Menu
Search
Samedi 27 Avril 2024
S'abonner
close
Samedi 27 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Un plaidoyer pour des PME plus prospères

Tomber de rideau mardi à Marrakech sur la conférence régionale «Possibilités pour tous : promouvoir la croissance, l'emploi et l'inclusion dans le monde arabe». Les organisateurs ont appelé les pays arabes à accélérer leurs réformes pour lutter notamment contre le chômage des jeunes. L’expérience marocaine a été saluée sur ce point, malgré les nombreuses difficultés que rencontrent les PME.

Un plaidoyer pour des PME plus prospères
Christine Lagarde salue les efforts du Maroc pour l’émergence du secteur automobile, une activité qui a permis la création de milliers d’emplois et une intégration locale satisfaisante.

Le Maroc a réalisé plusieurs progrès pour l’amélioration du climat des affaires, mais «plusieurs obstacles subsistent». Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), n’y est pas allée par quatre chemins. «Le Maroc a pris plusieurs mesures pour un climat plus propice aux affaires comme le cas des zones franches à Casablanca et Tanger. Ces dernières ont permis de créer près de 85.000 emplois dans le secteur automobile. Aujourd’hui, près de 45% des pièces détachées pour les voitures proviennent de fournisseurs locaux», a déclaré Lagarde, le 30 janvier à Marrakech, lors de la conférence régionale sur la croissance globale organisée à l'initiative du Maroc, du Fonds monétaire international (FMI), du Fonds monétaire arabe (FMA) et du Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES). Si la responsable du FMI loue les efforts du pays, elle ne nie pas que des difficultés existent encore pour les PME du Royaume et la région du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en général. «Les PME ont d’énormes difficultés à se développer, notamment en raison de l’accès limité au financement et de la faiblesse des cadres juridiques. Dans l’ensemble, bien que les récents progrès soient encourageants, il s’agit à présent d’accélérer, d’élargir et de multiplier les mesures entreprises à l’échelle régionale», recommande-t-elle. L’objectif, selon l’institution de Bretton Woods, est d’accélérer et cibler les réformes dans les pays arabes pour une meilleure croissance inclusive, d’où le thème de la conférence : «Possibilités pour tous : promouvoir la croissance, l'emploi et l'inclusion dans le monde arabe». Un nouveau modèle de développement économique qui passe notamment par une politique de diversification des sources de croissance et des activités sectorielles d’un pays.

Comme cela a été entrepris par le Maroc, rappelle pour sa part le ministre de l'Économie et des finances, Mohamed Boussaïd. Cette politique de diversification réduirait ainsi les chocs extérieurs et créerait des opportunités d'emplois dans le pays, selon lui. Il a d’ailleurs évoqué, comme Lagarde, l’exemple du secteur automobile qui est monté en puissance ces dernières années au Maroc. «La croissance de l'automobile est le résultat de la politique de développement du secteur industriel dans le Royaume. L'objectif est d'augmenter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut à 23% d'ici 2021 et de créer 500.000 emplois», a rappelé Boussaïd. Le ministre a, par ailleurs, précisé que le Maroc a accompli en vingt ans de grands efforts pour le développement de ses infrastructures, sans oublier la régionalisation qui est à même de devenir un levier pour résoudre les problèmes en relation avec l'emploi, «alors que de nombreux pays enregistrent une faible croissance qui a généré des inégalités, des paradoxes et des déséquilibres entre les mondes rural et urbain, entre les femmes et les hommes, et chez les jeunes et les moins jeunes», relève l'argentier du Royaume. 

Sur un autre registre, pour le FMI, le développement économique de la région passe aussi et surtout par un secteur privé fort et l’émergence d’un tissu de PME compétitif. Le vieux modèle où l’État est l’employeur de premier ressort «n’est plus viable», selon le Fonds. «Le secteur privé doit entrer en action et se développer, et, à certains égards, l’action des pouvoirs publics peut être utile. Il s’agit de mettre en place des conditions égales pour les entreprises privées en combattant la corruption, en intensifiant la concurrence et en tirant parti du commerce mondial et des nouvelles technologies. Il faut aussi que les entreprises investissent davantage dans la région, payent leur part des impôts et collaborent avec le secteur public pour améliorer les infrastructures», appuie le FMI. Sur ce volet, la patronne des patrons marocains, Miriem Bensalah-Chaqroun, a appelé, quant à elle, à plus de coordination entre les initiatives nationales et internationales qui accompagnent la femme entrepreneur. Intervenant lors d'un panel sur l’autonomisation des femmes dans le monde arabe, organisé dans le cadre de la conférence régionale, la présidente la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a plaidé pour plus de convergence et d’harmonisation entre ces initiatives qui ciblent les femmes chefs d’entreprises et pour une simplification des règles d’éligibilité pour pouvoir atteindre un résultat important et tangible. «Les institutions internationales, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont mis en place des fonds pour soutenir les femmes entrepreneurs. Ces initiatives manquent, toutefois, de bonne gouvernance et leur impact reste faible pour que la dynamique entrepreneuriale féminine soit durable», regrette Bensalah-Chaqroun. 


Les priorités pour une croissance inclusive

La conférence de Marrakech a été l’occasion pour les décideurs et les représentants du secteur privé et de la société civile de débattre des perspectives et des défis actuels de la région. La conférence était, selon le FMI, axée sur les politiques précises à adopter en trouvant de nouvelles sources de croissance et les mesures à prendre pour surmonter les obstacles à leur mise en œuvre et rendre la croissance plus inclusive. Dans cet objectif, les organisateurs ont formulé des objectifs prioritaires dans un appel «Act Now». Ils incitent ainsi les pays de la région à accroître la transparence et renforcer les institutions afin d’améliorer la gouvernance, combattre la corruption et assumer la responsabilité des politiques d’inclusion. Il s’agit également de rendre le secteur privé plus dynamique en améliorant l’accès aux services financiers et le climat des affaires, en réduisant les obstacles et en allégeant les formalités administratives. Les organisateurs conseillent aussi les pays arabes à accroître et améliorer les dépenses sociales et les investissements de qualité et rendre la fiscalité plus équitable afin de stimuler la croissance, améliorer la vie des citoyens et répartir plus équitablement l’effort de réforme. Ceci sans oublier bien sûr un investissement plus accru dans l’humain, en réformant notamment l’éducation.

 

 

Lisez nos e-Papers