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Pillée durant des siècles, Volubilis veut protéger ses trésors

Au milieu d'une végétation luxuriante se dressent les vestiges du plus important site romain du Maroc : Volubilis. Longtemps pillée et négligée, la cité antique est désormais jalousement gardée, afin de préserver ses trésors pour des touristes de plus en plus nombreux.

Pillée durant des siècles, Volubilis veut protéger ses trésors
Aujourd'hui, le site est clôturé, entretenu et bien surveillé, moyennant une équipe de 14 gardiens qui travaillent jour et nuit, en plus de caméras de surveillance.

Classée au Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1997, la cité de Volubilis, fondée vers le IIIe siècle avant l'ère chrétienne par une communauté maure, a connu plusieurs civilisations, dont une florissante période romaine et une brève restauration par les conquérants arabes, explique à l'AFP M'Hamed Alilou, topographe-dessinateur et conservateur adjoint. 
Les 42 hectares sur lesquelles s'étale Volubilis (Oualili en arabe), près de la ville de Moulay Driss Zerhoun, rappellent cet illustre passé. La principale artère de cette cité, qui abrita jusqu'à 15.000 habitants, est bordée de portiques et d'anciennes demeures ornées de précieuses mosaïques. Un arc de triomphe, une basilique, des thermes et un capitole témoignent également de la présence romaine entre 42 après Jésus-Christ et 285.
Un tiers du site, notamment la partie ouest correspondant à la période islamique, n'a pas encore été fouillé et promet la découverte de nombre de richesses archéologiques, selon M. Alilou. Abandonnée quand la dynastie arabe des Idrissides décida de faire de Fès sa nouvelle capitale, à la fin du VIIIe siècle, Volubilis tomba dans l'oubli... sauf pour certains amateurs de marbre et de statues 
romaines.

À la fin du XVIIe siècle, le sultan Moulay Ismaïl aurait envoyé des milliers d'esclaves s'emparer du marbre et de colonnes de la cité antique pour la construction de son palais de Meknès, à 30 kilomètres de là. «Sur la piste menant de Volubilis à Meknès, on a trouvé des chapiteaux abandonnés par des esclaves qui ont pris la fuite dès qu'ils ont appris que Moulay Ismaïl était mort», raconte M. Alilou.
Au début du XXe siècle, en 1915, des archéologues commencent à exhumer les vestiges de Volubilis et des travaux de restauration sont engagés. Mais la période coloniale française (1912-1956) marque aussi un regain des pillages, explique la même source.
Après l'indépendance du Maroc, la disparition en 1982 d'une statue en marbre de Bacchus, dieu du vin dans la mythologie romaine, défraie la chronique. Une enquête fut diligentée, mais la statue ne sera jamais retrouvée. 
En 2006, une partie d'une mosaïque a été arrachée du site, selon le magazine d'Histoire Zamane, tandis qu'en 2011, un homme fut arrêté alors qu'il tentait de voler une pièce en bronze de l'époque romaine, présentée comme un chef-d’œuvre très rare.
Mohammed Charroud, chercheur en géologie à la Faculté des sciences de Fès, racontait en 2013 au quotidien «Le Matin» qu'il rencontrait souvent, lors de ses recherches à Volubilis, des «caravaniers qui s'installent à proximité du site à la recherche d'objets anciens de valeur».
Le conservateur du site, Mustapha Atki, tempère : «Il y a toujours eu un travail quotidien d'entretien et de restauration», assurant à l'AFP que «ce qui se dit sur le pillage est parfois exagéré».
Aujourd'hui, «le site est clôturé, entretenu et bien surveillé. On a une équipe de 14 gardiens qui travaillent jour et nuit et des caméras partout», insiste de son côté M’Hamed Alilou. Les autorités tiennent à préserver ce qui est désormais un site touristique prisé. Depuis l'ouverture, en 2013, d'un musée au style épuré, Volubilis attire en moyenne plus de 200.000 visiteurs par an. «En 2017, nous avons franchi, pour la première fois, la barre des 300.000 visiteurs», se félicite Mustapha Atki. 

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