4.000 litres d’eau qui sont filtrés et traités de manière à détruire les éventuelles bactéries et à piéger les résidus, même microscopiques. «Par sécurité, nous changeons l’eau une fois par semaine. Une douche dans une Eco Publi Douches nécessite 1,2 litre d’eau, soit 40 fois moins que dans une douche classique», explique au «Matin-Éco» Samir Barghouti, fondateur de l’entreprise.
Ce projet, qui nécessitera un investissement estimé à près de 40 millions de dirhams sur la période 2018-2020 financé par crédit bancaire, sera déployé dès cet été sur les plages de Tanger, Riffiyine, Oued Negro, M’diq, Cabo Negro et Martil. 24 modules de douches y seront ainsi installés, l'objectif étant de passer à 120 à l'horizon 2020. «Nous estimons que plus d’un million de douches seront prises cet été par les vacanciers dans les Eco Publi Douches». Dans les 4 prochaines années, la start-up prévoit de proposer ses services sur l’ensemble des plages aménagées du pays. Mais elle ne compte pas s'arrêter là : «Nous réfléchissons à d’autres prestations sur les plages afin d’améliorer l'offre globale aux vacanciers», annonce Barghouti sans en dire plus. La douche étant gratuite, comment l’entreprise entend-elle s'assurer des revenus ? Les publi-douches serviront de supports aux annonceurs. «Nous avons entamé la commercialisation de ces nouveaux espaces publicitaires. Compte tenu de notre plan d’investissement et de l’amortissement des frais de recherche et développement, notre société mettra 4 ans à rentabiliser ses douches», nous confie le jeune entrepreneur.
Plus de 95% des équipements achetés localement
Flash-back. Le projet a été pensé fin 2015 et l'entreprise créée. De simples esquisses avaient alors été réalisées et présentées aux autorités pour recueillir différents avis. Au premier semestre 2016, Samir a pris la décision que ce serait une douche à énergie solaire et recyclage d’eau. «Nous avons obtenu, en avril de la même année, les résultats des analyses du Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE) qui a confirmé que l’eau filtrée et traitée à l’intérieur des Eco Publi Douches était conforme à la norme marocaine». Plus tard, en septembre 2016, l’entreprise a reçu le modèle de démonstration de la première Eco Publi Douche, fabriqué par une entreprise à Mohammedia. «Grâce au soutien et à l’accompagnement de Maroc PME et de l’OMPIC (Office marocain de la propriété industrielle et commerciale), nous avons pu participer à la COP 22 en novembre de la même année et y présenter cette première Eco Publi Douche». Au premier trimestre 2017, les panneaux photovoltaïques et les batteries solaires ont été installés. Ce premier module a été testé l'été dernier sur la plage de Marina Smir, permettant ainsi les dernières mises au point techniques. «Cette année, nous avons présenté un dossier complet aux autorités de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma qui ont déjà tant fait pour l’amélioration des plages de la région». Samir Barghouti n'est pas peu fier quand il affirme que plus de 95% des éléments de ses douches sont achetés au Maroc. Les structures en acier recyclé galvanisé sont réalisées en partie en région casablancaise et à Tétouan. Les réservoirs, les onduleurs, les éléments de filtration et de traitement de l’eau sont européens, les panneaux solaires chinois et les batteries solaires américaines.
Questions à Samir Barghouti, fondateur d'Eco Publi Douches
«Notre concept est une première au Maroc, en Afrique et semble-t-il dans le monde»
Comment l’idée d'un tel projet a-t-elle germé ?
Je travaille sur les plages depuis bientôt 10 ans, après mon retour de Belgique où je suis né, d’abord dans la location des scooters des mers puis, dans la restauration en bord de mer. J’ai constaté que de nombreux services étaient absents, et parmi eux les douches de rinçage si pratiques et qui évitent de ramener le sel et le sable chez soi. Le besoin était là.
Quels sont vos partenaires ?
Beaucoup de gens nous ont aidés, mais nous n’aurions pu aller aussi vite sans l’appui financier et le suivi de Maroc PME. L’OMPIC nous a conseillés sur les possibilités de protection de notre concept, qui est une première au Maroc, en Afrique et semble-t-il dans le monde. Le Centre régional d’investissement de Tétouan nous a également beaucoup apporté, il a su nous présenter des fabricants et des importateurs des différents matériaux et technologies que nous utilisons dans l’Eco Publi Douche. La wilaya nous a souvent incités à la prudence et à refaire de nombreuses fois nos tests, nous permettant ainsi d’éviter de nombreuses erreurs, avant de nous autoriser à poser la première de nos douches.
D'autres projets en perspective ?
Le département R&D d'Eco Publi Douches réfléchit d’ores et déjà à de nouveaux concepts basés sur les énergies renouvelables. Nous espérons pouvoir proposer quelques nouveautés en 2019. Toutes les PME fortement consommatrices d’énergie doivent se poser la question de l’investissement en panneaux photovoltaïques. Je ne suis pas ingénieur, mais j’ai vite compris qu’un panneau solaire a une durée de vie de 20 ans et qu’une installation de production d’électricité solaire s’amortit en 7 ou 8 ans au Maroc compte tenu des prix de vente du kilowattheure (à partir de 0,9010 DH TVA comprise). Cela signifie que chacun, Grande Entreprise, PME, TPE ou simple citoyen dans son logement peut investir et qu’il aura de l’énergie bien moins chère. Dès lors, chaque entrepreneur peut penser à de nouveaux modèles économiques où cette énergie bon marché peut créer ou re-créer une rentabilité.
