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Les pistes pour adapter le capital humain à l’économie numérique

Le Maroc est confronté, au même titre que les pays de la région MENA et autres nations en développement, au grand défi de s’adapter à la nouvelle économie numérique, en investissant davantage dans son capital humain. Ce constat est consigné dans le rapport sur le Développement dans le monde 2019 présenté vendredi dernier à Tunis par la Banque mondiale. Les auteurs du rapport ont suggéré plusieurs pistes pour relever ce défi. Détails.

Les pistes pour adapter le capital humain à l’économie numérique
Le Maroc doit investir davantage dans son capital humain pour s’adapter à la nouvelle économie numérique.

Le Maroc, au même titre que les autres pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), doit prendre plus au sérieux l’investissement dans son capital humain pour s’adapter à la nouvelle économie numérique. Cette impérieuse nécessité a été relevée et appuyée par le rapport sur le Développement dans le monde 2019 publié par la Banque mondiale (BM) et qui a fait l’objet d’une présentation vendredi à Tunis, avec la présence du gouvernement tunisien, des responsables régionaux de la BM et une présence marocaine.
En effet, selon ce rapport, si dans le monde entier, les pays doivent s’adapter à la nouvelle économie numérique et faire en sorte que les nouvelles générations puissent se saisir des opportunités qui en découleront, le défi sera «particulièrement difficile» à relever pour la région MENA, note-t-elle. Cette région devra créer 300 millions d’emplois à l’horizon 2050 «pour répondre aux besoins d’une population jeune nombreuse».
Or, les pouvoirs publics dans cette région n’ont pas assez investi dans le capital humain, comme le montre le rapport de la BM. Il en est ainsi du Maroc qui est classé 98e, avec une note de 0,5/1 sur 157 pays dans l’indice de capital humain (ICH) 2018 qui figure dans ce rapport. 
Le défi qui consiste à s’adapter à la nouvelle économie numérique est d’autant plus grand que la région, à l’instar d’autres pays en développement, fait encore face d’une manière évidente au problème de l’informel. Celui-ci représente jusqu’à 90% dans certains pays à revenu faible et intermédiaire, notent les auteurs de la BM qui estiment qu’il est difficile de venir à bout du secteur informel, si l’on excepte quelques exemples notables en Europe de l’Est. Dans des pays comme le Salvador, le Maroc et la Tanzanie, seul un travailleur sur cinq évolue dans le secteur formel, selon la BM qui indique que dans les économies émergentes, en moyenne deux travailleurs sur trois sont dans l’informel.

Globalement, les auteurs du rapport en ont tiré plusieurs conclusions. Ainsi, ils notent qu’une caractéristique particulière de la vague actuelle de progrès technologiques est qu’elle déstructure les entreprises et accélère l’émergence de géants. Ils concluent qu’en augmentant la production et l’emploi, ces entreprises produisent un effet bénéfique sur la demande de main-d’œuvre. Elles sont aussi, selon eux, de grandes intégratrices de jeunes entreprises innovantes, qui aident souvent les petites entreprises en leur donnant accès à des marchés plus importants. Toutefois, nuance le document, les grandes entreprises, particulièrement celles de l’économie numérique, présentent aussi des risques. En effet, explique le rapport, souvent, la réglementation ne prend pas en compte les défis engendrés par de nouveaux types d’opérateurs du secteur numérique. De même, les cadres antitrust doivent s’adapter pour faire face à l’impact des effets de réseaux sur la concurrence. À bien des égards, la fiscalité n’est pas non plus adaptée aux objectifs de ces nouvelles entreprises, est-il noté. 
Le rapport conclut aussi que les individus qui possèdent un capital humain plus important tirent un plus grand avantage économique des nouvelles technologies. En revanche, lorsque les bouleversements technologiques rencontrent un capital humain insuffisant, l’ordre social existant peut être perturbé. 
Autre grande conclusion du rapport : la modification en cours de l’offre de compétences se fait en partie en dehors de l’enseignement obligatoire et des emplois formels. La BM estime qu’investir dans la nutrition, la santé, la protection et l’éducation du jeune enfant permet de «poser des bases solides en vue de l’acquisition ultérieure de compétences cognitives et socio-comportementales d’ordre supérieur». 

Concernant les effectifs actuels de main-d’œuvre, particulièrement celle qui n’est pas scolarisée et n’occupe pas d’emploi formel, mais ne peut pas retourner à l’école ou à l’université, la BM estime que le recyclage et le perfectionnement professionnel doivent faire partie de la solution aux perturbations que la technologie engendre sur le marché du travail. Elle insiste sur la nécessité d’un meilleur diagnostic et d’une meilleure évaluation des programmes d’apprentissage qui leur sont destinés, ainsi que d’une meilleure conception et exécution de ces programmes.
Parmi les autres conclusions du rapport : une année supplémentaire de travail dans des professions cognitives augmente les salaires de 3%, tandis que pour les métiers manuels, cette augmentation est de 2%. Il indique aussi que les États peuvent améliorer le rendement de la main-d’œuvre en créant des emplois formels destinés aux pauvres et que les incertitudes qui pèsent sur les marchés de l’emploi appellent un renforcement de la protection sociale. «Les dispositifs traditionnels de protection sociale basés sur un emploi salarié stable, une définition claire des rôles des employeurs et des employés et un âge de la retraite fixe sont de plus en plus obsolètes», note l'institution de Bretton Woods, estimant que dans les pays en développement où l’informel est la norme, ce modèle est «largement utopique». En guise de solution, la BM propose de compléter les dépenses au titre de l’assistance sociale par un régime d’assurance qui ne dépend pas complètement de l’occupation d’un emploi salarié formel.
Elle propose également un autre contrat social qui renforcera l’inclusion sociale. Celui-ci devra mettre l’accent notamment sur l’investissement précoce dans le capital humain, la taxation des entreprises, l’élargissement de la protection sociale et l’augmentation des débouchés productifs pour les jeunes.
Elle suggère aussi aux États de dégager un espace budgétaire en mobilisant des recettes additionnelles auprès de sources traditionnelles et nouvelles pour assurer l’inclusion sociale. À cet égard, elle cite l’administration de taxes sur la valeur ajoutée, de droits d’accise et de taxes sur le carbone ; l’imposition aux plateformes commerciales de taxes équivalentes à ce que paient les autres entreprises et la révision des subventions à l’énergie. 

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